"C'est 'Indiana Jones' à Marseille" : Soprano joue son premier rôle dans une comédie familiale

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 4 juillet 2025, le rappeur et désormais acteur Soprano. Il joue dans le film "Marius et les gardiens de la cité phocéenne", au cinéma mercredi prochain.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Soprano à Marseille, le 6 juin 2025. (GILLES BADER / MAXPPP)
Soprano à Marseille, le 6 juin 2025. (GILLES BADER / MAXPPP)

De son premier groupe de rap, Les Psy 4 de la rime à son rôle de parrain au Téléthon en 2021, en passant par sa place dans la troupe des Enfoirés, Soprano est devenu au fil du temps, l'une des voix les plus respectées et les plus importantes en France, mais surtout à Marseille. Il faut dire que le mot respect a été la base de son éducation, une priorité pour ses parents, d'origine comorienne. Ce mot est aussi au centre de ses vies d'homme et d'artiste. À partir du 9 juillet, il sera à l'affiche de la comédie Marius et les gardiens de la cité phocéenne ou l'histoire d'un guide touristique à la personnalité débordante qui s'est autoproclamé roi de Marseille. Son business est de promener des touristes dans la ville dans son bus panoramique, jusqu'au jour où son véhicule tombe en panne et qu'il va devoir renouer avec le quartier dans lequel il a grandi et trouver des solutions pour s'en sortir. C'est là qu'il va rencontrer trois enfants qui vont l'embarquer dans une aventure très dangereuse sur fond de chasse au trésor.

franceinfo : C'est votre premier, premier rôle, et je sais que vous aviez une énorme appréhension.

Soprano : Oui, une appréhension parce que c'est la première fois que je joue un personnage. D'habitude, quand j'ai joué dans certains films, je jouais mon propre rôle. Là, c'est la première fois qu'il a fallu que j'aille travailler et jouer tout le contraire de moi. C'est-à-dire quelqu'un d'impatient, de pas content, de négatif, alors que moi, je suis plutôt cool. Donc c'était un gros travail qui m'a mis un petit coup de pression au début, mais j'ai eu de la chance, parce que j'étais déjà dans ma ville. J'étais accompagné de mes amis, dont Tony Datis, qui est le réalisateur de pratiquement la moitié de mes clips.

Le but de Tony Datis, c'était de faire Les Goonies à Marseille. C'est vraiment un film qui parle à toutes les générations et il y a effectivement des clins d'œil à Louis De Funès dans Rabbi Jacob, on pense aussi à Indiana Jones et le temple maudit. Est-ce que c'est aussi ce qui vous a attiré dans ce film ?

En lisant le scénario, je disais, ça me parle parce que je rigole, mais surtout, il y a plein de rêves.

"Ça m'a ramené une nostalgie que j'avais peut-être oubliée parce que dans certains films au cinéma, aujourd'hui, on retrouve moins ce truc d'aventure d'ado qu'on avait quand on regardait Maman, j'ai raté l'avion, Les Goonies ou Gremlins."

Soprano

à franceinfo

L'histoire peut devenir Indiana Jones à Marseille. Le fait d'être le guide touristique de tout ça, ça me plaisait beaucoup.

D'aller chercher le positif, c'est toujours ce qui vous a attiré systématiquement ?

En fait, ce qui m'a poussé à avoir cette réflexion toujours positive, c'est grâce à des groupes comme IAM. Ils nous ont poussés à ouvrir des livres en écoutant leurs chansons, à nous renseigner par rapport à la société, par rapport à ce qui construit quelque chose de positif et de grand et de bon dans les quartiers. Ça m'a toujours nourri et c'est ce qui nourrit tout projet que je fais, que ce soit un album ou que ce soit le cinéma. Celui-là, même si c'est une comédie familiale, il y a un message et c'est ce que j'aime mettre en avant.

Qu'est-ce que ça représente pour vous, qu'aujourd'hui les jeunes générations vous considèrent comme un exemple à suivre ?

Ça me dépasse. Il y a quelques semaines, on faisait le stade de Lille et je passais en voiture, je voyais la queue et je regardais les gens. Je cherchais à savoir pourquoi ils m'écoutaient. Je me disais, lui, il m'écoute depuis longtemps, ça se voit qu'il est des années 90. Lui, peut-être qu'il m'a vu à The Voice. En fait, je me faisais plein d'idées parce que ça me dépasse, ça me touche beaucoup et je prends ça avec beaucoup d'humilité.

Est-ce que c'est simple de réussir quand on est issu d'un quartier, qu'on a commencé effectivement avec des parents qui n'avaient pas les moyens ? Est-ce qu'on arrive à absorber cette réussite par rapport à ceux qui galèrent ?

Moi, je dis que c'est très très dur parce qu'il faut travailler trois ou quatre fois plus que les autres, parce qu'à chaque fois, on te rappelle d'où tu viens, dès qu'il y a un problème. Zidane marque un but, c'est super, Zidane met un coup de boule, il vient des quartiers nord de Marseille. C'est ce truc-là qui fait que chaque fois, il faut prouver, il faut montrer, il faut se battre. C'est pour ça que chaque fois que j'en parle avec mes collègues, je dis "T'imagines ce qu'on a fait quand même ? Faire des stades de France, des tournées avec tout ce qu'on a traversé et d'où l'on vient ? Mais il faut être fier !"

"Il faut continuer à aller de l'avant parce que ça donne de la force à ceux qui suivent et ça leur dit que c'est possible, contrairement à ce que la société peut leur montrer."

Soprano

à franceinfo

Dans la chanson d'ailleurs qui accompagne le film, vous dites : "J'ai grandi là où les jeunes faisaient du rodéo". C'est important de savoir d'où l'on vient pour choisir où on veut aller ?

Je dis tout le temps, même en concert, un arbre ne tient que par ses racines. Tu oublies tes racines, tu coupes tes racines. À un moment donné, tu peux être le plus bel arbre du monde, l'arbre retombe. Mais quand tu es enraciné, tu es solide, tu sais pourquoi tu es là et les branches tiennent. Et ça, c'est magnifique.

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