Libération de Fariba Adelkhah, de retour en France : l'Iran et la "diplomatie des otages"
Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne, est restée près de quatre ans en captivité en Iran. Paris assure avoir tout mis en œuvre pour sa libération.
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Les négociations évidemment se jouent toujours en coulisse, mais le retour en France, mardi 17 octobre, de Fariba Adelkhah montre au moins que Paris et Téhéran n'ont jamais cessé de se parler alors que les relations entre les deux capitales sont très tendues en raison de la répression par le régime des mouvements de contestation qui secouent le pays. Le Quai d'Orsay dit son soulagement et assure "n'avoir ménagé aucun effort" pour faciliter sa libération. Mais il a demandé à la chercheuse et aux membres de son comité de soutien de Sciences Po où elle enseignait de ne pas s'exprimer pour le moment. Fariba Adelkhah s'est contentée mercredi soir d'un bref communiqué de remerciement.
Depuis février elle n'était plus en prison, mais retenue en Iran après quatre années éprouvantes. Arrêtée le 5 juin 2019 à Téhéran avec son collègue et compagnon Roland Marshal, elle est condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale. L'Iran, ne reconnaissant pas la double-nationalité, la considère comme 100% iranienne. Elle est incarcérée à la prison d'Evin puis placée sous bracelet électronique puis réincarcérée. Elle entame une grève de la faim de 49 jours. En février à la faveur d'une grâce collective elle est libérée mais a interdiction de quitter le pays.
Les "otages d'Etat"
Ses proches ont toujours clamé son innocence. Fariba Adelkhah n'est pas une espionne, son seul crime est de porter un regard critique sur la société iranienne, d'être une chercheuse indépendante et intrépide qui n'a jamais eu peur d'aller sur le terrain, disent-ils. Fariba Adelkhah est spécialiste d'anthropologie sociale et politique, ses travaux sur l'Iran sont traduits en plusieurs langues et lui valent une certaine notoriété dans le milieu universitaire. Pour son comité de soutien, c’était une prisonnière politique, une otage de l'arbitraire. On aura sans doute, plus tard, des détails sur sa libération. Ce qu'on sait c'est que l'Iran, qui détient actuellement une dizaine de ressortissants occidentaux, s'en sert en général comme monnaie d'échange.
C'est ce qu'on appelle "la diplomatie d'otages", pratiquée par d'autres régimes autoritaires comme la Chine, la Russie, le Venezuela ou la Corée du Nord. Dans le cas de Fariba Adelkhah on ne sait pas encore ce qui a été négocié mais le plus souvent des étrangers sont comme elle accusés de complot ou d'espionnage, détenus de manière arbitraire sous couvert des lois nationales, avec l'objectif d'une contrepartie.
Leur nombre ne cesse d'augmenter. Les tractations peuvent durer plusieurs années. On se souvient de la journaliste britannique Nazanine Zaghari Radcliff libérée en 2022 après six ans de détention. Il avait fallu pour cela que Londres paie une dette de plus de 400 millions d'euros liée à une commande de chars non livrés datant de l'époque du Shah. Il y a un mois, cinq Américains ont été libérés. En échange cinq Iraniens poursuivis ou condamnés aux États-Unis ont bénéficié de mesures de clémence et six milliards de dollars d'argent iranien, gelés en Corée du Sud en raison des sanctions, ont été débloqués. Les tractations ont duré plusieurs années. En mai un humanitaire belge a lui été relâché en échange d'un diplomate iranien condamné en Belgique à 20 ans de prison. Rappelons qu'il reste encore quatre Français détenus en Iran : deux enseignants syndicalistes, Cécile Kholer et son compagnon Jacques Paris, un consultant de 39 ans, Louis Arnaud, et un ressortissant français dont les autorités françaises refusent de donner l'identité. Des Français que Paris qualifie régulièrement "d'otages d'État".
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