Aloe Blacc livre ses sentiments : "L'industrie de la musique ne permet pas aux hommes de parler de faiblesse"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 2 septembre 2025, le chanteur, parolier, producteur et musicien Aloe Blacc. Son album, "Stand Together" est sorti en février dernier.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Aloe Blacc, en 2022, à Los Angeles. (CAROLINE BREHMAN / EPA / VIA MAXPPP)
Aloe Blacc, en 2022, à Los Angeles. (CAROLINE BREHMAN / EPA / VIA MAXPPP)

Aloe Blacc est de la catégorie des chanteurs nés, mais il est avant tout un artiste pluridisciplinaire, tour à tour rappeur, parolier, producteur, musicien et philanthrope américain. Il est la voix emblématique des tubes devenus planétaires Wake me up du DJ suédois Avicii et de I need a dollar. Son nouvel album Stand Together est sorti le 28 février 2025. "Stand together", c'est le nom d'une communauté philanthropique qui s'attaque aux causes profondes de notre société afin de trouver des solutions en matière d'éducation, d'opportunités économiques, de réduction de disparités, et qui tente même d'aider des toxicomanes.

franceinfo : Le mot qui revient, c'est solidarité. Est-ce que vous êtes associé définitivement à ce mot ?

Aloe Blacc : Oui, c'est important d'être solidaire avec des communautés, en tant qu'artiste, j'ai la possibilité d'amplifier le besoin, la culture, l'idéologie de certains groupes de gens et en particulier les groupes avec lesquels j'ai de l'affinité. En ce moment, mon but, c'est de rendre leur puissance aux gens qui ont moins de chance que les autres parce que j'en ai le pouvoir et parce que mes héros dans la musique et dans l'art ont fait la même chose. Des artistes comme Bob Marley, comme Stevie Wonder ou Marvin Gaye,ont utilisé leur voix pour humaniser la condition des gens qui étaient moins fortunés et pour célébrer la vie également, bien sûr. Donc, en tant qu'artiste, j'ai toujours l'impression que je dois faire les deux. Je pense que je fais les deux parce que j'ai de la musique qui est disponible pour faire la fête, mais aussi de la musique pour de la contemplation, de l'introspection et j'espère de la transformation.

Comment faites-vous pour vivre avec ce président américain qui est justement contre ceux qui viennent de loin, ceux qui essaient de s'en sortir, d'avoir un avenir meilleur ?

C'est à peu près la même chose pour tous les descendants africains, dans tout l'Occident. Il y a une histoire de déshumanisation, de brutalisation. Ce président actuel nous offre une opportunité de nous souvenir du passé et de reconnaître ce qu'on a fait dans le passé et qui a pu marcher. Je pense à mes héros Martin Luther King, Nelson Mandela, c'est la résistance non-violente.

"J'espère qu'on pourra travailler ensemble, vraiment pour faire en sorte de gérer ce président et tous les prochains meneurs qui violeraient le côté sacré de l'humanité."

Aloe Blacc

à franceinfo

Vous nous montrez rarement des moments de faiblesse, même si cet album montre un visage qu'on ne connaissait pas de vous et vous parlez de vos émotions aussi. Est-ce que c'est une faiblesse d'avouer ses sentiments et de parler de ses émotions ?

C'est très important et avant même de rentrer ici, je pensais à ça. L'industrie de la musique ne permet pas véritablement aux hommes et en particulier les hommes noirs, de parler de faiblesse. C'est presque comme si le marché rejetait le concept même qu'un homme puisse être faible. Un de mes plus grands héros musicaux, c'est Bill Withers et il avait une chanson Lean on me qui parle de faiblesse. Il parle d'avoir besoin d'un ami, il pense aux manières où ce serait impossible de se relever. C'est ce genre de thème, plus adulte, plus mature, qui me semble important.

Dans cet album, on comprend aussi que depuis le début, ce n'est pas un hasard si le titre Wake me Up avec Avicii a autant marché. Il y a toujours cette notion de réveil, en tout cas, d'être vigilant aussi avec d'ailleurs un hommage à Harry Belafonte.

"Je crois que demander aux gens de se réveiller, ça fait partie de la vigilance permanente."

Aloe Blacc

à franceinfo

Harry Belafonte, c'est un de mes mentors et j'ai appris de lui l'importance de représenter ce qui est bien et ce qui préserve la joie. Il disait que tout ce qu'on veut faire, c'est profiter de l'univers et je comprends ce qu'il veut dire. Si vous demandez à quiconque à quel moment voulez-vous être triste aujourd'hui, je vous garantis qu'il dit, je ne veux pas être triste. Malheureusement, on a tous des idées différentes de ce qu'est le bonheur. On vient tous d'horizons différents et pour certains, ce serait une chose en particulier, mais on peut trouver cet équilibre.

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