Pesticides : "Les alternatives existent, sauf qu'il faut s'en donner les moyens", réfute un agriculteur bio et député écologiste

La proposition de loi Duplomb est examinée à partir de lundi à l'Assemblée. Elle a pour objectif de lever des contraintes pour les agriculteurs. "Le problème de ce texte, c'est qu'il piétine la science", se désole Benoît Biteau, qui voit dans les amendements déposés par l'opposition autant de propositions pour "élever" le débat.

Article rédigé par franceinfo
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Benoît Biteau, paysan bio, agronome et député Écologiste-NFP de Charente-Maritime. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Benoît Biteau, paysan bio, agronome et député Écologiste-NFP de Charente-Maritime. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Les alternatives [aux pesticides] existent, sauf qu'il faut s'en donner les moyens", affirme, lundi 26 mai sur franceinfo, Benoît Biteau, agriculteur bio, agronome et député écologiste de Charente-Maritime. Le député est opposé en l'état à la proposition de loi Duplomb, qui veut "lever les entraves" dans l'agriculture et qui est examinée à partir de lundi à l'Assemblée nationale.

Les agriculteurs se mobilisent à nouveau, lundi, autour du texte, pour mettre la pression sur les députés. Le texte, s'il est adopté, permettrait par exemple d'utiliser de nouveau l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit depuis 2018 et réputé particulièrement nocif pour les pollinisateurs, notamment les abeilles.

"La réponse est dans l'agronomie"

D'après Benoît Biteau, "on n'a pas franchement besoin" d'un tel texte. D'autant plus que la profession, selon lui, "s'était engagée à réduire de 50% les pesticides" d'ici 2018. Or, sept ans plus tard, "ça n'est toujours pas fait", dénonce-t-il.

"L'argent public a coulé à flots pour accompagner l'agriculture sur cette trajectoire de réduction et malgré tout ça, ils n'ont pas avancé."

Benoît Biteau, agriculteur bio et député écologiste

à franceinfo

"La réponse, elle, est dans l'agronomie, et c'est de ça qu'il faut qu'on parle", insiste l'agriculteur. Quant aux arguments sur l'utilité de certains néonicotinoïdes pour rester compétitif face aux autres pays européens qui l'utilisent toujours, Benoît Biteau les balaie d'un revers de la main : "L'acétamipride, dont on parle, est un produit sur la liste des produits à substituer, donc c'est un produit qui est autorisé avec parcimonie et sur des demandes de dérogations (...). Et de toute façon c'est un produit qui va être supprimé définitivement, donc c'est reculer pour mieux sauter." Il en rappelle la dangerosité pour la biodiversité mais aussi pour la santé humaine. "Un chercheur de l'Inra disait : 'Continuons avec l'acétamipride, ça revient à peu près à donner de l'arsenic aux enfants".

Une opportunité pour élever le débat

Enfin, sur la question des milliers d'amendements déposés par les élus de gauche, Benoît Biteau se défend d'une quelconque volonté d'obstruction comme le dénoncent la droite ou la majorité : "Est-ce que vous considérez que 40 amendements en moyenne – c'est en moyenne ce qu'on a déposé – c'est beaucoup d'amendements sur un texte aussi important, qui concerne tous les Français ?" , soulève-t-il. Le député ajoute : "On en a fait une opportunité, ce débat sur l'agriculture, on a essayé de l'élever. Ces amendements ne sont que force de propositions. J'ai déposé 460 amendements et je n'ai pas honte de le dire, avec des exposés, des motifs extrêmement pointus qui font référence à la science, car le problème de ce texte, c'est qu'il piétine la science."

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