L'huile d'olive : un luxe pas aussi vertueux que prétendu
Si l'huile d'olive est vantée pour ses bienfaits, une enquête du magazine "60 Millions de consommateurs" soulève des interrogations. Parmi les 22 huiles testées, Patricia Chairopoulos explique qu'aucune n'échappe aux contaminants, et la qualité gustative laisse à désirer, même parmi les plus chères.
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Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'huile d’olive n’est pas aussi vertueuse qu’on veut bien le dire. 60 millions de consommateurs a enquêté sur 22 produits. Résultat, "la plupart des huiles testées montrent une légère oxydation, un tiers de notre panel présente un défaut sensoriel et surtout, nous avons retrouvé au moins un contaminant dans toutes les bouteilles", explique Patricia Chairopoulos, cheffe de rubrique alimentation et environnement du magazine 60 millions de consommateurs.
franceinfo : L’huile d’olive devient un produit de luxe aujourd’hui ! Qu'est-ce qui justifie ce prix ?
Patricia Chairopoulos : C’est vrai que l’huile d’olive est devenue un produit cher, même en choisissant des marques de distributeurs, il est quasi impossible de trouver, en supermarché, une bouteille d’huile d’olive vierge extra à moins de dix euros le litre. Dans notre panel de 22 huiles, les prix vont de 10 à 60 euros/litre. Cette inflation provient avant tout de la mauvaise production d’olives en 2024, due à des épisodes de sécheresse prolongée surtout en Espagne. Or ce pays est le plus gros exportateur au monde d’olives.
Le jeu en vaut la chandelle ? Le prix est-il toujours justifié par la qualité ?
On voit d’après nos résultats que des huiles à des prix corrects peuvent être de bonne qualité. Les prix élevés concernent surtout les huiles d’olive de France, ce qui s’explique par notre très faible production comparée à celle des mastodontes que sont l’Espagne ou encore la Tunisie. Mais il peut aussi y avoir du marketing, avec une bouteille qui présente l’huile d’olive comme un produit alimentaire quasiment de luxe.
Vous dites qu’on peut trouver des huiles d’olive vierge extra à 60 euros le litre. Ça veut dire quoi "vierge extra" ?
"Vierge" signifie que les huiles proviennent directement de l’olive, par simple pression mécanique ou selon la méthode moderne, par centrifugation ou décantation. La mention "extra" exige que l’huile réponde aux critères physico-chimiques et sensoriels définis par le règlement européen de 2022 sur les normes de commercialisation de l’huile d’olive.
Est-ce qu'il y a des fraudes ?
L'huile d'olive peut subir de nombreuses fraudes de surcroît avec la valse de ses prix. Il peut s’agir de fausses étiquettes, de falsification du pays d’origine, de dilution avec d’autres huiles moins coûteuses. D’où l’intérêt de vérifier cette qualité avec nos propres analyses, mené par un laboratoire spécialisé et indépendant. Mais sur notre panel de 22 huiles, nous n’avons pas détecté de fraudes comme le mélange avec une autre huile.
Vous avez mesuré plusieurs critères sur les 22 produits testés, il en ressort quoi ?
La bonne nouvelle est que toutes les huiles testées sont conformes quant à leur composition en acides gras et stérols. Mais malgré tout, les résultats ne sont pas très bons : la plupart des huiles testées montrent une légère oxydation, un tiers de notre panel présente un défaut sensoriel et surtout, nous avons retrouvé au moins un contaminant dans toutes les bouteilles.
Ce que l’on remarque dans votre enquête c’est qu’aucune référence n’échappe aux contaminants, même les plus chères !
Aucune, que la référence soit conventionnelle ou biologique, chère ou pas. Cela interroge sur la vigilance des fabricants tout au long de la chaîne de production, de la récolte des olives à la mise en bouteille de l’huile.
Est-ce que vous avez trouvé des substances nocives pour la santé ?
Oui, et c’est bien cela qui nous interpelle. D’une part, nous avons retrouvé un à trois plastifiants, ou phtalates, dans tous les échantillons. Or, un nombre croissant d’études démontre le risque sur la santé de certains d’entre eux, comme le DEHP, identifié perturbateur endocrinien. Certes, les quantités que nous avons retrouvées restent très faibles, mais la réglementation européenne interdit l’utilisation de matériaux contenant des phtalates dans la chaîne de production et de stockage des corps gras comme l’huile d’olive. Il y a aussi des hydrocarbures. Ce sont des dérivés du pétrole. Deux d’entre eux ont été recherchés, les MOSH et surtout les MOAH, qui sont carcinogènes. Toutes les références contiennent au moins l’un des deux contaminants. Heureusement que quelques-unes sont exemptes de MOAH.
Est-ce que vous avez été déçue au niveau du goût ?
Oui. Une huile d’olive dite "vierge extra" doit avoir une qualité gustative irréprochable. Un jury spécialisé a évalué les 22 huiles à la fois sur leurs qualités (intensité du fruité, de l’amertume et du piquant) et sur cinq défauts rédhibitoires. À savoir un goût moisi, vinaigré, acide-aigre, rance ou "chômé-lies" (dû à une fermentation anaérobie). Ces défauts ne devraient pas se retrouver dans des huiles qui bénéficient de l’appellation "vierge extra".
Quand on lit le résultat de votre enquête, on se demande si les vertus de l’huile contre le mauvais cholestérol ou les maladies cardio-vasculaires sont bien réelles.
L’huile d’olive est composée d’acide oléique, ou oméga-9, scientifiquement reconnu bon pour maintenir un niveau de cholestérol sanguin normal. Elle est aussi riche en stérols, c’est-à-dire des polyphénols qui aident à protéger les lipides contre le stress oxydatif.
La morale de l’histoire est qu’il y a encore des efforts à faire pour améliorer la qualité de la plupart des références.
Exactement. Une partie des fabricants échoue à assurer la bonne qualité de leurs huiles d’olive de bout en bout. De plus, la présence accrue de contaminants interpelle sur la vigilance des fabricants. Une nouvelle fois, nous attendons de sérieux efforts sur cette filière.
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