Présidentielle américaine : Joe Biden "est dans un moment très difficile et inédit, où il doit regagner la confiance de son propre camp"
Le président américain, qui a paru fragilisé et amoindri lors d'un débat face à Donald Trump, a tenté de rassurer ses électeurs vendredi dans une interview télévisée.
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Une semaine après un débat désastreux face à Donald Trump, le président démocrate a défendu, vendredi 5 juillet dans un entretien à la chaîne de télé ABC, sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat. Pour Simon Grivet, historien et maître de conférences en civilisation des États-Unis à l’université de Lille, Joe Biden est "engagé dans un combat très dur."
franceinfo : Qu'avez-vous pensé de cette "opération sauvetage" ?
Simon Grivet : Il m'a semblé que c'était une prestation moyenne. C'est le Joe Biden qu'on connaît d'habitude. Il a répondu aux questions. Il a évité certaines interrogations, par exemple sur la nécessité d'avoir un un test cognitif. Pour le reste, il a fait du classique, il n'a pas fait de gaffes. Il n'y a pas eu de moments où il a semblé perdu pendant le débat. Mais bien sûr, bien entendu, il n'a pas semblé rajeuni. C'est toujours un homme de 81 ans !
Ce débat raté, la semaine dernière, a vraiment été un moment de bascule dans sa campagne ?
Oui, c'est un tournant. Cela a montré à des dizaines de millions d'Américains qu'il était en difficulté à ce moment-là, que ça n'allait pas, qu'il avait beaucoup de mal à répondre aux questions et à tenir des propos cohérents. Donc il est vraiment dans un moment très difficile, où il doit regagner la confiance de son propre camp.
C'est absolument inédit. Le seul épisode précédent, c'était en 1968 avec le président Johnson, mais ce n'était pas du tout sa santé qui était en cause : c'était la contestation très forte, très puissante, de toute une partie de la jeunesse contre la guerre du Vietnam. Là, il est vraiment question de sa santé, de ses capacités. Des donateurs et quelques élus, publiquement et apparemment beaucoup plus en privé, s'inquiètent, pensent qu'il ne peut pas gagner et pire qu'il pourrait faire même perdre son camp. Mais lors de cette interview, justement, il a dit que il continuait à recevoir beaucoup de dons, que les levées de fonds continuaient à bien se passer.
"C'est un rapport de forces qui est en train de s'établir et clairement, la semaine à venir va être importante. La pression médiatique ne va faire qu'augmenter. Et s'il y a d'autres moments où il a l'air perdu, moins pertinent qu'à l'ordinaire, cela va à nouveau augmenter la pression sur lui."
Simon Grivet, historien spécialiste des Etats-Unisà franceinfo
"Personne n'est plus qualifié que moi pour exercer les fonctions de président des Etats-Unis", dit Joe Biden. Est-ce qu'il est en train d'adresser un message à ces potentiels remplaçants dans cette élection présidentielle ?
Oui, clairement. Il a essayé de se défendre, de défendre la légitimité de sa candidature. Il s'est montré obstiné. C'est évident que, en arrière-plan, en privé, beaucoup de gens espèrent son retrait, commencent à réfléchir, à le remplacer par sa vice-présidente. Donc il doit lutter non plus seulement contre son adversaire républicain, Donald Trump, mais contre toute une partie de ses rivaux. C'est vraiment un combat très dur qui est engagé.
Seul Biden pourrait décider de se retirer, personne ne peut l'obliger à le faire. Il a gagné la plupart des délégués à la convention démocrate. Donc, s'il s'obstine comme il a l'air de le faire dans cet entretien, il ne se passera rien. Ce sera lui le candidat. S'il devait finalement dire "oui, effectivement, je ne me sens pas bien, je ne suis pas capable de conduire cette campagne et d'avoir éventuellement un nouveau mandat", le parti devrait se retrouver très très vite avant la convention démocrate, au cours du mois d'août. Le moins choquant pour les militants démocrates serait son remplacement par la vice-présidente Kamala Harris, parce qu'elle est déjà candidate avec lui. Parce que quelque part, elle a été aussi choisie avec lui.
Les sondeurs testent plusieurs hypothèses pour l'instant. C'est vrai que Biden était, jusqu'à avant le débat, la meilleure hypothèse. Depuis le débat, il perd du terrain dans les sondages. Les autres candidats feraient un peu mieux, mais rien de flagrant pour l'instant. On est dans un entre-deux tout à fait inédit.
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