Le Danemark passe à la retraite à 70 ans, modulée en fonction de l'espérance de vie

Le Parlement danois a adopté, jeudi, une loi relevant l’âge légal de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 67 ans, en l'indexant sur l’espérance de vie. Une petite révolution.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Mette Frederiksen, la Première ministre danoise, à Rome, en Italie, le 22 mai 2025. (STEFANO COSTANTINO TTL / AVALON / MAXPPP)
Mette Frederiksen, la Première ministre danoise, à Rome, en Italie, le 22 mai 2025. (STEFANO COSTANTINO TTL / AVALON / MAXPPP)

Jeudi 22 mai, le Parlement danois a voté : l’âge légal de départ à la retraite passera à 68 ans d’ici cinq ans, avant d’atteindre 70 ans à partir de 2040, sachant qu’aujourd’hui, il est fixé à 67 ans. Définir l’âge de départ en fonction de l’espérance de vie, en prévoyant des ajustements, tous les cinq ans ce n’est pas tout à fait nouveau pour le Danemark, qui a déjà intégré depuis plusieurs années, ce principe du "travailler plus longtemps parce qu’on vit plus longtemps". Il n’est pas le seul en Europe, l’Italie, les Pays-Bas, ou encore le Portugal prennent en compte aussi ce critère de l’espérance de vie dans le pilotage de leur régime.

Mais le système danois de retraites est différent du nôtre, c’est un système mixte qui combine une retraite publique universelle si on caricature un peu, et un fonds de pension obligatoire par capitalisation. Une retraite publique universelle, ça signifie que tout le monde est obligé d’adhérer au système. Pour les retraites, salariés comme indépendants paient un impôt en fonction de leurs ressources, ce qui abonde un socle commun.

Le salarié danois cotise pour lui-même

Le régime danois est aussi un système par capitalisation contributif. C’est-à-dire qu’en plus, les travailleurs danois ont aussi un pourcentage de leur salaire ponctionné pour leur retraite, comme pour nous. À ceci près, qu’ils ne paient pas pour les pensions de leurs parents. Le capital ponctionné au salarié danois lui revient, il finance sa propre retraite, c’est de la capitalisation. Alors que dans notre régime français par répartition, celui qui travaille finance la pension de ses aînés et non sa propre retraite, c’est une vraie différence de philosophie.

Un départ à 70 ans, semble assez improbable en France. La réforme d’Emmanuel Macron de 2023 instaure la mise en place d’un départ progressif à 64 ans et tous les syndicats militent pour un retour à 62 ans. Mais dans le conclave retraite, qui réunit actuellement les partenaires sociaux, le nouveau patron de la CPME, Amir Reza Tofighi porte cette idée d’indexer l’âge de départ sur l’espérance de vie. Les syndicats ont vite fermé le ban, au motif que prendre en compte ce critère peut paraître plus difficile qu’il n’y paraît. Faut-il se fier à l’espérance de vie tout court, ou à l’espérance de vie en bonne santé ? Et puis, il y a de vraies différences entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les professions. En France, selon l’Insee, un ouvrier meurt encore en moyenne un peu plus de cinq ans avant un cadre. Reste que l’exemple danois va à coup sûr relancer les débats.

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