Budget 2026 : heures supplémentaires et primes défiscalisées ou désocialisées, le retour des vieilles recettes

Faire en sorte que le travail paie mieux, c’est une des priorités de Sébastien Lecornu. Avec cette piste : défiscaliser les heures supplémentaires. Un dispositif qui rappelle les années Sarkozy.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sébastien Lecornu, le Premier ministre, à Matignon, le 25 septembre 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Sébastien Lecornu, le Premier ministre, à Matignon, le 25 septembre 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"Le fait de vivre de son travail et le reste à vivre demeurent une des premières préoccupations des Français", soutient, jeudi 2 octobre, l'entourage du Premier ministre. C'est dans cette optique que Sébastien Lecornu étudie, notamment, la possibilité de défiscaliser les heures supplémentaires. Ce n'est pas sans rappeler le "travailler plus pour gagner plus", ce slogan de 2007, qui avait permis, entre autres, à Nicolas Sarkozy de gagner l’élection présidentielle. Il avait proposé que les heures supplémentaires, au-delà des 35 heures hebdomadaires, soient payées 25% de plus, sans charges ni impôts. Avec ce système, les 10 millions de salariés ont gagné 450 euros en moyenne de plus chaque année.

Le coût pour les finances publiques était élevé : cinq milliards d’euros par an. Le dispositif était très décrié par plusieurs économistes, notamment de l’OFCE, pour ses effets d’aubaine, les patrons préférant proposer des heures en plus à leurs équipes existantes plutôt que de recruter. Estimant que cette mesure avait coûté 100 000 emplois à l’économie, François Hollande qui espérait inverser la courbe du chômage a refiscalisé les heures supplémentaires et remis des cotisations.

Choisir entre recettes fiscales et mesures pour le pouvoir d'achat

Quand Emmanuel Macron arrive à l’Élysée, il supprime à nouveau les cotisations sur les heures supplémentaires, tout en laissant des impôts. Ce qui représente un gain pour les salariés concernés, entre 100 et 200 euros mensuels. De fait, la mesure coûte un peu moins cher aux finances publiques, environ deux milliards d’euros par an. Très vite en 2018, face à la colère des gilets jaunes, l’Élysée enlève toute fiscalité sur ces heures supplémentaires.

Il y a aussi eu la prime Macron qui était dans le même esprit. Il s'agissait de soutenir le pouvoir d’achat par le travail. Toujours pour calmer la colère des gilets jaunes, Emmanuel Macron met d’abord en place une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, sans impôt, ni cotisation. Elle a d'ailleurs très bien marché, surtout qu’elle pouvait aller jusqu’à 6 000 euros par salarié. Là aussi, c'est une aubaine pour les entreprises, y compris les plus grandes, qui l’ont massivement utilisée au grand dam des syndicats, car ces primes ont largement remplacé de vraies augmentations pérennes. Depuis le dispositif de prime Macron a beaucoup évolué, pour être finalement transformé en 2024, en "prime du partage de la valeur", rabotée et soumise à de nombreuses conditions car trop coûteuse.

Heures supplémentaires, primes défiscalisées, désocialisées… En résumé, ces mesures ont permis aux salariés de toucher immédiatement davantage d'argent, mais à chaque fois ce sont des milliards d’euros en moins dans les caisses de l’État. Que va faire Sébastien Lecornu, lui, qui n’a pas de marges de manœuvre budgétaires ?

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