Mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre : quels coûts potentiels pour l'économie ?

Le mouvement appelle à mettre l’activité à l’arrêt, la France à genoux. Mais quelles seront les conséquences sur l'activité économique ? Tous les secteurs seront-ils impactés de la même manière ?

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestants bloquent le viaduc de Calix, lors de l'appel "Bloquons tout", à Caen, le 10 septembre 2025. (LOU BENOIST / AFP)
Des manifestants bloquent le viaduc de Calix, lors de l'appel "Bloquons tout", à Caen, le 10 septembre 2025. (LOU BENOIST / AFP)

Le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre repose sur des appels à la grève classiques, mais aussi à bloquer des sites stratégiques, des axes routiers, à rester chez soi, ou encore à ne pas consommer. Impossible donc de faire des comparaisons précises, même avec le mouvement des gilets jaunes, qui avait lieu les samedis. Là, c’est un mercredi, ce qui n’a pas le même impact sur l’économie.

Certains secteurs risquent toutefois d’être particulièrement touchés comme les commerces, surtout s’il y a de la casse. La fréquentation des magasins, des restaurants promet donc d’être affectée. Du côté des transports, tout dépend si l’appel à la grève à la SNCF, lancé par la CGT et Sud Rail, va être suivi. La direction de la compagnie estime que chaque jour de grève lui coûte en moyenne autour de 20 millions d’euros. À la RATP, c’est autour de trois millions perdus par jour.

Des pertes économiques faibles

Ce mouvement peut-il freiner notre croissance ? D’un point de vue macroéconomique, "non" répondent la plupart des économistes, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les Français s’organisent. Certains télétravaillent, d’autres posent des jours de récupération ou de RTT. Ensuite, il y a ce que les économistes appellent "l’effet rebond" : on s’organise, c’est-à-dire que l’on repousse les rendez-vous prévus, les déplacements, de quelques jours, donc l’activité n’est pas perdue, elle est simplement ajournée.

De la même façon, si on ne peut pas faire ses courses dans le magasin, on se reporte sur une commande en ligne. C’est ainsi que certains secteurs sont gagnants. Dans les transports, par exemple, le ferroviaire y perd, mais les taxis, les Flixbus et les autres modes y gagnent. Résultat : entre les perdants et les gagnants, les choses s’équilibrent et d’un point de vue global, les pertes pour l’économie sont faibles.

Un risque pour l'image de la France

Même si le mouvement dure plusieurs jours, l’impact sur le PIB restera très faible. Comme on a pu le constater lors des grands mouvements sociaux, de Mai 68 au long conflit contre la réforme des retraites de 2019, en passant par celui de 1995.

En revanche, la conséquence sur la réputation est plus difficile à mesurer, surtout à l’heure des réseaux sociaux. Les images d’une France bloquée, à l’arrêt, diffusées partout dans le monde, surtout s’il y a de la violence, peuvent conduire les touristes à revoir leurs voyages, les investisseurs étrangers à revoir leurs projets et à se détourner de la destination France.

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