Va-t-on manquer de beurre en France ?

Malgré la baisse de production liée aux fortes chaleurs, aux maladies et à la diminution du nombre d’exploitations laitières, une véritable pénurie de beurre n’est pas à craindre pour l’instant. Le principal risque concerne surtout une hausse des prix et un recours accru au beurre importé.

Article rédigé par franceinfo, Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le rayon beurre d'un supermarché, le 27 août 2002. (DANIEL JANIN / AFP)
Le rayon beurre d'un supermarché, le 27 août 2002. (DANIEL JANIN / AFP)

Une pénurie de beurre dans les prochaines semaines est-elle à redouter ? Les fortes chaleurs de l'été n'ont pas été propices à la production de lait. En période de canicule, les vaches produisent moins. S’y ajoute un virus, la fièvre catarrhale ovine, qui a décimé des troupeaux entiers durant la période estivale. De quoi réduire l’offre. Moins de vaches produisent  moins de lait, ce qui signifie aussi moins de crème. C'est elle qui permet de faire du beurre. Ce n'est pas la seule explication. La chute du nombre de producteurs laitiers n'est pas anodine.

Entre le vieillissement des exploitants qui ne trouvent pas toujours de repreneurs et la crise des vocations, faute de revenus suffisants, la France est passée sous la barre des 50 000 productions laitières, selon la fédération professionnelle du secteur, pour qui la fabrication laitière recule d’environ 2% par an.

Une hausse des prix possible ? 

Néanmoins si les stocks de beurre ne sont pas très élevés en France en ce moment, il n'y a pas de quoi céder à la panique, selon le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière. En clair, on n’en est pas encore à en manquer ! Et, si jamais cela arrivait, la France pourrait toujours importer davantage de beurre. Même si on l'Hexagone reste une grande puissance laitière, nous importons déjà du beurre ou même de la crème de l’étranger.

Le risque de pénurie porterait plus sur le beurre utilisé pour la boulangerie, la pâtisserie ou l’industrie agroalimentaire, qui en consomment beaucoup, que sur les tablettes vendues dans les rayons des supermarchés. Celles-ci restent des produits d’appel pour les enseignes. Faut-il s’attendre à voir le prix de la plaquette augmenter ? C'est possible, mais pour le moment, les contrats entre les industriels et la grande distribution protègent les consommateurs. Ils fixent et encadrent les prix jusqu’aux prochaines renégociations cet hiver. C’est à ce moment-là qu’il faudra être vigilant, car le prix du beurre a de toute façon tendance à augmenter. Ces quatre dernières années, il a pris plus de 30%.

En attendant, le risque est avant tout d’avoir plus de beurre importé. Les industriels et les distributeurs se tournent de plus en plus vers l’étranger pour acheter moins cher, ce qui a pour conséquence d'avoir du beurre de moindre qualité dans les gâteaux, les pâtisseries ou la cuisine. On le rappelle, le vrai beurre se fait avec de la crème que l’on baratte, avec un taux de matière grasse de plus de 80%. Dans les rayons, il y a aussi un enjeu de qualité. Si vous regardez bien, il existe de nombreux produits à teneur en matière grasse réduite, vendus comme du beurre, certes moins chers, mais coupés avec de l’eau. Certains se font du beurre avec du beurre !

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