Un premier film pour Alexandre Jollien : ""Presque", c'est le décalage entre l'opinion qu'on a des choses et la réalité elle-même"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le philosophe suisse et acteur, Alexandre Jollien. Ce mercredi 26 janvier sort au cinéma son film "Presque", co-réalisé avec Bernard Campan.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2022/01/26/phpeY656D.jpg)
Alexandre Jollien est philosophe et écrivain suisse, spécialisé dans la philosophie grecque. Il est également conférencier et intervient, parfois, dans le cadre du handicap. Aujourd'hui même, mercredi 26 janvier 2022, sort son film, pensé, imaginé et réalisé avec Bernard Campan, un très bon ami. Son titre : Presque.
franceinfo : Presque est un beau regard sur l'importance et la force de la différence. C'est impossible de rester de marbre. Il y a justement un côté très stoïcien dans ce film.
Alexandre Jollien : Oui, c'est peut-être une invitation à convertir le regard qu'on a sur les autres. Pour moins juger, pour rester dans une fluidité, si possible dans l'amour inconditionnel.
Vous prenez du plaisir aussi dans ce film, à tourner avec Bernard Campan, avec qui vous travaillez depuis quelques années maintenant.
Il y a un amour inconditionnel entre Bernard et moi et pourtant, ce n'était pas facile l'épreuve de la caméra. Quand on a un handicap, quand on a une confiance en soi assez bousillée, je pense que c'était très cathartique d'être soutenu par Bernard, par une équipe. Finalement, on vit grâce à la solidarité.
À un moment du film, vous êtes invité par une demoiselle que vous avez aidée. Vous êtes dans un bar avec l'ensemble de ses amis, qui vous demandent à quel moment vous vous êtes rendu compte que vous aviez ce handicap. Ce sont vraiment des choses que vous avez vécues et que vous vivez au quotidien ? Est-ce que cela veut dire que vous en souffrez au quotidien ?
Oui, j'allais dire de plus en plus. Il n'y a pas besoin d'être handicapé pour se prendre des regards malveillants.
"Le handicap dans le film, c'est une porte ouverte sur l'universalité."
Alexandre Jollienà franceinfo
S'il était une invitation à être un peu responsable sur la manière dont on regarde les autres, alors ce film aura atteint sa vocation.
Les personnes qui sont en face de vous au quotidien devraient être tolérantes et c'est vous qui finissez par l'être. Ça veut dire que la tolérance efface la bêtise ?
La tolérance, c'est peut-être, essayer de comprendre pourquoi on jette un regard sur l'autre qui peut être jugeant, excluant. Pour ne pas s'enfermer dans un rôle de victime, mon gros boulot est de ne pas tomber dans le mépris de soi, ne pas intérioriser tous ces regards qui peuvent détruire l'image basique. Il y a quand même un sacré mépris de soi, quand tous les jours, on se coltine des regards d'autres qui sont dégradants. Il faut des années pour guérir de ce traumatisme.
Pourtant, vous avez toutes ces paroles, ces lectures, cette connaissance qui, normalement, devraient vous permettre d'avancer sereinement. C'est vrai que vous avez réussi. Vous êtes aujourd'hui un papa comblé, vous tournez dans des films, vous écrivez, vos livres fonctionnent et vous avez toujours ce rejet de vous-même.
Oui, peut-être plus que jamais, j’allais dire. Avec cette tentation de cacher ses blessures, tôt ou tard, elles émergent. J'ai rédigé Les cahiers d'insouciance (Gallimard) parce que je crois que je n'ai jamais connu dans ma vie l'insouciance que je vois, par exemple, chez mes enfants.
"C'est ça qui est beau : rien n'est jamais foutu. Grâce à la solidarité, on peut avancer."
Alexandre Jollienà franceinfo
Votre parcours de vie est assez incroyable. Vous vous êtes tourné vers la philosophie en sortant de votre premier établissement scolaire, vous avez étudié les lettres et la philo. Pourquoi la philosophie ?
C'était une urgence existentielle. C'était "comment sauver ma peau ? Comment accéder à la joie et ne pas crouler sous le désespoir ?" Donc, à la base, je me suis précipité sur la philo comme sur une bouée de sauvetage. C'est ça qui est beau, ça a fait péter des déterminismes et c'est pour ça que j'ai toujours conscience de la fragilité du truc. Je pense surtout aux personnes qui n'ont pas la possibilité d'avoir des rencontres qui leur sauvent la vie. Moi, on m'a beaucoup aidé.
Pour terminer, pourquoi : Presque ?
Presque, c'est le décalage entre l'opinion qu'on a des choses et la réalité elle-même. Et quand on sait qu'on est presque dans le réel, on ne juge pas l'autre, on ne l'enferme pas dans des catégories mentales.
À regarder
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Laurent Nuñez, nouveau ministère de l'Intérieur, se confie sur les attentats de 2015
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
-
Le rappeur SCH déclare sa flamme à Marcel Pagnol dans un film d'animation consacré au célèbre cinéaste
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter