Industrie de défense : "Nous ne sommes pas dans le Top 10 mondial", regrette le patron d'Airbus au salon du Bourget

C’est un cri d’alarme qu’a lancé Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, mercredi au salon du Bourget. Pourtant l'entreprise, bien qu'encore très loin derrière les Américains, se porte très bien.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury (à gauche), aux côtés du Premier ministre François Bayrou, au salon du Bourger, le 16 juin 2025. (ALAIN JOCARD / POOL / AFP)
Le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury (à gauche), aux côtés du Premier ministre François Bayrou, au salon du Bourger, le 16 juin 2025. (ALAIN JOCARD / POOL / AFP)

Airbus est la première entreprise de défense de l'Union européenne, un fleuron dont le carnet de commandes explose et qui au salon du Bourget justement, a encore fait le plein. Le groupe a engrangé pour plus de 20 milliards d’euros de commandes. Airbus bénéficie des déboires de son concurrent Boeing et affiche des produits qui se vendent bien. Reste qu’à l’occasion d’une conférence avec les investisseurs, mercredi 18 juin au salon du Bourget à Paris, Guillaume Faury, le président exécutif a rappelé à regret qu’en réalité, Airbus ne fait pas le poids. "Nous ne sommes pas dans le Top 10 mondial", a-t-il lancé.

En termes de chiffre d’affaires, Airbus n’est qu’au 11e rang au niveau mondial des sociétés de défense et au douzième rang mondial seulement des producteurs d'armes et de services militaires, selon des chiffres de 2023. L'entreprise est très loin derrière les Américains, qui sont sur tous les podiums. L’écart est, selon le PDG, "vertigineux".

Cette différence tient aux sommes d’argent mises sur la table. Europe et États-Unis ne jouent pas dans la même cour. C’est simple, les dépenses d’équipements de défense de l’Union représentent 20% de celles des États-Unis. Le problème, c’est qu’en plus, la majorité des achats d’équipements, des commandes européennes se font en dehors de l’Europe. Il est donc fréquent que les Européens achètent du matériel aux Américains.

Droits de douane américains, guerre en Ukraine... La tendance pourrait s'inverser

La situation est en passe de changer, parce qu’avec l’arrivée de Donald Trump, certains pays revoient leur commande avec les Américains, comme le Canada qui réfléchit à revenir sur un contrat à près de 20 milliards de dollars sur des avions de chasse. Pourquoi ne pas se tourner alors vers l’Europe ?

Dans le contexte de tensions géopolitiques avec le conflit en Ukraine et le risque de retrait du soutien de Donald Trump, la plupart des pays de l’Union augmentent leur budget pour la défense. L’Allemagne évoque, par exemple, le chiffre de 5% de son produit intérieur brut pour le secteur, contre à peine 2% aujourd’hui, une petite révolution. En France, malgré les problèmes de finances publiques, le gouvernement parle d'un un objectif à 3,5% du PIB pour les armées, sans susciter pour autant beaucoup de débats.

La Commission européenne travaille aussi sur un dispositif pour favoriser les achats en commun. L’idée de faire aussi un grand emprunt pour la défense fait aussi son chemin. De quoi soutenir nos fleurons nationaux comme Airbus, Dassault, Thales, etc.

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