"Tous sur site” : une journée de mobilisation inédite à la Société Générale pour maintenir les règles actuelles du télétravail

La Société Générale souhaite revenir sur sa politique de télétravail, mais se heurte à la résistance de ses salariés, qui lancent un mouvement de protestation original. Ils souhaitent montrer qu’il est impossible de faire revenir tous les salariés sur le site en même temps.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De nombreuses entreprises reviennent sur la pratique du télétravail. Photo d'illustration prise le 30 septembre 2024 (FABIEN COTTEREAU / MAXPPP)
De nombreuses entreprises reviennent sur la pratique du télétravail. Photo d'illustration prise le 30 septembre 2024 (FABIEN COTTEREAU / MAXPPP)

La direction de la Société Générale, l'une des principales banques françaises, souhaite le passage à un jour par semaine de télétravail, contre deux actuellement, au nom d’une meilleure organisation, mais aussi plus d’engagement des équipes. Les syndicats s’opposent à ce retour en arrière. Après avoir appelé à la grève vendredi dernier, cas rare dans le milieu bancaire, ils incitent tous les salariés à venir au bureau dans les espaces parisiens, jeudi 3 juillet. Cette mobilisation "appelée tous sur site" aspire à maintenir tous leurs jours de télétravail pour les salariés.

L'objectif visé est de montrer à leur employeur qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, de faire revenir tous les salariés sur le site en même temps. Selon eux, il n’y aura pas assez de bureaux et ils ne travailleront pas dans de bonnes conditions, à cause du bruit et des problèmes de circulation.

La Société générale n’est pas la seule à réduire le télétravail

Plus tôt dans la semaine, ce sont les salariés du groupe Iliad, maison mère de l’opérateur Free qui ont fait grève. Là aussi, il s'agit de protester contre la direction qui veut passer de huit à six le nombre de jours de télétravail par mois. Dans de nombreuses entreprises, nous observons un durcissement des règles.

Le mouvement a démarré aux États-Unis avec Amazon, Andy Jassy, le PDG actuel de la plateforme logistique justifiait ce retour au bureau cinq jours sur cinq pour "renforcer la culture d'entreprise et l'esprit d'équipe". Depuis Tesla, Dell, des banques comme JP Morgan ont suivi et le mouvement s’étend peu à peu en France. Il s'agit, d'ailleurs, d'un des principaux sujets de conflits sociaux car pour de nombreux cadres, aujourd’hui le télétravail est considéré comme un véritable acquis comme un avantage qu’ils ne veulent pas perdre. Selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres, l’Apec, deux tiers d’entre eux télétravaillent au moins un jour par semaine.

Des démissions en prévision ?

Après le Covid, période durant laquelle le télétravail s’est installé, certains salariés ont organisé leur vie en conséquence, en déménageant loin de leur bureau. De facto, c’est toute une organisation, tant professionnelle que personnelle, qui est remise en cause. Selon cette même étude de l’Apec, un cadre sur deux se dit prêt à démissionner si son entreprise supprime le télétravail. Revenir sur les chartes ou les accords de télétravail ne peut pas se faire sans contrepartie pour les syndicats. En fin d’année 2024, par exemple, la direction de Renault a réussi à réduire le nombre de jours de télétravail, mais en acceptant d’améliorer la prise en charge des frais de santé et en abondant la mutuelle. En France, le télétravail concerne surtout les cadres, un tiers des professions intermédiaires en bénéficient, mais à peine 11 % chez les employés et seulement 1 % chez les ouvriers.

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