Budget 2025 : éviter la censure sans faire exploser les finances publiques, le nouveau défi du gouvernement Bayrou

Alors que la commission mixte paritaire sur le budget 2025 se tient jeudi, le gouvernement cherche à éviter la censure politique, sans trop faire déraper les finances publiques.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
François Bayrou, le Premier ministre, s'exprime lors de la séance de questions au gouvernement français à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 28 janvier 2025. (TELMO PINTO / NURPHOTO / AFP)
François Bayrou, le Premier ministre, s'exprime lors de la séance de questions au gouvernement français à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 28 janvier 2025. (TELMO PINTO / NURPHOTO / AFP)

Concrètement, le gouvernement Bayrou cherche à éviter que les concessions faites aux oppositions, et notamment au parti socialiste, ne soient trop coûteuses, et ce, afin de ramener le déficit à 5,4% du produit intérieur brut (PIB), en 2025. Comme annoncé, cela représente 50 milliards d’euros d’économies, c'est-à-dire 30 milliards de dépenses en moins, et 20 milliards de recettes en plus.

La crainte des financiers de Bercy, alors que la commission mixte paritaire se tient jeudi 30 janvier: c’est que toutes les mesures d’économies prévues dans le projet de loi ne disparaissent au fil des tractations politiques. On sait déjà, par exemple, que les 4000 postes dans l’Éducation nationale qui devaient être supprimés sont maintenus, que l’effort des collectivités ne dépassera pas les deux milliards contre les cinq initialement prévus, ou que les coups de rabot sur le budget du sport va être moindre. Au fur et à mesure, le volet "économies" se réduit comme peau de chagrin.

Côté dépenses, de nouvelles craintes

Certains craignent la surenchère. Le PS demande, par exemple, une "hausse de la prime d’activité", le "rétablissement des crédits du Fond vert", ou encore de l’argent en plus pour les hôpitaux. Impossible dans ces conditions de revenir à la trajectoire budgétaire promise.

Cela semble d’autant plus intenable, que le Haut Conseil des finances publiques alerte déjà. Le projet de budget de Bayrou "offre peu de marges de sécurité" en cas de mauvaise surprise en cours d’année 2025. Il est fondé sur des prévisions "volontaristes" et optimistes, ce qui n'est pas sans conséquences.

Avec un budget qui dérape, comment croire la promesse de François Bayrou de réduire progressivement le déficit pour arriver à 3% en 2029 ? La France risque de perdre en crédibilité, vis-à-vis de ses partenaires européens, mais aussi des milieux économiques. Puisqu’on laisse encore nos comptes s’enfoncer dans le rouge, les taux vont augmenter.

Tous les efforts budgétaires qui ne seront pas faits cette année seront repoussés à 2026. Il faudra ainsi trouver plus d’argent, et bien plus que 50 milliards d’euros d’économies. Ce n’est pas un hasard si les fonctionnaires de Bercy planchent déjà sur la copie de 2026, et cherchent déjà comment réduire les dépenses, notamment sociales. Si le gouvernement arrive à éviter la censure cette année, ils savent aussi que ce sera à un prix faramineux pour les finances publiques.

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