Le décryptage éco. Pourquoi la guerre entre taxis et VTC reprend
Et revoilà l’affaire des taxis contre les VTC. On croyait la bataille éteinte, mais elle repart de plus belle. À l'origine de la discorde, un projet de loi qui serait trop favorable aux taxis.
La bataille des taxis a repris, et c’est une nouvelle manche qui se joue ces jours-ci au Sénat. Et ce feuilleton n’est sans doute pas prêt de se terminer tant il est emblématique, révélateur de notre difficulté à inventer un chemin qui ne soit pas seulement limitatif, obscur, et répressif pour l’économie numérique, celle des plateformes qui bouleversent les rentes et des modèles économiques anciens. Alors mardi 18 octobre, c’est d’abord au sein du groupe Les Républicains que la bataille sera vive. Figurez-vous que des frondeurs favorables aux plate-formes numériques sont apparues, puis la bataille se poursuivra en réunion de commission toujours ce matin. Objet du débat : un projet de loi, qu’on croyait au départ assez consensuel, venu du Parti socialiste, rédigé par Laurent Grandguillaume et déjà adopté par les députés cet été. L’ambition affichée était de pacifier enfin les relations entre les taxis traditionnels, on le sait très bien organisés, la myriade d’entreprises de VTC – (les véhicules de transport avec chauffeur) qui ont fleuri ces dernières années au point d’occuper aujourd’hui, dans les grandes villes, une part significative d’un marché en pleine dynamique.
Quel est cette fois l’objet du conflit ?
La bande des onze sénateurs, Les Républicains ou centristes, parmi lesquels Gérard Longuet, Jean-Marie Bockel, Louis Négre, Cyril Pelevat, dénoncent un projet de loi qui selon eux beaucoup trop favorable aux taxis traditionnels, et qui risque de casser la dynamique des entreprises de VTC, et même de condamner certaines d’entre elles à fermer la porte. Ces sénateurs sont remontés à bloc et ils veulent se saisir de cette occasion pour en faire un cas d’école d’une régulation dite intelligente dans un secteur en pleine mutation, c’est-à-dire une régulation qui laisse se construire de nouveaux acteurs et qui permet à l’économie numérique de s’épanouir, de créer de nouveaux emplois (10 000 depuis trois ans) et de nouveaux modèles économiques, en aidant si possible des acteurs français à grandir face aux géants américains type Uber.
Quand vous regardez le détail du projet de loi, il apparaît c’est vrai, clairement déséquilibré. Tout semble fait pour limiter l’offre des VTC, limiter la concurrence, presque l’étouffer : jugez plutôt, ne parlons que de la formation, sujet sur lequel a priori tout le monde devrait être d’accord, l’obligation d’une formation, c’est difficilement contestable. Et pourtant :
1 – Ce projet limite dans les faits le nombre de sessions d’examens : par exemple, sur les dix mois qui viennent de s’écouler, il y a eu 5 mois sans examen.
2 – L’organisation de ces examens est confiée à la chambre des métiers et de l’artisanat, là même où sont massivement représentées les sociétés de taxis traditionnels. Ça crée au minimum une légère suspicion.
3 – Ces formations devront compter 250 heures, c’est cinq fois plus que ce qu’il faut pour apprendre à conduire un hélicoptère.
4 - Il y a des questions de cultures générales hallucinantes : comme par exemple, "Que permet de calculer la formule du binôme ?", pardonnez moi mon inculture mais je ne peux pas vous expliquer ce que c’est, ou encore "Que désigne l’époque victorienne ?", c’est un peu plus facile mais quand même. Autant dire que ces questions, ont été clairement prises par les apprentis chauffeurs comme relevant d’une pure logique d’exclusion sociale. Bref, il faudra être très très fort pour obtenir une licence de chauffeur de VTC.
Que veulent faire ces sénateurs ?
Ces sénateurs veulent rééquilibrer cette première loi emblématique de la régulation de ce qu’on appelle "l’ubérisation" de l’économie. Ça sera très intéressant de voir sur quel levier ils voudront jouer. A l’évidence, il apparaît plus pertinent de tout faire pour que Uber paie enfin des impôts en France et pour faire grandir des acteurs français, plutôt que d’étouffer un secteur qui a le vent en poupe. Il faudra donc voir leur capacité à entraîner et à convaincre leurs collègues. C’est au Sénat que ça se passe, c’est un peu inattendu, mais tant mieux, voilà un vrai beau débat qui commence ce matin même. Et on peut dire merci au Sénat.
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