Bientôt du cacao génétiquement modifié dans les barres chocolatées ?

Et si demain nous mangions des barres au chocolat génétiquement modifié, aux cacahuètes résistantes à la sécheresse, aux maladies ? Le géant de l’agroalimentaire, Mars, vient d’annoncer un partenariat avec une entreprise spécialisée dans la génétique des plantes.

Article rédigé par franceinfo - Claire Sergent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mars, le leader mondial de la confiserie chocolatée, veut mettre du cacao et des cacahuètes génétiquement modifiés dans ses produits pour pallier les problèmes d'approvisionnement (photo d'illustration). (JEFF PACHOUD / AFP)
Mars, le leader mondial de la confiserie chocolatée, veut mettre du cacao et des cacahuètes génétiquement modifiés dans ses produits pour pallier les problèmes d'approvisionnement (photo d'illustration). (JEFF PACHOUD / AFP)

Mars, le leader mondial de la confiserie chocolatée avec plus de 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires, à qui l'on doit M&M's ou encore Whiskas et Royal Canin, vient de signer un partenariat avec Pairwise, spécialiste de l’édition génétique. L’objectif de la compagnie américaine : s’assurer qu’elle n’aura plus de problèmes d’approvisionnement de cacao.

Le cacao vient principalement de Côte d’Ivoire et du Ghana, mais ces dernières années, la production a fortement chuté. La faute aux mauvaises conditions climatiques et aux maladies. Le cacao se fait rare et il coûte donc plus cher. Le prix des fèves de cacao a quadruplé en trois ans. Alors Mars déclare dans un communiqué vouloir accélérer le développement de cacaoyers plus résistants, grâce aux NGT, les nouvelles techniques génomiques développées par Pairwise, et s’attelle à faire de même pour les cacahuètes.

Les NGT, plus loin que les OGM

Ceux qui développent ces NGT expliquent qu’elles ont dépassé les OGM. Les mutations ne viennent pas d’autres espèces mais de la même plante. On arrive à intégrer uniquement les gènes intéressants, affirment-ils. Pour eux c’est l’avenir, le moyen de s’assurer qu'il n’y aura plus de problèmes d’approvisionnement. Ils soulignent aussi, que des plantes plus résistantes, c’est moins de pesticides. Un argument souvent entendu pour les OGM mais démenti, rappelle l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae). Des études ont montré que l'utilisation d’insecticides a continué à augmenter avec des cultures OGM.

Aux États-Unis les OGM et les NGT sont autorisés. Là-bas Mars fait ce qu’il veut avec ses friandises chocolatées. Mais en Europe et en France, c’est interdit. Même si des pourparlers sont en cours depuis mai 2025, pour assouplir un peu la réglementation, pour le moment les discussions patinent. Le problème majeur, comme le rappelle la sénatrice Karine Daniel, autrice d’un rapport sur ce sujet, c’est que la recherche publique est à la traîne. Aux États-Unis, les études sont faites par les mêmes firmes privées qui développent ces technologies, difficile d’être objectif.

Mais l’Europe pourrait-elle continuer à rester un bastion les interdisant quand les pays avec qui elle développe des accords de libre-échange les utilisent ? La question est posée par l’économiste aux chambres d’agriculture, Thierry Pouch. Ces partenaires commerciaux risquent de pousser pour qu’ils finissent par entrer dans les quotas d'aliments qu’ils ont le droit d’exporter au sein de l'Union européenne.

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