Déficit commercial de la France : le trou se creuse dangereusement

La France enregistre une nouvelle envolée du déficit de son commerce extérieur : un trou de 43 milliards d’euros au total sur le premier semestre 2025. La facture s’alourdit mois après mois.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des porte-conteneurs partent et arrivent au port de la Fosse-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Des porte-conteneurs partent et arrivent au port de la Fosse-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Il ne s’agit plus de savoir si nous battrons un record, cela est acquis. La vraie question est de savoir de quelle ampleur sera ce record à la fin de l’année. Qu'est-ce exactement que la balance commerciale ? C’est la différence entre le montant de nos exportations et celui de nos importations. Quand nous exportons nos produits à l’étranger, nous faisons rentrer de l’argent en France. Quand on importe des biens, on fait sortir l’argent pour acheter ces biens, alimentant ainsi notre déficit.

Les chiffres publiés jeudi 7 août par les douanes sont impressionnants. Notre déficit commercial du premier semestre s’élève à 43 milliards d’euros, soit 4,5 milliards de plus que la même période de l’année dernière.

Il s’explique d’abord par la baisse de la facture énergétique : nous avons exporté moins d’électricité, et comme les prix de l’énergie ont reculé, nous y avons gagné moins au change, la double peine, en quelque sorte. Le secteur aéronautique a également plombé notre déficit commercial avec, notamment, moins de ventes d’avions. Airbus a eu du mal à tenir les cadences de livraison d’appareils à ses clients internationaux.

Parallèlement, nous avons importé plus de médicaments, ce qui a accentué le déséquilibre de nos échanges commerciaux. Signe de notre perte de souveraineté dans ce secteur, les importations de produits pharmaceutiques ont atteint un record historique, essentiellement en provenance de Chine. Les importations de produits pharmaceutiques depuis Pékin ont plus que doublé en valeur à 1 milliard 100 millions entre janvier et juin de cette année contre 500 millions au premier semestre 2024.

L'impact des droits de douane encore limité

En revanche, les surtaxes douanières annoncées par Donald Trump ne sont pas responsables de ces mauvais chiffres. Les douanes, qui dépendent du ministère de l’Économie et des Finances, reconnaissent que l’impact a été limité jusqu’à présent car l’essentiel des droits de douane annoncés n’était pas encore entré en vigueur. Ce qui inquiète le gouvernement car, une fois que les surtaxes auront été appliquées, cela risque de plomber encore plus nos exportations, et donc alourdir notre déficit commercial.

L'année s'annonce mal. Dans un entretien au journal Le Monde du jeudi 7 août, le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, parle d’un "vrai signal d’alerte". Mais cela est, aussi et surtout la preuve que le tissu productif français est malade : taux d'emploi trop faible, coût du travail trop cher, fiscalité pénalisante, lourdeurs administratives… Nos PME exportatrices ne s’en sortent plus, leur perte de compétitivité les assomme sur la scène internationale et nous en payons le prix un peu plus chaque jour. Nous voyons ici le besoin urgent de vraies et sérieuses réformes structurelles.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.