Liane Foly : "Je n'ai pas peur de vieillir et au contraire, je trouve que ça m'enrichit de jour en jour"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 13 février 2025 : la chanteuse, autrice et comédienne Liane Foly. Elle sera sur la scène du Théâtre de la Tour Eiffel du 21 mars au 12 avril dans son one woman show : "La Folle repart en thèse".

Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Liane Foly sera sur la scène du Théâtre de la Tour Eiffel du 21 mars au 12 avril dans son one woman show : "La Folle repart en thèse". (FRED DUGIT / MAXPPP)
Liane Foly sera sur la scène du Théâtre de la Tour Eiffel du 21 mars au 12 avril dans son one woman show : "La Folle repart en thèse". (FRED DUGIT / MAXPPP)

Ça va bientôt faire 40 ans que Liane Foly occupe la scène avec ses imitations, ses rôles à la télévision au théâtre, ou avec ses chansons. Elle est née et a grandi à Lyon, dans le quartier de Perrache, où ses parents tenaient un commerce, La Droguerie du Sourire. Au départ, il y a eu le piano, le solfège, la danse classique, le modern jazz évidemment et puis l'orchestre Black And White créé par son père avec sa maman qui s'occupait des costumes. Ça lui a donné le goût, inévitablement, du spectacle. Le son jazzy, son ambiance ne l'ont jamais quittée et lui collent d'ailleurs à la peau avec des titres qui sont devenus emblématiques comme Au fur et à mesure, à La vie ne m'apprend rien, Doucement ou encore On a tous le droit.

Elle sera au théâtre de la Tour Eiffel à Paris, du 21 mars jusqu'au 12 avril avec son spectacle, son one woman show, La Folle repart en thèse.

franceinfo : Vous incarnez avec humour et sous forme d'imitation de nombreux personnages pour rendre une thèse. Qu'est-ce que cette thèse raconte ?

Liane Foly : Cette thèse, c'est aussi un hommage à mes parents. C'était aussi pour parler de la voix, de l'imitation qui est quand même un phénomène assez mystérieux et qui passionne les gens. Quand il y a eu le confinement, moi je me disais si ça se trouve ça ne reprendra jamais. Après, je me suis dit : non, il faut que je revienne avec, j'ai envie de rire, le public me suit, il est fidèle, j'ai aussi une chance extraordinaire. Et puis la Tour Eiffel... J'aime beaucoup les vibrations tout autour de la Tour Eiffel et ce théâtre, vraiment, j'adore.

Vous vous rappelez où vous étiez il y a 40 ans, quand vous avez débuté ?

Ah oui. Alors ça dépend parce que pour moi, j'ai vraiment débuté quand j'ai chanté avec mon père, donc il y a 50 ans, j'avais l'âge de 12 ans.

12 ans, ce n'est pas forcément un âge pour chanter, en tout cas, c'est très jeune. Vous étiez capable d'interpréter des dizaines de chansons.

Mais c'est aussi une vie atypique parce que j'avais des parents très avant-gardistes, modernes. Bon, entre guillemets, ils ne m'ont pas non plus laissé le choix parce qu'eux voulaient que leur fille soit artiste, soit chanteuse.

"Mes parents avaient entendu ma voix très jeune et ils avaient décrété que je devais être chanteuse. Heureusement que ça m'a plu ! "

Liane Foly

à franceinfo

Ça vous a coûté cher, à un moment donné de chanter très tôt puisque vous avez été opérée de la voix.

Oui, très tôt, à l'âge de 18 ans. Parce qu'en fait, j'ai fait beaucoup de bals et dans le bal, on n'a pas forcément le bon matériel. On force énormément et on ne sait pas vraiment chanter. Et à un moment donné, j'ai fait une très grave infection, j'avais des nodules, tout ça et j'ai été opérée par le professeur Cornu à Lyon, une chance incroyable. Après, je sors de cette opération, je vais rester muette pendant trois semaines, au moins un mois parce qu'il faut une grande cicatrisation. À ce moment-là, je reprends avec un phoniatre qui va me réapprendre toute la voix avec des cours de classique... Et j'aurais pu très bien aussi avoir une carrière classique, mais non, j'étais trop folle pour ça.

Un mot sur ces débuts. Ça n'a pas été forcément facile au départ, vous avez travaillé dans la pub...

Cela ne l'est toujours pas. Il ne faut pas penser que ça l'est au début, plus qu'au milieu, plus qu'à la fin.

Il y a eu un moment où il y a eu quand même une bascule où vous signez avec une maison de disques. D'ailleurs, ça part d'un beau quiproquo qui est juste extraordinaire.

Oui, on me prend pour une journaliste qui s'appelait Jeanne Folly à l'époque. Et oui, c'est le démarrage. Je vais vous dire la vérité, moi, cette carrière, je la ressens qu'à 40 ans, on est bien, on se souvient de tout, on comprend les échecs, les succès comme des choses indispensables reliées les unes aux autres, les histoires. Il faut du temps.

Qu'est-ce qui est difficile ?

Parce qu'on saute des générations, parce qu'on peut tomber dans un travers, passé de mode ou quoi que ce soit, ou parce qu'une femme a beaucoup plus de problèmes qu'un homme. Cela a toujours été, on est loin de la parité. C'était une bataille toujours très présente et surtout dans notre milieu.

Le fait d'avoir créé un répertoire et d'être cette voix qui nous accompagne depuis cinq décennies maintenant, si on parle des débuts ou quatre si on parle du premier album. Ça représente quoi pour vous ?

"Ma voix représente une sœur siamoise, quelqu'un qui cohabite avec moi, que j'aime mais qui ne prend pas toute la place."

Liane Foly

à franceinfo

La femme s'impose beaucoup par rapport à l'artiste et je crois qu'à un moment donné, plus j'avance... Moi, j'ai toujours aimé la vie, j'aime la vie plus que tout... J'aime mon métier, c'est ma passion, mais bon, pendant le confinement, je me disais : si tout devait s'arrêter, on sait jamais, je n'aurais pas été malheureuse. Je peux toujours chanter sous ma douche.

Quel regard avez-vous sur ce parcours alors ?

Alors aujourd'hui, beaucoup de gratitude. Moi je n'ai pas peur de vieillir et au contraire, je trouve que ça m'enrichit de jour en jour. C'est un cadeau parce que justement, là, on en magasine et on se dit : oui, je comprends un peu mieux la vie.

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