Patrice Leconte : "Un film, c'est comme un masque... on va trouver forcément des tas de choses personnelles"
Patrice Leconte est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie à l'occasion de la sortie de son dernier roman "La tentation du lac", aux éditions Arthaud. Dans ce troisième épisode, il nous parle du film "Ridicule" avec Charles Berling et Jean Rochefort.
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Patrice Leconte est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie sur franceinfo avec sous le bras son livre La tentation du lac chez Arthaud. Dans tout ce parcours et à travers les films à succès qu'il a réalisés, il semble ne jamais avoir perdu cette envie de créer et d'offrir de l'émotion.
franceinfo : Le cinéma semble vous avoir permis de vous épanouir, mais aussi de vous protéger ?
Patrice Leconte : De me protéger d'une certaine manière, oui, de m'épanouir, sûrement. C'est vrai que c'est très agréable de faire des films et d'exprimer des choses secrètes, personnelles et troublantes. Un film, c'est comme un masque en fait. On raconte des trucs qui nous concernent et qui nous intéressent, mais ce n'est pas nous directement. Si on décrypte mes films, on va trouver forcément des tas de choses personnelles sur ma personne, mes sentiments et mes émotions. On ne peut pas se lasser de ça, et on ne peut pas se lasser de faire des films. C'est épuisant de faire un film, on s'investit beaucoup et ça ne se fait pas en soufflant dessus, mais c'est vraiment un métier formidable.
Après, le film Monsieur Hire, vous allez dresser en 1990 le portrait d'un homme qui voue une passion fusionnelle à son épouse et son métier, dans Le mari de la coiffeuse avec de nouveau sept nominations aux César en plus du Prix Louis-Delluc. Dans vos films, il y a toujours eu cette solitude mêlée à une histoire d'amour profonde et régénératrice.
J'adore être seul parce que je sais que je ne suis pas seul. C'est-à-dire que si j'étais vraiment seul dans la vie, sans femme, sans amour, sans émotions, sans enfants et sans amis, je pourrais enjamber le balcon.
"J'aime la solitude puisque je sais que je ne suis pas seul."
Patrice Leconteà franceinfo
Dès qu'elle devient pesante, je peux me raccrocher à plein de choses importantes dans ma vie.
Vous allez vivre un moment compliqué avec deux films qui ne vont pas trouver leur public, Tango en 1993 et Le parfum d'Yvonne en 1994. Un film va vous réconcilier avec ce même public, Ridicule avec en tête d'affiche Charles Berling, en jeune aristocrate désargenté, totalement candide et Jean Rochefort en marquis. Comment est née cette idée de film de costumes qui est quand même un énorme pari avec un budget qui doit être conséquent ?
Rémi Waterhouse, le scénariste du film, avait écrit ce scénario brillantissime, et il avait l'envie de le tourner lui-même comme réalisateur. Les producteurs lui ont dit : "Ce n'est peut-être pas raisonnable, tu n'as pas encore fait de film. Ce serait mieux de le confier à quelqu'un". Comme je connaissais ces producteurs pour avoir déjà travaillé avec eux dans le passé, Jean Rochefort leur a dit que ça devrait m'intéresser. Le scénario m'est arrivé, et j'ai rappelé le lendemain matin les producteurs en disant : "Je vous en supplie, ne le proposez pas à quelqu'un d'autre, je veux faire ce film".
"C'était la première fois de ma vie que je faisais un film que je n'avais pas écrit ou coécrit."
Patrice Leconteà franceinfo
Le scénario était tellement bien écrit que pas une virgule n'a changé de place. Pendant tout le tournage, la préparation, le casting, j'ai fait ce film avec comme motivation principale que je ne voulais pas que Rémi Waterhouse regrette de m'avoir filé son scénario. Il venait sur le tournage beaucoup, il se tenait dans un petit coin, il nous regardait faire et c'était une présence bienveillante et formidable.
Vos films vous permettent de temps en temps aussi de tendre la main vers cette humanité et c'est ça aussi le travail d'un cinéaste ?
Oui, de les reconnecter à l'essentiel. Si possible, de faire en sorte de les entraîner vers le haut plutôt que vers le bas, en leur communiquant et en partageant des jolies choses, importantes et essentielles. J'avais fait une projection pour mes amis et connaissances du Mari de la coiffeuse avec coupes de champagne, cacahuètes, noix de cajou etc. Un ami à moi, réalisateur dont je tairais le nom, mais qui est un réalisateur très connu du cinéma français, ne vient pas partager les noix de cajou à la fin. Je me dis : "Il est parti, il n'a pas aimé le film, il aurait pu me le dire quand même". Je retourne dans la salle et il était là, en larmes. Je me dis qu'il a peut-être appris une mauvaise nouvelle et il me dit : "Non, c'est ton film, je me suis rendu compte que je n'étais pas assez amoureux de ma femme". Ça m'a émerveillé et j'étais aussi ému que lui d'avoir pu communiquer quelque chose d'aussi sentimental et fort. Je me suis dit, que si je faisais ce film que pour ce mec-là, c'est bien.
Quand le film ridicule est sorti, certains vous attendaient au tournant parce qu'il y avait eu des films qui avaient moins bien fonctionné avant et ça a été un carton plein avec quatre César. Que représentent les prix alors ?
C'est comme quand on va chez le pâtissier, il vous propose un gâteau et vous trouvez le gâteau vraiment appétissant. Et vous lui dites : "Vous ne pourriez pas me rajouter quelques cerises sur le gâteau ?" Et bien les prix, c'est ça !
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