Paritarisme : les leçons paradoxales du désaccord sur l'assurance chômage
Après l’échec des négociations sur l’assurance chômage, jeudi, la question est sur toutes les lèvres : faut-il en finir avec le paritarisme ?
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La fin du paritarisme : le sujet est en apparence aride, mais il est sans aucun doute décisif pour l’avenir de notre modèle social, de notre Etat-providence, de notre système de santé ou de retraite ou d’assurance chômage. Le constat d’abord : il n’a fallu jeudi que 20 minutes aux représentants patronaux et syndicaux pour signifier leur constat d’échec, dans la négociation sur l’assurance chômage. Cela faisait des mois que les partenaires sociaux discutaient, négociaient : il n’y a pas eu de miracle, les représentants des employés et employeurs ne sont d’accord sur rien. Les patrons ont multiplié les ultimatums et les syndicats de salariés ne veulent pas endosser des mesures douloureuses dans un contexte général d’extrême tension sociale.
Les règles actuelles vont donc être reconduites par le gouvernement, sans changement, sans réforme de fond. L’assurance chômage va donc rester lourdement déficitaire : -25 milliards d'euros en 2015, peut-être -29 milliards à la fin de cette année, et -35 milliards en 2018. La Cour des comptes va une nouvelle fois s’étrangler, rappeler à nouveau que cela n’est pas raisonnable. Mais l’Etat continuera à régler l’addition et à accumuler les dettes pour les générations suivantes.
Les limites du système
On touche sans aucun doute aux limites du système. C’est pour ça que beaucoup mettent désormais en cause le choix fait au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale de confier la gestion des grands risques que représentent le chômage, la santé mais aussi la retraite et la formation professionnelle aux partenaires sociaux. C'est à dire à des structures où les représentants des employés et des employeurs siègent à égalité, à parité. Nombreux sont ceux qui pensent aujourd’hui qu’en période de crise, les partenaires sociaux ne peuvent pas assumer des décisions douloureuses que l’Etat, qui incarne l’intérêt général et finance les déficits, devrait pouvoir assumer clairement, politiquement, devant tous les Français.
Une démonstration par l'absurde de l'intérêt de la loi El Khomri
La leçon politique de cet épisode est totalement paradoxale et pleine d’ironie. Les partenaires sociaux auraient voulu donner une preuve de la nécessité de ce qui fait le cœur de la loi El Khomri, ils ne s’y seraient pas pris autrement : l’échec de la négociation sur l’assurance chômage montre qu’au niveau national, les partenaires sociaux sont désormais incapables de s’entendre. Les postures, le théâtre politique, et la difficulté des mesures à prendre ont tout bloqué et empêchent désormais tout accord raisonnable et innovant. Les compromis aujourd’hui, dans le domaine social, sont trouvés dans les entreprises, au plus près des réalités, là où il y a des salariés et des employeurs formés à la négociation de terrain, sur des sujets concrets, avec de mesures dont l’effet est quantifiable, vérifiable pour chacun. Or, on le sait, le principe même de la loi El Khomri et de son article fondateur, l’article 2, c’est de donner plus de liberté, plus de champ à la négociation en entreprise. Dans les entreprises, la CGT signe, il faut le rappeler, plus de trois accords sur quatre. Il faut parfois des démonstrations par l’absurde pour pouvoir changer les choses.
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