Le président algérien à Moscou, une visite d'État en grande pompe pour resserrer les liens avec la Russie
Abdelmadjid Tebboune s'est rendu trois jours à Moscou en fin de semaine dernière. Malgré la guerre en Ukraine, le chef d'État algérien souhaite se rapprocher de la Russie, son allié traditionnel.
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Cette visite d’État de trois jours a eu lieu sur invitation de Vladimir Poutine. Elle avait pour objectif de renforcer le "partenariat stratégique" entre Moscou et Alger. Une visite que le Kremlin qualifie "d’historique". C'était la première depuis celle d'Abdelaziz Bouteflika, en 2008.
Le président Tebboune a d'ailleurs été accueilli en grande pompe sous les ors de la salle Saint-Georges du grand Palais au Kremlin, avant d'être salué par une standing ovation au Forum économique de Saint-Pétersbourg, dont il était l'invité d'honneur. Médiatiquement, ça été parfaitement réussi.
Vladimir Poutine boit du petit-lait
À travers ce genre de mise en scène, Vladimir Poutine veut d'abord montrer aux yeux du monde qu'il n'est pas un dirigeant isolé. Depuis le début du conflit en Ukraine, Moscou soigne ses relations en Asie, en Amérique latine et en Afrique. Abdelmadjid Tebboune enfile avec jubilation le costume et les manières du courtisan, au point de prononcer, sur la scène du Forum économique, cette phrase qui lui vaut d'être tourné en ridicule sur les réseaux sociaux : "Son excellence le président Poutine est l'ami du monde entier". L'intéressé grimace, l'air de dire "Oui... Bon... Enfin, pas de tout le monde quand même". Lui-même a eu l'air un peu gêné par tant de servilité.
"Les Algériens sont nés libres et le resteront dans leurs décisions et leur comportement", a par ailleurs répondu le président algérien à une question sur d’éventuelles pressions occidentales. La veille, il avait été encore plus précis : "Aujourd’hui, il y a une conjoncture et peut-être des pressions internationales, mais cela n’impacte pas notre amitié".
Le président russe a aussi besoin de l'Algérie et de son argent : le pays est son troisième plus gros client en matière d'armement après la Chine et l'Inde. Alors qu'Alger intensifie considérablement sa modernisation militaire – son budget 2023 a augmenté de 120% par rapport à l'an dernier - la Russie, éprouvée par les sanctions internationales et moins performante en matière de défense, ne veut pas voir cet argent lui échapper.
L'Algérie veut devenir un acteur régional influent
De son côté, l'Algérie cherche à se rapprocher de Moscou pour rééquilibrer ses relations avec un allié historique, alors que leur partenariat n’avait pas beaucoup avancé ces dernières années. La conjoncture régionale est un peu tendue (crise avec le Maroc, guerre au Mali et en Libye), et Alger, qui a toujours prôné la diplomatie multilatérale, cherche à diversifier ses partenaires et à se positionner comme un acteur régional influent, entre autres pour contrebalancer le rôle de l’Arabie saoudite et de son prince héritier Mohammed ben Salmane.
Abdelmadjid Tebboune estime que seul son allié russe pourra l’aider à garder son indépendance et sa liberté, en lui fournissant des armes et en nouant un nouvel accord de défense. Sur ce dernier point, même si les deux pays pratiquent régulièrement des exercices militaires conjoints, la Russie ne montre aucun empressement à donner suite aux relances incessantes d'Alger.
Il y a aussi la question du gaz : avec la guerre en Ukraine, l’Algérie a augmenté ses livraisons vers les pays européens, mais ne veut surtout pas que cela nuise à ses relations avec le Kremlin.
Des relations Paris-Alger pas au beau fixe
Ce rapprochement avec Moscou peut aussi nuire aux relations entre Paris et Alger, alors que les relations franco-algériennes sont à nouveau assez fraîches. Le 21 mai dernier, un décret du président algérien a rétabli un couplet anti-France dans son hymne national (qui en compte cinq). "Le contexte de l'époque l'explique. Aujourd'hui, je vous concède que cela peut apparaître à contre-temps", a réagi Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, sur LCI. Le président Tebboune devait aussi effectuer une visite d’État en France en mai, mais elle a été repoussée et les rumeurs d'annulation ou de report sont, chaque jour, plus nombreuses.
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