Le marché de la location immobilière en tension : "On n'est pas capable de répondre à toutes les demandes", s'alarme Century 21

Charles Marinakis, président de Century 21 estime à plusieurs centaines de milliers le nombre d'appartement qui vont être retirés du parc locatif en raison de l'interdiction de location des passoires thermiques.

Article rédigé par franceinfo
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Charles Marinakis, président de Century 21, vendredi 17 janvier 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Charles Marinakis, président de Century 21, vendredi 17 janvier 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le marché locatif traverse de fortes turbulences. Les demandes de location explosent, mais l'offre est en forte baisse. "Il y a maintenant 567 000 passoires thermiques qui vont se retirer de ce parc locatif qui s'est atrophié", explique. Charles Marinakis, président de Century 21. Certains propriétaires refusent de faire des travaux de rénovation, souvent par manque de moyens. Mais pas seulement. "La première explication, c'est les contraintes qui pèsent sur le bailleur", dit-il. Les propriétaires préfèrent mettre leur bien sur Airbnb, plus avantageux financièrement. Mais la loi a changé. La fiscalité pour les meublés touristiques va être moins avantageuse à la fin du mois de janvier. "Le mal est fait, un certain nombre de biens se sont déjà retirés du parc locatif privé", souligne Charles Marinakis.

franceinfo : Comme ça se passe dans les agences immobilières Century 21 ?

Charles Marinakis : Ça ne se passe pas bien parce qu'on n'est pas capable de répondre à toutes les demandes. Parfois, cela nous arrive même de mettre une annonce, de la laisser dix minutes et de la retirer. On peut avoir 50, parfois 200 appels pour un logement qui est mis à la location. Il y a un peu plus de 30% de la demande qui est circonscrite sur les grandes agglomérations françaises. À la campagne, c'est moins tendu. Cette tension est extrême aujourd'hui, on ne l'a jamais ressentie de manière aussi marquée. La traduction directe, c'est le nombre d'appels qu'on a par annonce et surtout la diminution du nombre d'annonces. C'est-à-dire qu'il y a de moins en moins d'appartements à louer. Il y a à peu près 7 300 000 logements qui appartiennent au parc privé grosso modo. Il y a maintenant 567 000 passoires thermiques qui vont se retirer de ce parc locatif qui s'est atrophié.

Pourquoi les propriétaires se retirent-ils du parc locatif ?

La première explication, ce sont les contraintes qui pèsent sur le bailleur. Ils sortent le bien du parc privé et ils le mettent dans des locations de courte durée sur Airbnb, en tant que locations saisonnières si la région s'y prête. Ils vont le sortir du parc locatif pour échapper aux contraintes majeures de mise en conformité thermique, de plafonnement des loyers, etc. Ils en tirent un rendement qui est très largement supérieur. C'est ça la réalité. 

La loi va changer à la fin du mois. La fiscalité sera moins avantageuse sur les meubles touristiques. Ça aura un effet ?

Ça va être moins intéressant. Mais jusqu'à présent, ce n'était pas le cas, donc le mal est fait. 

"Un certain nombre de biens se sont déjà retirés du parc locatif privé. La construction neuve a diminué quasiment de moitié."

à franceinfo

Charles Marinakis, président de Century 21

La moitié des constructions neuves avaient pour vocation d'être mise à disposition du parc locatif privé, puisque, si vous vouliez bénéficier de l'avantage fiscal, vous deviez vous engager à le mettre à la location au minimum pendant neuf ans. Ça a aussi atrophié le parc. Et puis, les transactions se sont ralenties. Les gens qui avaient des projets, qui libéraient des appartements à la location pour aller vers de l'acquisition, ils n'en ont pas libérés.

Que vous disent les propriétaires qui ne font pas les travaux de rénovation thermique ?

Ça dépend de l'âge du propriétaire. Ça dépend aussi des possibilités financières. La rénovation moyenne a été estimée à environ à 40 000 euros. Il y en a qui disent "40 000 euros, je ne les ai pas". Je ne sais pas comment les trouver, je ne sais pas les financer'. Il y en a qui ne veulent pas les financer parce qu'ils sont propriétaires, ils sont parfois âgés, ils disent 'si je fais des travaux, je n’aurai jamais un retour sur investissement'. Et puis il y en a qui ne savent pas comment les faire. On oublie toujours cette dimension-là. Pour faire des travaux, il faut trouver des artisans, Il faut le faire dans des délais. C'est contraignant !

Que faut-il faire pour renverser la tendance ?

On peut circonscrire toutes ces difficultés autour d'une seule chose. La ministre du Logement, Valérie Létard a admis le principe qu'il fallait réinstaurer un statut du bailleur privé. On doit lui donner évidemment des obligations, de la décence locative, de la décence énergétique, de la décence économique en termes de loyer, mais on doit aussi lui donner des avantages en termes d'accompagnement fiscal. L'investissement le plus civique, c'est quoi ? C'est de mettre de l'argent dans le CAC40 ou d'investir dans l'immobilier et de mettre à disposition un appartement à la location à des gens qui en ont besoin ? Il faut savoir ce qu'on veut vraiment. Si on manque de logement, il faut encourager les gens à investir dans le parc locatif privé.

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