Zaz effectue son retour avec "Sain et sauf" : "Ma folie, c'est ce qui me rend heureuse"

Son énergie, sa gouaille, sa voix et son envie d'en découdre ont été au cœur de l'arrivée de Zaz sur le devant de la scène de la chanson française. Rapidement, ça s'est appelé une adoption de la part du public. Le 19 septembre 2025, elle marque son retour dans les bacs pour les aficionados de cd ou de vinyles et sur les applications de musique. Sain et sauf, c'est le titre de ce petit dernier avec en guise d'ouverture le single, Je pardonne, ce qui en dit long sur le chemin parcouru depuis ses débuts.

franceinfo : Vous parlez de couteau dans les plaies, de reconnaître l'enfant que vous étiez dans la glace. Comment était-il l'enfant que vous étiez alors ?

Zaz : Très vivant, très sensible, très ouvert, très intense.

C'est dur de regarder dans le rétro, de revivre des sensations qui ne vous ont jamais réellement quitté parce que vous avez toujours été une grande enfant.

Oui, et puis je cultive ça. C'est ma folie en fait, c'est ce qui me permet de déplacer des murs et des montagnes. C'est ce qui me rend heureuse, c'est ma joie, c'est ce qui m'allume. Après, je suis aussi parfois une ado, parfois, je suis devenue une adulte aussi. J'ai tout ça en moi, je suis multiple. On veut souvent tout séparer, mais on est un tout.

Cœur ouvert, pas d'entraves, vous parlez avec vos tripes, des mots durs, mais apaisés. Dont Au pays des merveilles, par exemple, vous abordez les addictions, les substances qui détruisent plus qu'elles n'en embellissent. 

Être artiste, c'est exprimer nos émotions. Et c'est propre à l'humain. Cette chanson, elle me tient à cœur, c'est un regard sur moi. Je me suis construite avec ces béquilles-là, parce que ça m'a aidée et la drogue m'a aidée à surmonter mes émotions, à accepter mieux ce monde, à vivre et à survivre. Mais à un moment, ça m'a enfermée et ce n'est pas une solution et on n'est pas tous pareils.

"Pour moi, l'alcool, c'est une drogue dure. Pour les gens, ce n'est pas une drogue dure, mais parce qu'ils font ça un peu."

Zaz

à franceinfo

Je ne sais pas faire un peu, je ne suis pas pareil. Certains arrivent à fumer une clope tous les quatre du mois, moi, tout de suite, j'étais à trois paquets par jour. Je ne peux pas un peu, faut juste que j'accepte aussi qui je suis.

Pour ce nouvel album, vous avez décidé de chanter des textes où chaque mot compte. Vous vous êtes vraiment lancée dans des grosses discussions avec chacun d'entre eux.

C'était vraiment très important pour moi et j'avais des auteurs avec qui j'avais très envie de travailler. Ils m'ont toujours écrit des bonnes chansons. Raphaël, avec qui je travaille depuis le premier, a toujours cru en moi. J'aime vraiment toutes les chansons, ce sont des pièces pour moi, c'est-à-dire que chaque chanson exprime quelque chose qui était vraiment important pour moi d'exprimer.

Dans ce duo avec Raphaël, on se rend compte du chemin parcouru avec votre voix et son ampleur.

Cette chanson, je l'avais choisie, je la voulais et j'ai dit à Raphaël, "J'aimerais vraiment qu'on la fasse tous les deux". Vraiment, c'était important pour moi et en fait, le mieux, c'était de la chanter ensemble. Mais d'une certaine manière parce qu'on n’a pas la même tessiture du tout. Il fallait vraiment que j'aie cette voix soufflée, qu'on ne reconnaisse presque pas ma voix. C'est une autre manière de chanter, j'aime la fréquence, j'aime l'empreinte qu'il y a et la fin, je la trouve merveilleuse. J'adore sa voix aussi et il y a quelque chose de magique dans ce qu'elle raconte. Ça parle du transgénérationnel, ce qu'on porte de nos parents et je trouve ça bouleversant et je suis très heureuse de la partager avec lui.

On est quand même face à une artiste qu'on a découvert sur le tard, vous aviez 30 ans. 15 ans après, pas grand-chose n'a changé, si ce n'est plus de 5 millions d'albums vendus. Vous affichez complet dans quasiment tous les concerts que vous faites à l'étranger et vous touchez plus de 50 pays. Charles Aznavour m'avait confié que vous étiez, pour lui, de la trempe d'Edith Piaf dans cette lignée-là, que vous étiez la projection de la France à l'étranger. Est-ce que ça vous touche ?

En fait, je me suis beaucoup posé de questions sur cette question-là parce qu'on me renvoie tout le temps ça et je pense que de toute façon, je suis française.

"Ma culture, c'est la France et je dégage ça malgré moi."

Zaz

à franceinfo

En même temps, j'adore ma culture, j'adore la France et en allant dans plein de pays, je me rends compte qu'on a une culture tellement riche. Rien qu'au niveau du paysage, il y a tellement de diversité. C'est aussi cette mixité culturelle, ce brassage, que j'aime. Je pense que je suis profondément comme ça.