Quel est l’état de la France ?
Quel est l’état de la France, c’est la question que s’est posée le Conseil économique et social dans son rapport annuel présenté mardi. Quel diagnostic l'instance pose-t-elle sur le pays et sur la société civile ?
On pourrait dire qu'il s'agit d'un "rapport de plus". Il est vrai que la France doit être championne du monde de l’introspectio, tant les experts en tout genre se sont penchés depuis trente ou quarante ans sur les maux dont souffre la France, souvent d’ailleurs pour dire des choses assez semblables, qui hélas, n’ont pas ou peu de prise sur les réalités. Pourtant, le rapport dont je veux vous parler ce matin renouvelle le genre par la démarche, par le ton, et par les indicateurs que les membres du Conseil économique et social ont choisi de mettre en avant. Il ne s’agit plus de se focaliser sur le taux de croissance et les chiffres macro-économiques et globalisants des tableaux des bords traditionnels, mais au contraire de se rapprocher du réel, du ressenti des Français, sur leur situation personnelle, des indicateurs plus subjectifs, mais désormais crédibles, depuis que des économistes ont travaillé sur les manières de mesurer l’état de satisfaction ou d’insatisfaction d’une population. La nouveauté de la démarche, c’est aussi que ces indicateurs vont être suivis chaque année pour mesurer les avancées ou pointer du doigt l’inefficacité des politiques publiques. Et dans un pays qui n’a pas vraiment de culture de l’évaluation, c’est nouveau et intéressant comme dit la publicité.
Quelles leçons principales peut-on tirer de ce rapport ?
La première, c’est que notre pays a un mal fou à préparer l’avenir. Les mutations en cours sont profondes et multiples, dans l’économie, dans le travail, dans la société, et la France peine à se projeter. Le problème, nous dit le Conseil économique et social, ce n’est ni l’Europe, ni même la mondialisation, c’est notre capacité à bouger alors que la France a de nombreux atouts. L’exemple de la recherche est particulièrement éloquent : la France a d’excellents chercheurs, bien formés, mais ils disposent de beaucoup moins de moyens que leurs collègues étrangers. Pire : la France risque désormais un décrochage en matière de recherche, qu’il faut traiter en mobilisant à la fois de l’argent public et de l’argent privé par des politiques incitatives.
Les raisons précises du pessimisme français
On décrit parfois le malheur français comme un vieux trait culturel qui remontrait à la fin du règne de louis XIV. Les auteurs du rapport nous disent au contraire que les raisons du pessimisme français sont bel et bien réelles, qu’on les connaît et qu’il est temps de les prendre à bras le corps : quatre décennies de chômage de masse, un durcissement des conditions de vie de la jeunesse et un décrochage scolaire massif et persistant. Ce sont ces défaillances françaises qui nourrissent notre angoisse collective. Mais les mots de ce rapport résonnent aussi fortement à l’approche de l’élection présidentielle sous la forme d’un avertissement. Ce qui manque le plus aux Français pour se projeter dans l’avenir, c’est un grand récit, une explication crédible et intelligente du monde et de ses mutations. Une explication qui ne doit pas tomber d’en haut, mais se construire dans un dialogue avec les Français. Bref, il y a dans ce rapport quelques vérités utiles que les candidats auraient bien tort de négliger.
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