Quel serait le coût de la suspension de la réforme des retraites ?

Pour ramener de la "stabilité" dans le pays, l’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, propose, mercredi, de mettre en pause cette réforme l’année prochaine. Cette possibilité a un coût pour l’économie française.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une manifestation contre la réforme des retraites, pour l'emploi et les salaires, à l'appel de la CGT, à Strasbourg, le 5 juin 2025. (LAURENT REA / MAXPPP)
Une manifestation contre la réforme des retraites, pour l'emploi et les salaires, à l'appel de la CGT, à Strasbourg, le 5 juin 2025. (LAURENT REA / MAXPPP)

Face à la crise politique, Élisabeth Borne, dans une interview au Parisien, mercredi 8 octobre, se dit favorable à une suspension de la réforme des retraites en 2026. Le coût pour nos finances publiques d'une mise sur pause de cette réforme, avec un âge de départ à 63 ans, est estimé à huit milliards d'euros par an à horizon 2030, d'ici cinq ans. Si on se réfère au rapport de la Cour des comptes sur les retraites, remis en février 2025 à François Bayrou, il est inscrit page 72 du rapport qu'une suspension de la réforme Borne à 63 ans coûterait autour de 13 milliards d'euros par an à horizon 2035. Une suspension de la réforme Borne en 2026 reviendrait à fixer à 63 ans l'âge de départ. Cette réforme prévoit, en effet, un passage progressif de l'âge légal de départ dans le privé de 62 à 64 ans, à raison d'un trimestre supplémentaire par an.

Dans les coûts estimés par la Cour des comptes, il y a d'une part les pensions de retraite à verser en plus, puisque moins de gens partiront que prévu, ce qui représente 5,8 milliards d'euros. Somme à laquelle il faudra ajouter les effets d'une activité en moins, c'est à dire les cotisations en moins de ceux qui auraient dû travailler plus longtemps. L'impact sur les impôts sur le revenu que ces Français auraient payé, tout comme les recettes de TVA, car ils auraient certainement plus consommé en étant actif plus longtemps, est aussi à prendre en compte. Selon le rapport de la Cour des comptes, toutes ces données sont évaluées à 7,2 milliards d'euros. On arrive donc à 13 milliards d'euros à horizon 2035.

Moins coûteux qu’une crise de régime ou que la taxe Zucman ?

Les comptes de la France sont déjà dans le rouge, mais pour une partie de la classe politique, finalement, le prix à payer pour trouver une stabilité aujourd'hui : c'est cette réforme. C'est moins coûteux qu'une crise de régime ou même qu'une taxe Zucman qui, selon le patronat, risquerait de mettre l'économie à terre. Le risque toutefois que les marchés nous sanctionnent, en estimant que l'on aggrave encore notre déficit et notre dette, reste difficile à évaluer. D'où la prudence tout de même de l'exécutif qui évoque une suspension, un décalage de la réforme et pas une abrogation totale.

Pour les Français qui ont déjà reporté leur départ ces derniers mois, pas de changement aujourd'hui, ils partent à 62 ans et trois trimestres. La prochaine échéance qui rajouterait un trimestre est prévue à septembre 2026. Si la réforme est suspendue en 2026, cela signifierait un arrêt des compteurs à 63 ans. Quant à la suite, c'est 2027. Entre-temps, il y aura eu normalement une élection présidentielle, qui aura rebattu les cartes sur ce sujet, ou pas.

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