Camélia Jordana renoue avec son histoire familiale dans "Reine mère" : "C'est l'histoire du sacrifice pour la génération d'après"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 18 mars 2025 : la chanteuse et comédienne Hélène Vincent. Elle est à l'affiche du film, "Reine mère", de Manèle Labidi depuis mercredi dernier.
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Camélia Jordana est une artiste pluridisciplinaire, d'abord découverte en tant qu'auteure-compositrice-interprète et musicienne par l'émission Nouvelle Star sur M6, puis en tant qu'actrice avec son rôle d'une étudiante en droit, décidé à sortir de sa condition et à réaliser ses rêves, dans le film Le Brio d'Yvan Attal. Ce rôle lui a permis d'obtenir le César de la révélation féminine en 2018, cinq ans après ses débuts en tant qu'actrice. Quand on parle d'elle, on évoque immédiatement sa capacité à dire à voix haute ce que beaucoup n'osent pas dire ou ne peuvent pas dire. Depuis le 12 mars 2025, elle est à l'affiche du film Reine mère qui raconte le quotidien des familles d'immigrés, la double culture et la vie de maman courage.
franceinfo : Vous incarnez la maman de Mouna qui est en CM2 et à la suite d'un cours d'histoire sur la bataille de Poitiers en 732, elle développe une crainte, elle est persuadée que Charles Martel la poursuit. Finalement, il va devenir un ami, il l'aide à se donner de la force, à se construire, à s'affirmer, à affronter ses peurs, à explorer son identité. Est-ce que ça vous parle ?
Camélia Jordana : C'était assez bouleversant à la lecture du scénario parce que je me suis énormément identifiée au personnage de Mouna. Cette phrase, "Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers en 732", elle a eu le même effet sur moi que ce qu'elle a eu comme effet sur Mouna. Et en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ma mère en lisant ce film et en rencontrant Amel, mon personnage. Donc il y avait plein de choses qui étaient liées et qui se sont réveillées comme ça.
Amel, votre personnage, ne s'affranchit pas du passé. Elle n'accepte pas le pays dans lequel elle vit parce qu'elle se sent totalement rejetée. Elle essaye de survivre à une vie qui est très compliquée. Elle ne trouve pas de travail parce qu'elle n'a pas les diplômes, elle ne trouve pas de logement parce qu'elle n'a pas justement le salaire et donc le travail qui lui permet d'avoir des fiches de paie nécessaires. C'est ce combat-là aussi que raconte ce film.
Je ne dirai pas qu'elle n'accepte pas la France. C'est un film social, c’est-à-dire qu'on parle du déclassement social. Son mari, brillamment joué par Sofiane Zermani, lui dit : "T'es la fille d'un fermier qui se prend pour la reine d'Angleterre" et en effet, elle se prend pour la reine d'Angleterre. Elle veut le meilleur pour elle, pour sa famille, pour ses enfants. Quand elle était en Tunisie, sa condition sociale n'était pas celle qu'elle rencontre quand elle arrive en France. C'est l'histoire de l'exil, l'histoire du sacrifice pour la génération d'après, mais c'est aussi quand même un film qui parle de la famille.
Dans le film, vous êtes Amel et franco tunisienne, vous, vos grands-parents sont algériens. Ils vous ont transmis aussi cette envie de s'en sortir, d'intégration ? Ce sont des travailleurs très respectueux et c'est vrai qu'on a le sentiment qu'ils vous ont transmis un témoin.
J'ai la chance de venir d'une lignée dont je suis très fière. En effet, j'ai des grands-parents des deux côtés qui sont des gens extraordinaires, un peu comme dans ce film, c’est-à-dire que ce sont des personnages mythiques de cinéma, avec des chemins fous, avec des traversées extraordinaires. Ce qui est assez fou et ce qui est bouleversant dans Reine mère, c'est que ce couple-là correspond à la génération de mes parents. Quand on jouait au couple avec Sofiane en préparation, qu'on était main dans la main, en fait, on regardait les photos et on était extrêmement troublés. Chacun reconnaissait ses parents dans ce couple avec une femme au tempérament de feu qui est pleine de fantaisie, qui est drôle, qui a la joie pour discipline, qui ne rend pas les armes, qui veut le meilleur pour sa famille et avec un père qui a une force tranquille, qui est calme, qui est patient, qui est léger, qui se bat pour subvenir aux besoins de sa famille. C'est vrai qu'il y a comme un hommage qui est rendu à ces lignées-là.
"Il y a à la fois une chose très singulière et à la fois une chose, presque de l'héritage commun, et embrasser l'identité de nos parents, c'était bouleversant."
Camélia Jordanaà franceinfo
Dans cette culture méditerranéenne, il y a la joie pour discipline et le fait d'essayer de toujours faire mieux et c'est une chose qui se reconnaît vraiment dans cette famille-là. Faire mieux pour pouvoir avoir droit aussi à mieux.
Quelle est la suite pour vous ?
J'ai la chance d'avoir deux tournages de prévus à l'automne et surtout en ce moment, je suis énormément en studio. Je fais plein de chansons pour moi et pour d'autres artistes et ça me fait beaucoup de bien. Je viens de sortir une chanson qui s'appelle Win Rak et je suis complètement indépendante dans mon travail de musicienne. Je suis ma propre productrice. C'est un travail qui est un peu plus artisanal, mais dans lequel je prends énormément de plaisir. Donc, je me suis amusée aussi à produire et à réaliser le clip de cette chanson dans laquelle Sofiane Zermani fait une apparition aussi d'ailleurs. J'ai adoré faire ça et donc je continue en musique à créer, à inventer la suite et pour la première fois d'ailleurs, dès le studio, je pense à la création de ces chansons en pensant aussi à la création du spectacle. J'ai envie que ce soit une grande célébration, une grande fête, cette tournée-là, donc, j'ai encore plein de travail et plein de belles choses à raconter.
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