Salaire, emploi, diplôme... En France les inégalités progressent, selon un rapport

"La France n'est pas loin des États-Unis et du Royaume-Uni, parmi les pays riches où les inégalités (de revenus) sont les plus élevées", a affirmé lors d'une conférence de presse, mardi, l'un des deux auteurs du rapport, Louis Maurin, directeur de l'Observtoire des inégalités.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
En France, les inégalités restent profondes. (photo d'illustration). (KLAUS VEDFELT / DIGITAL VISION / VIA GETTY)
En France, les inégalités restent profondes. (photo d'illustration). (KLAUS VEDFELT / DIGITAL VISION / VIA GETTY)

La France reste un pays particulièrement inégalitaire, dans lequel une "fracture sociale" se creuse, ce qui alimente les tensions dans la société, alerte l'Observatoire des inégalités, selon son rapport publié mardi 3 juin. Les inégalités n’explosent pas, mais elles progressent, c’est ce que montre l'Observatoire des inégalités, organisme indépendant qui compile de nombreuses données, notamment de l’INSEE et des ministères. Si les écarts entre les revenus des pauvres et des riches tendent à se creuser, c’est surtout parce que le niveau de vie des catégories populaires stagne et que la situation se dégrade surtout pour les plus mal logés et les plus démunis.

En 2025, en France, les 1% les plus riches, gagnent plus de 7500 euros par mois et les 10% les plus riches touchent 3 600 euros mensuels pour une personne seule. C’est environ trois fois et demie de plus que les 10% plus pauvres, qui, vivent avec moins de 1 080 euros par mois, toujours pour une personne seule.

Même si les impôts et prélèvements, dont le niveau est un des plus élevés au monde, permettent en partie de réduire ces écarts, l’Observatoire estime que la thèse selon laquelle notre pays serait très égalitaire est tout simplement fausse. C’est selon lui une hypocrisie.

Des inégalités profondes

Le problème est que ces inégalités s’ancrent très tôt, dès l’enfance. L’école ne parvient pas à casser ce déterminisme social, loin de là, il s’amplifie. Ainsi, les filles et fils d’ouvriers sont 6,5 fois plus nombreux en CAP que les enfants de cadres. À l’université, c’est encore plus criant puisque 73% des enfants de cadres ou de professions intermédiaires font des études après bac, soit deux fois plus que les enfants d’ouvriers ou d’employés.

Dans une France qui valorise le diplôme, ce constat se répercute dans le monde du travail, en termes de salaire, mais aussi sur les conditions de travail. Le rapport parle "de fracture sociale majeure dans les conditions de travail", c’est-à-dire en termes de pénibilité du travail.

Selon le rapport, le travail devient de plus en plus pénible, mais pas pour tout le monde, car c’est surtout pour les ouvriers que le travail devient dur. Près de 70% d’entre eux déclarent subir dans leur travail au moins trois contraintes physiques pénibles, comme rester longtemps debout ou porter une charge, contre 7% à peine des cadres. Dans ces cas aussi, ces écarts s’aggravent ces dernières années.

L'Observatoire des inégalités met en lumière des données intéressantes au moment où les partenaires sociaux débattent justement de ces questions dans le conclave retraite. Pour le sociologue Louis Maurin, à la tête de cet observatoire, "On peut continuer à ignorer toutes ces alertes [sur l’accroissement des inégalités] mais il ne faut pas se plaindre des conséquences politiques de cette surdité".

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