Olga Kurylenko replonge dans une enfance traumatique dans "Other" : "Notre inconscient a tendance à oublier certaines choses qui font trop mal"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 3 juillet 2025, l'actrice et mannequin Olga Kurylenko. Elle joue dans le film "Other" de David Moreau.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Olga Kurylenko le 29 avril 2025, à Los Angeles, aux États-Unis. (ALLISON DINNER / EPA / VIA MAXPPP)
Olga Kurylenko le 29 avril 2025, à Los Angeles, aux États-Unis. (ALLISON DINNER / EPA / VIA MAXPPP)

Olga Kurylenko est actrice et mannequin franco-ukrainienne. C'est à Paris qu'elle a effectué ses premiers défilés de mode posant pour les plus grands photographes, les marques de luxe et les magazines avant de suivre les cours Florent dans la capitale française, puis à New York. Ses premiers pas devant la caméra en tant qu'actrice pour le film Le Serpent d'Éric Barbier lui ont permis d'être remarquée et d'obtenir de nombreux rôles, notamment en 2008 celui de la James Bond Girl, Camille Montes Rivero, de la 22ᵉ aventure de James Bond, Quantum of Solace. Elle a également été vue À la merveille de Terrence Malick ou encore Hitman de Xavier Gens. À partir du 9 juillet, elle est à l'affiche du film Other de David Moreau. Elle joue Alice, une jeune femme dont les traumatismes d'enfance remontent à la surface au décès de sa maman, qu'elle ne voyait plus depuis des années.

franceinfo : Ce film montre à quel point les traumatismes enfantins sont des blessures assassines. Est-ce que vous comprenez à quel point on peut avoir vécu des blessures assassines ?

Olga Kurylenko : Oui, je comprends très bien parce que c'est un sujet qui m'intéresse, comment l'être humain est formé. C'est sûr que quand on est enfant, c'est comme une installation de programme sur un ordinateur. Tout est installé dans l'enfance et après c'est très difficile de le désinstaller. Dans le cas de mon personnage, elle a vécu un traumatisme assez sévère, je trouve. Elle est élevée avec une mère toxique qui l'oblige à être ce qu'elle n'est pas et elle ne lui demande pas si elle a envie en fait. Elle essaie de réussir à travers sa fille, d'avoir un succès ou d'être reconnu à travers sa fille. Elle lui inflige la minceur, elle ne lui permet pas de manger. Il y a toute cette psychose de beauté féminine, donc elle est carrément traumatisée. En fait, notre inconscient a tendance à oublier certaines choses qui font trop mal et elle découvre des choses assez horribles.

Vous avez été mannequin, c'est comme ça que vous avez commencé et justement, il y a une espèce de diktat du corps, quand on est mannequin. Il faut être mince, il ne faut pas prendre de poids et il ne faut pas faire des écarts.

Oui, ça peut être très violent, mais après ça dépend de la nature aussi. Moi, j'avais de la chance, je n'avais pas vraiment besoin de grands efforts. En revanche, j'avais des amies qui n'étaient pas faites pour ça, c'était contre leur nature. Pour rester aussi minces, elles ne devaient plus manger du tout, c'était la faim totale. J'avais des copines qui venaient chez moi et elles tombaient dans les pommes. Ce sont des choses très violentes et oui, j'ai vécu ça.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de monter sur scène et de devenir actrice ?

J'allais au cinéma tout le temps et c'est vrai que j'avais envie de m'exprimer d'une certaine manière. Quand j'étais petite, je faisais aussi partie du théâtre de l'école, donc c'est vrai que ça a commencé là aussi.

"Le fait de commencer ces cours de théâtre dans l'enfance, ça m'a changée en tant que personne parce que j'étais quelqu'un de très timide."

Olga Kurylenko

à franceinfo

Je n'étais même pas expressive de nature, alors que maintenant, je suis devenue trop expressive. D'être sur scène, par exemple, en tant qu'enfant, ça m'a permis de me faire violence. Au départ, c'était ça une violence contre moi, mais j'ai compris que j'étais obligée de le faire, sinon je n'étais pas développée en tant qu'être humain. Je me rappelle que petite, je me suis dit : 'je suis trop timide, il faut vraiment que je sorte de là'.  J'ai décidé d'aller sur scène pour me faire violence.

L'art, c'est aussi une manière de s'exprimer, d'être une voix dans le monde. Avec le conflit qui a lieu en Ukraine, j'imagine que c'est d'autant plus important pour vous d'être une voix qui s'élève, qui existe et qui montre qu'il y a un espoir ?

Je ne sais pas, ma voix ne fait pas grand-chose et de toute façon, je pense que n'importe quelle voix, on a beau protester, personne n'écoute.

Il y a quand même des jeunes filles qui veulent devenir Olga Kurylenko, donc ce n'est pas rien.

Je n’imagine pas ça parce qu'il n'y a rien d'extraordinaire. Tout ce que je peux dire, en tout cas, c'est que tout ne m'est pas tombé du ciel. Si vous voulez devenir comme ça, il faut vraiment travailler, ce n’est pas une blague. Quand je suis arrivée en France, j'avais 16 ans, mais au lieu d'aller en boîte de nuit avec mes collègues qui faisaient des fêtes, j'étudiais toute seule chez moi avec mon livre de français. Je faisais des exercices. Je savais qu'il fallait que je le fasse.

Vous avez joué dans des productions Marvel, dans des blockbusters, dans James Bond. À quoi rêvez-vous aujourd'hui ?

Je rêve de choses moins glamour puisque je suis une mère maintenant et j'ai un garçon de neuf ans.

"Je me suis rendu compte que mon fils ne peut pas voir mes films parce que, soit ça fait peur, soit c'est violent."

Olga Kurylenko

à franceinfo

Il m'a demandé, "Est-ce que tu ne peux pas faire des films que je peux regarder maman ?" Donc, voilà, j'aimerais faire un film pour les enfants, un film de famille, un conte de fées. Je ne peux plus faire une princesse, peut-être, je n'ai plus l'âge. Je peux faire une sorcière méchante ou une vieille princesse, mais en tout cas, un truc comme ça, ce serait pas mal.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.