Alternance : près de 65 000 postes détruits dans les prochains mois, selon l'Insee

L'institut pointe, dans une note de conjoncture publiée jeudi, la baisse du soutien public et souligne également la probabilité que le chômage remonte.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Depuis 2017 près de 870 000 jeunes ont trouvé des contrats d’alternances. Photo d'illustration. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)
Depuis 2017 près de 870 000 jeunes ont trouvé des contrats d’alternances. Photo d'illustration. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Difficultés en vue pour les jeunes qui cherchent à entrer sur le marché du travail. D’ici la fin de l’année 2025, 65 000 postes d'alternants devraient disparaître, c’est ce que prévoit l’Insee dans sa note de conjoncture, publiée jeudi 11 septembre. En cause : la baisse importante des aides aux entreprises quand elles embauchent un alternant.

Pour des raisons budgétaires, les primes incitatives que touchent les employeurs, pour prendre un apprenti, ont été diminuées de façon importante le 1er juillet 2025. En plus, un reste à charge obligatoire pour l’employeur a été instauré. Il est de l'ordre de 750 euros pour participer au coût pédagogique des contrats pour les apprentis, qui préparent un diplôme au-dessus de Bac +3.

Les patrons étaient montés au créneau contre ce coup de rabot, alors que l’apprentissage décollait enfin dans notre pays, puisque depuis 2017 près de 870 000 jeunes ont trouvé des contrats d’alternance. Mais ces politiques de soutien ont souvent été pointées du doigt par la Cour des comptes ou des économistes de l’OFCE. Elles représentent plusieurs dizaines de milliards d’euros par an pour les finances publiques, d’où les coupes budgétaires de Bercy.

Un risque de destruction d'emplois au plus haut depuis 10 ans

Les conséquences se mesurent maintenant, parce que c’est souvent en septembre/octobre que les employeurs repartent ou non avec un alternant dans leurs effectifs. Ces deux mois correspondent aux calendriers universitaires. Cette année, entre instabilité politique et manque de visibilité économique, les employeurs ont plutôt le pied sur le frein. Beaucoup de patrons expliquent que pour prendre un alternant, il faut avoir des choses à lui faire faire, et vu l’incertitude sur les carnets de commandes, ils préfèrent s’abstenir. C’est pareil pour l’emploi intérimaire, qui a tendance à se réduire ces dernières semaines.

L’Insee avait montré que les contrats d’apprentissage comptaient pour au moins un tiers dans la baisse du chômage enregistrée ces dernières années. Donc le chômage va probablement remonter. L’Insee exprime d’ailleurs de fortes inquiétudes en matière de destruction d’emplois, redoutant une vague pas vue depuis dix ans, si on met de côté la crise Covid. Aujourd’hui en France, le taux de chômage au sens du BIT, le bureau international du travail atteint 7,5 %.

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