Crise grecque : François Hollande a-t-il raison de ne pas s'inquiéter pour la France ?
Lundi, François Hollande a assuré que la France n'avait rien à craindre de ce qui pourrait arriver à Athènes, autrement dit qu’il n’y avait pas de risque de contagion. A-t-il raison d’être si rassurant ?
Pour répondre sur les risques que la situation en Grèce fait courir à la France, il faut examiner les arguments du président.
L’économie française, dit-il, est plus robuste qu’il y a 4 ans, sous-entendu quand la crise grecque menaçait de faire exploser toute la zone euro. C’est vrai, et François Hollande aurait pu ajouter que d’autres pays très en difficulté alors (on pense à l’Irlande, au Portugal ou à l’Espagne par exemple) sont aussi beaucoup moins fragiles au plan économique qu’il y a 4 ans.
Le deuxième argument évoqué par l’Elysée est que depuis 2011, la zone euro, certes dans la douleur, a fini tout de même par se protéger davantage. Il existe désormais ce qu’on appelle des "pare-feux", des mécanismes financiers prêts à être mobilisés en cas de besoin et une union bancaire avec une surveillance plus stricte des banques nous protège de ce que les économistes appellent "une crise systémique", c’est-à-dire une contagion d’une banque à une autre, d’un pays à un autre jusqu’à menacer le système même de l’euro.
Le président aurait pu ajouter que les banques françaises sont aujourd’hui marginalement engagées en Grèce. C’est une raison supplémentaire pour, a priori, ne pas trembler.
La France a quand même prêté 40 milliards d’euros à la Grèce. Ca n’aura pas un coût ?
Si, d’ailleurs la France s’est même engagée à hauteur de 70 milliards d’euros en Grèce via les différents mécanismes de prêt. Certes, une bonne partie de cet argent est déjà intégrée à la dette globale de la France mais un défaut grec aurait quand même un coût pour notre pays, et donc au bout du compte pour les contribuables français.
Mais le plus grand danger n’est pas encore là : en cas de défaut grec, il y aura sans nul doute une tempête sur les marchés, on a d’ailleurs déjà senti leur nervosité lundi, et donc une très probable hausse des taux d’intérêt. Cela signifierait que la France devrait emprunter plus cher, peut-être même beaucoup plus cher, l’argent dont elle a besoin pour financer sa dette, en sachant qu’un seul petit point de plus sur les taux d’intérêt coûterait déjà 3 milliards par an en plus à la France. Là le risque commencerait à devenir nettement plus sérieux.
Certains disent qu’une sortie de l’euro pourrait finalement s’organiser en bon ordre et que cela pourrait même renforcer la zone euro.
C’est une illusion totale, une pure folie : il n’y a pas de sortie de la Grèce de l’euro en bon ordre. Le choc d’une sortie serait dévastateur et la zone euro entrerait dans une période à très haut risque. En cas de nouvelle crise, car il y aura bien sûr une nouvelle crise, c’est ce que nous enseigne l’histoire des cycles économiques, les investisseurs se souviendraient alors que la zone euro n’est plus irréversible, puisqu’à l’image de la Grèce on pourrait désormais en sortir. Là la tempête pourrait se transformer en chaos général. Même les économistes comme Thomas Piketty par exemple, qui ne ménagent pas leur soutien à Alexis Tsipras, le disent sans ambages : une sortie de la Grèce de l’euro ouvrirait une crise financière, politique, stratégique d’une ampleur comme l’Europe n’en a jamais connue. On est donc loin des propos rassurants, pour ne pas dire un peu lénifiants, de notre président.
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