La Corée du Nord, démunie, découvre le Covid
Pendant plus de deux ans, la Corée du Nord a été épargnée par le Covid. Mais depuis jeudi le virus est entré dans le pays, démuni face à l'épidémie.
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Pendant plus de deux ans, PyongYang s'est coupée du monde. Le pays a fermé ses frontières de manière hermétique. Quasiment plus d'échanges avec son voisin chinois, contrôles stricts, déplacements de population limités. Recettes qui avaient fait leurs preuves face aux épidémies des dernières décennies : le Sras, la grippe A ou Ebola. Mais le variant Omicron, responsable d'une flambée épidémique dans toute la région, a fini par s'infiltrer en Corée du Nord. Et depuis jeudi 12 mai, le nombre de cas explose... 50 morts, 1,2 million personnes symptômatiques. Des chiffres officiels très approximatifs et très certainement sous-estimés. Le dirigeant Kim Jong-un voit d'ailleurs dans cette épidémie la "plus grande tourmente" qu'ait jamais connu le pays.
Taux de vaccinés : 0%
La Corée du nord n'a pas les moyens de faire face : taux de vaccination de la population : 0%. L'an dernier Pyongyang a refusé trois millions de doses du vaccin chinois Sinovac via le programme d'aide Covax en proposant qu'elles soient offertes à des pays qui en avaient davantage besoin.
Capacité de dépistage : quasi nulle, ce n'est pas avec des tests mais avec des thermomètres que l'on détecte les cas positifs. D'ailleurs on ne parle pas de Covid mais de "fièvre" épidémique.
Le système de santé nord-coréen est notoirement défaillant. Dans le classement mondial effectué l'an dernier par l'université américaine Johns-Hopkins, il était 193e sur 195. Il n'y a pas de masques FFP2, les transports pour acheminer les malades sont défaillants, hôpitaux et pharmacies manquent de médicaments, les unités de soins intensifs sont rares et les coupures d'électricité fréquentes.
Ce qui est étonnant c'est que le dirigeant nord-coréen lui-même reconnaît ces défaillances : dimanche 15 mai, lors d'une réunion d'urgence du Politburo, Kim Jong-Un s'en est vertement pris aux autorités sanitaires pour leur attitude irresponsable, leur incapacité notamment faire appliquer les quarantaines (il fallait bien trouver un bouc émissaire)...
Son coup de colère a été largement relayé par les médias d'État qui ont largement relayé aussi son appel à l'armée, mobilisée pour "stabiliser la distribution de médicaments dans la capitale". Il s'agit de montrer que c'est lui qui prend les choses en main. Un virus hors de contrôle serait un "scénario cauchemar", un vrai facteur de déstabilisation du régime.
L'aide internationale ?
Est-ce que la Corée du Nord peut accepter l'aide internationale ? C'est un sujet politiquement sensible. Mais l'isolement économique du pays pendant plus de deux ans a clairement plombé son économie, déjà fragilisée par les sanctions internationales liées à ses programmes militaires. Un choc qui a mis à l'épreuve son idéologie d'"autosuffisance". L'opération de communication de Kim Jong-un ces derniers jours peut aussi être un appel à l'aide et le pays pourrait accepter le soutien de la Chine ou de la Russie qui se sont proposées. 25 millions d'habitants sont potentiellement gravement menacés par le virus, continuer à refuser des vaccins et de l'aide pourrait coûter de nombreuses vies et serait "un manquement inadmissible à l’obligation de respect du droit à la santé" dit Amnesty International.
Difficile en revanche de répondre favorablement à Séoul, qui offre des vaccins, des médicaments et du personnel de santé, les relations entre les deux voisins sont plutôt fraîches en ce moment, le président sud-coréen a récemment qualifié la Corée du Nord d’ennemi principal de son pays. Malgré la crise sanitaire, de nouvelles images satellites indiquent d'ailleurs que la Corée du Nord a repris la construction d'un réacteur nucléaire jusqu'ici interrompu. Washington et Séoul soupçonnent Pyongyang de préparer un nouvel essai nucléaire.
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