Zéro déficit pour l'Allemagne en 2014 : pas forcément bon pour l'Europe
L'Allemagne a annoncé hier qu’elle avait atteint l’équilibre budgétaire parfait en 2014, zéro déficit : question simple : avec cet incroyable résultat l’Allemagne est-elle l’élève modèle de l’Europe ?
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En apparence, oui, l’Allemagne apparaît bien comme l’élève méritant de l’Europe, au moins pour sa gestion des comptes publics. Pensez que cette situation d’équilibre absolu entre les recettes et les dépenses est une première depuis 1969. L'Allemagne a atteint l'équilibre budgétaire en 2014 avec un an d'avance sur le calendrier prévu, en raison notamment de la bonne tenue des rentrées fiscales et de la faiblesse des taux d'intérêt.
Il faut aussi mesurer le parcours réalisé : l’Allemagne a dépensé en 25 ans près de 2000 milliards d’euros pour absorber ce qu’on appelait autrefois l’Allemagne de l’Est, et ses 16 millions d’habitants, cette unification qui fut un fardeau financier est une aussi une formidable politique qui fait aujourd’hui, à juste titre, la fierté des Allemands. Cette prouesse budgétaire d’aujourd’hui en est d’autant plus remarquable.
Cette prouesse n’est pas une très bonne nouvelle pour l’Europe
C’est tout le paradoxe, au moment où l’Europe souffre à la fois d’une grave atonie de sa croissance et d’une panne générale d’investissement, cet équilibre budgétaire apparaît au mieux anachronique au pire irresponsable. L’Allemagne est l’un des seuls pays qui pourrait investir massivement pour relancer l’économie européenne, et elle ne le fait qu’avec parcimonie, pour ne pas dire avec une réticence extrême. Avant de s’en plaindre ou de condamner l’attitude de l’Allemagne, il faut d’abord essayer de la comprendre. Le zèle budgétaire allemand a au moins trois grandes explications : la première est historique, la seconde est culturelle, et la troisième est démographique.
L’histoire d’abord
L’histoire vous la connaissez : quand les responsables politiques ont laissé filer les comptes et la monnaie dans les années 30, ce fut la catastrophe : l’hyperinflation et l’arrivée au pouvoir du parti nazi. Ce traumatisme là joue toujours : dans la tête des Allemands, le déficit et l’endettement excessif portent en germes une menace pour la démocratie.
La deuxième grande raison est culturelle ou plutôt morale et religieuse et elle vient à l’évidence du protestantisme : il n’est pas moral que les contribuables d’un pays qui ont fait consentis des efforts considérables pour assainir leur gestion payent pour les autres, pour tout ceux dont le laxisme irresponsable est d’abord une faute morale. C’est cet argument que l’Allemagne avait brandit dans les premières heures de la crise grecque, pour refuser une restructuration de la dette de ce petit pays mis sur la paille par une classe politique aussi corrompue qu’irresponsable.
Enfin, la dernière raison de cette politique budgétaire est démographique : les Allemands expliquent, à juste titre, que leur population se réduit au moment même où arrivent à la retraite des millions d’Allemands nés au lendemain de la guerre, et qu’il faudra donc payer leur retraites. Plus que jamais en Allemagne, on peut dire que les séniors, ces premières générations de l’après guerre, détiennent jusqu’au bout le pouvoir politique et économique pour défendre leur propres intérêts au dépens des générations montantes. Voilà autant de raisons profondes Fabienne, pour lesquelles il sera bien difficile de faire bouger et investir massivement les Allemands aujourd’hui. Mieux vaut les connaître.
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