Vote de confiance du 8 septembre: la France face à la menace d’un déclassement économique

L'instabilité politique actuelle n'est pas sans conséquences. Les économistes redoutent surtout une hausse durable des taux d’intérêt qui plomberait la dette française et accélérerait son déclassement économique.

Article rédigé par franceinfo - Claire Sergent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aujourd’hui, les investisseurs ne croient pas que la France soit en mesure de ramener son déficit sous les 3%. (photo d'illustration). (DON MASON / THE IMAGE BANK RF)
Aujourd’hui, les investisseurs ne croient pas que la France soit en mesure de ramener son déficit sous les 3%. (photo d'illustration). (DON MASON / THE IMAGE BANK RF)

François Bayrou engage sa responsabilité le 8 septembre et les oppositions s'engouffrent dans la brèche. La menace d’une nouvelle dissolution a provoqué une vive réaction sur les marchés. Un coup de semonce pour l’économie française est à craindre. La Bourse de Paris a clôturé en baisse de plus de 1,60%, lundi 25 août. Ce recul est le signe d’une inquiétude qui resurgit : les marchés, les investisseurs n’aiment pas l’incertitude.

Depuis la dissolution, en juin 2024, le CAC 40 est à la peine par rapport aux autres indices européens. Ce sursaut, lundi soir, est un signal d’alarme pour la suite. Aujourd’hui, les investisseurs ne croient pas que la France soit en mesure de ramener son déficit sous les 3%. Un constat qui s’est imposé avec l’instabilité gouvernementale. "La situation est mauvaise aujourd’hui, elle sera pire l’année prochaine", confie Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM. Une dissolution viendrait aggraver ce constat. Il faut rappeler que près de 56% de la dette française est détenue par des investisseurs étrangers. Or, lundi, les taux à 10 ans — ceux qui comptent, ceux que tout le monde surveille de près — frôlaient les 3,50%, devant la dette portugaise, espagnole et grecque. On s’y est presque habitués, mais ils se rapprochaient de plus en plus des taux italiens, à 3,59%.

Des inquiétudes pour l'avenir

L’année 2026 s’annonce pire, l’Hexagone devrait devenir le plus mauvais élève européen en matière de déficit et dépasser la Roumanie. La France devra emprunter 310 milliards d’euros. En face, l’Allemagne devra elle aussi trouver 330 milliards. Or Berlin, c’est la dette que tous les investisseurs veulent en priorité, car c'est la plus sûre. Quels seront les taux exigés pour la dette française, s’interroge, à juste titre, Christopher Dembik ?

La menace d'une crise financière est évoquée par les commentateurs et certains économistes. La véritable crainte, comme l’explique Nathalie Janson, professeure à Neoma Business School, reste d’avoir des taux d’intérêt trop élevés et de manière durable. La France serait alors étranglée par la charge de la dette et incapable de réduire son déficit. Plus qu’une crise financière brutale — à laquelle beaucoup d’économistes ne croient pas —, c’est le risque d’un lent déclassement qui semble se dessiner, selon Christopher Dembik avec une France qui supporterait des taux d’intérêt plus élevés que les autres pays européens, une charge de la dette plus lourde, et des gouvernements, quels qu’ils soient, qui ne pourraient plus rien faire.

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