SNCF : les contradictions de l'Etat actionnaire
C'est le septième jour de grève à la SNCF, la négociation semble avancer car un projet d’accord devrait être soumis aux syndicats ce mardi matin. Mais cette grève et cette négociation soulèvent déjà de nombreuses questions et quelques contradictions.
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La situation dans laquelle se trouve l’entreprise SNCF pose problème, et pas simplement parce que la grève dure, s'éternise, et qu’on se doute bien que plus le temps passe, plus le prix à payer pour un retour à la normal sera élevé, particulièrement pour l’entreprise et pour l’Etat. Sept jours de grève, c’est plus 20 millions d’euros qui chaque jour partent en fumée, soit déjà plus de 300 millions, selon le président du groupe ferrovière Guillaume Pépy, soit presque l’intégralité des bénéfices que l’entreprise avait péniblement réalisés l’an passé. Quelque soit l’issue du mouvement, l’entreprise publique SNCF en sortira fragilisée et sera en difficulté sérieuse cette année.
Même s’il est encore trop tot pour en tirer le bilan global, cette grève qui entremèle à la fois des revendications internes à la SNCF et une oppostion frontale à la Loi Travail, va laisser des traces profondes, et soulève une grande contradiction pour l’Etat actionnaire.
Quelle est la nature des contradictions du mouvement ?
Manuel Valls et François Hollande ne cessent de le répéter. Il défendent à tort et à travers la Loi travail, une philosophie sociale-démocrate qui croit au dialogue social, et à la vertu et au pouvoir des négociations dans l’entreprise. Le fameux article 2 et ce qu’on a appelé l’inversion de la hiérarchie des normes, donne donc, sur le terrain très limité et encadré de l’organisation du temps de travail, la priorité aux acteurs de terrain, aux acteurs de l’entreprise, employeurs et représentants des salariés, pour négocier eux-mêmes des compromis, des ajustements, des modalités définies au plus près des réalités concrètes de l’entreprise. Bref, sur ce champ là au moins, tout doit se discuter dans l’entreprise, telle est la philosophie du texte que le gouvernement tente d’imposer depuis plus de trois mois. Le paradoxe et le problème, viennent du fait que l’Etat fait exactement l’inverse dans le cas de la SNCF. Non seulement, l’Etat ne laisse pas négocier les différentes parties prenantes de l’entreprise, mais il sort du jeu la direction et son PDG Guillaume Pépy, et c’est le ministre des transports lui même qui prend la main et décide des concessions à accorder aux syndicats grévistes. Comme si nous étions encore dans une économie administrée. Cette intrusion très politique répond certes à une mobilisation très politique du principal syndicat qu’est la CGT, mais elle brouille ou plutôt contredit totalement la ligne que s’est construite le gouvernement.
La ligne du gouvernement : celle de la démocratie sociale
Le gouvernement donne la fâcheuse impression, à travers le cas de la SNCF, que la démocratie sociale, est utilisée quand ça arrange et quand ça n’arrange plus, on en revient au bon viel interventionnisme. Le gouvernement pourra toujours dire que la droite n’a pas fait mieux, et c’est vrai, qu’elle est elle-aussi intervenue régulièrement dans les affaires de la SNCF, et rarement pour le meilleur. La SNCF n’a cessé d’être une entreprise très politique. Le paradoxe final, c’est qu’en agissant ainsi, l’Etat actionnaire désavoue d’abord les syndicats réformistes qui eux discutaient avec leur direction, et semble ensuite donner raison à la CGT, qui a d’emblée politisé le mouvement. au total, c’est une grande régression pour le dialogue social que la loi travail était cessée incarner.
Vincent Giret, du journal Le Monde.
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