Nomination du Premier ministre : "le pays sera malgré tout à l'arrêt pendant de nombreux mois", craint le directeur général délégué d'Ipsos

Après l'échec du gouvernement Barnier, le président de la République a consulté la majorité des groupes à l'Assemble nationale, excepté LFI et le RN, assurant rechercher un Premier ministre capable de tenir jusqu'en 2027. Pour Brice Teinturier, directeur général délégué de l'Institut Ipsos, le chef de l'État joue sa dernière carte.

Article rédigé par franceinfo
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Brice Teinturier, Convention nationale du Crif à Paris, le 24 novembre 2024. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)
Brice Teinturier, Convention nationale du Crif à Paris, le 24 novembre 2024. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Aura-t-on un nouveau Premier ministre d'ici 48 heures, comme l'a annoncé, mardi 10 décembre, le président de la République ? Alors qu'un candidat comme François Bayrou semblait le mieux positionné pour séduire, et la droite, et une partie de la gauche, Olivier Faure, président du groupe socialiste, a d'emblée rejeté cette idée estimant qu'il incarnerait la continuité du macronisme.

Ces derniers jours, la plupart des partis ont formulé leurs différentes lignes rouges. À la sortie des consultations avec l'ensemble des partis conviés par le président de la République à l'Élysée, mardi 10 décembre, Olivier Faure a notamment évoqué une sorte de marché : "Que le gouvernement renonce au 49.3, et donc renonce à tout passage en force, en échange de quoi, les oppositions renonceraient à toute censure". Ce n'est "pas encore un accord", insiste toutefois Brice Teinturier, directeur général délégué de l'Institut Ipsos, qui parle plutôt d'une "méthode évoquée pour essayer d'apporter de la stabilité".

"L'enjeu le plus important, c'est évidemment de savoir qui sera Premier ministre, mais c'est encore plus de savoir combien de temps il pourra tenir et sur la base de quel contenu".

Brice Teinturier

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Le directeur général de l'institut l'Ipsos se montre en effet sceptique sur la pérennité d'une telle méthode dans la durée, alors que le chef de l'État a assuré ne pas souhaiter dissoudre l'Assemblée nationale une seconde fois d'ici la fin de son mandat en 2027. Depuis l'échec du gouvernement Barnier beaucoup s'interrogent sur la capacité de cette Assemblée à s'accorder sur un budget. "Le cœur du sujet, c'est bien le budget, affirme-t-il, il faut parvenir à dégager un consensus minimaliste sur ce que l'urgence impose comme décision et sur ce qui séparerait le moins les formations politiques".

Depuis les consultations, chacun a en effet indiqué ses lignes rouges, ce qui semble limiter la possibilité d'un point de rencontre entre les différentes oppositions. "Ce qu'on voit bien, c'est que le pays, je le crains, sera malgré tout à l'arrêt pendant de nombreux mois, s'inquiète Brice Teinturier, il n'y aura pas de réformes importantes parce que les clivages, tout simplement, sont beaucoup trop prononcés pour qu'il puisse y avoir une majorité qui se dégage".

Des députés qui seraient donc forcés de s'entendre, quitte à se compromettre ? Pour Brice Teinturier, renoncer à toute dissolution, c'est aussi s'exposer au risque du blocage, avec des députés qui se montreraient incapables de s'entendre. En exprimant ce souhait, le président de la République joue peut-être aussi sa dernière carte. "Parler de la volonté de ne pas dissoudre l'Assemblée nationale évite aussi d'évoquer la petite musique qui monte, celle qui voudrait forcer le chef de l'État à se retirer" observe-t-il par ailleurs. Au moins un Français sur deux se dit d'ailleurs fatigué par cette instabilité. D'où l'importance pour Emmanuel Macron d'assurer la stabilité avec un Premier ministre qui pourrait tenir jusqu'en 2027.

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