Le décryptage éco. Qui seront les perdants de la réforme de l'assurance chômage ?

L’organisme qui gère l’assurance chômage – l’Unédic –  publie mardi 24 septembre des études d’impact de la réforme qui rentrera en vigueur le 1er novembre prochain. La réforme promet de changer la donne pour de nombreux chômeurs. On aura le détail précis, mais selon des indiscrétions, on sait déjà qu’au moins quatre chômeurs indemnisés sur 10 vont être impactés par le changement de règles, soit plus d’un million de personnes sur les 2,5 millions de chômeurs indemnisés qui vont y perdre.   

Au moins un million de chômeurs concernés

Qui seront les plus impactés ? Déjà, les nouveaux inscrits, parce qu’il va falloir avoir travaillé plus longtemps qu’avant pour pouvoir prétendre à une allocation : au moins six mois dans les 2 dernières années, alors qu’avant c’était quatre mois sur les 28 derniers mois. Cela va freiner l’entrée dans le système des jeunes notamment  

Pour plus de 850 000 personnes, l’allocation devrait baisser en moyenne de plus de 20% par rapport au système actuel. Certains demandeurs d'emplois perdront même jusqu'à la moitié de ce qu'ils auraient touchés dans la convention actuelle. Tout simplement parce qu’elle ne sera plus calculée de la même manière : la période de référence ne sera plus la journée mais le mois, ce qui sera nettement moins avantageux. Les hauts salaires, les cadres qui gagnent plus de 4 500 euros brut par mois, verront leurs indemnités chômage baisser de 30% à partir du 7e mois à Pôle emploi, c’est ce qu’on appelle la dégressivité.   

Ceux qui cumulent chômage et activité vont aussi être nombreux à être pénalisés puisqu’ aujourd’hui, un allocataire sur deux travaille tout en étant inscrit à Pôle emploi. Avant, si vous étiez au chômage, mais que vous travailliez un peu, vous rechargiez vos droits, en gros, cela vous redonnait de l’indemnité, ce sera toujours le cas mais avec la réforme, il faudra travailler six fois plus longtemps pour pouvoir acquérir ces nouveaux droits. Par ailleurs, les entreprises qui enchainaient les CDD seront aussi pénalisées.  

Les syndicats sont vent debout

Pour Laurent Berger à la CFDT, la réforme sera sanglante. FO et la CGT sont aussi très remontées. Même le patronat est mécontent, ce qui n’arrange rien dans le contexte de la grogne sociale contre la réforme des retraites. Mais, le gouvernement se défend : le système actuel permettait à un chômeur sur cinq de pouvoir toucher plus à Pôle emploi qu’en travaillant, aussi fallait-il corriger cela. La réforme va créer aussi de nouveaux avantages : ceux qui démissionneront de leur postes pourront, selon certaines conditions, avoir droit à une allocation chômage. Idem pour les indépendants. Toutes ces mesures devraient rapporter plus de trois milliards d’euros d’ici 2021.