E551, E170, E341... Les nanoparticules, ces additifs microscopiques que l'on retrouve partout dans nos assiettes
On les retrouve dans de nombreux produits alimentaires et l'étiquetage laisse souvent à désirer. Quels risques ? Quelles réglementations ? Patricia Chairopoulos de "60 millions de consommateurs" a mené l'enquête.
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Silice amorphe ou E551, carbonate de calcium ou E170... Ces additifs sous forme de nanoparticules se retrouvent dans de nombreux aliments. Patricia Chairopoulos, cheffe de rubrique alimentation et environnement du magazine 60 millions de consommateurs, publie une grande enquête au mois d'avril. Elle prévient, "la réglementation est encore floue. D’autant que la recherche sur le sujet n’avance pas vite. D’abord parce qu’il n’y a pas une définition précise et unique de ce que c’est qu’une nanoparticule. Ensuite parce que ce sujet est très complexe et que la recherche en toxicologie n’a pas forcément tous les moyens financiers nécessaires pour avancer".
franceinfo : Quand on parle de nanoparticules, de quoi s'agit-il exactement ?
Patricia Chairopoulos : Les nanoparticules sont des substances comme l’oxyde de fer, ou encore le silicium, dont les plus petites particules ont un diamètre inférieur à 100 nanomètres, soit un dix-millionième de mètre, approximativement 1/50 000e de l’épaisseur d’un cheveu humain. En agroalimentaire, ce sont surtout des additifs qui sont sous forme nano. Cette forme leur donne des propriétés particulières, par exemple en les rendant capables de modifier la fluidité ou la couleur d’un aliment, comme avec l’oxyde de fer, un colorant rouge utilisé dans certaines confiseries.
On ignore encore beaucoup de choses de leurs risques sanitaires. Mais on sait que, du fait de leur infime taille, ces substances peuvent traverser les barrières biologiques comme la paroi intestinale, et se disperser dans le corps. Or leur forte réactivité est susceptible d’entraîner des effets indésirables. C’est le cas du dioxyde de titane ou E171, ce colorant blanc entièrement sous forme nano, beaucoup utilisé dans les confiseries et pâtisseries, a été reconnu favoriser le risque de cancers colorectaux.
Ces substances sont-elles interdites ?
Pour l’heure, seul le dioxyde de titane est interdit, du moins dans les aliments, depuis 2020 en France et 2022 dans l’Union européenne. Théoriquement, les fabricants ont une obligation d’autorisation préalable avant de mettre sur le marché des aliments contenant des nanos. De plus, depuis décembre 2014, le règlement européen sur l’information du consommateur les oblige à apposer la mention [nano] avant le nom de l’ingrédient concerné.
Les industriels respectent-ils les recommandations ?
Non, la grande majorité des industriels nie avoir recours à de tels ingrédients. Vrai ou pas ? Impossible à savoir. Ils peuvent ne pas avoir accès à toutes les informations auprès de leurs fournisseurs de matières premières. Ou bien ne pas disposer de microscope électronique, indispensable pour caractériser les nanoparticules. Les industriels peuvent aussi s’abriter derrière une définition de la Commission européenne, selon laquelle un matériau est "nano" s’il contient "au minimum 50% de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm". Donc, une entreprise utilisant un ingrédient composé à 49% de particules nano n’est pas obligée de l’étiqueter.
Leur présence est-elle inscrite sur les emballages ?
Si le fabricant sait que certains des additifs utilisés sont nanos, leur présence est inscrite sur les emballages. Mais vous pouvez toujours chercher cette mention, elle n’apparaît presque jamais sur les étiquettes.
Quels sont les produits où l'on en trouve le plus ?
C'est la silice amorphe, de son petit nom de code E551, qui est l’additif en partie nano le plus utilisé par l’industrie agroalimentaire. On le trouve dans des produits en poudre comme les cappuccinos solubles, ou sinon des pastilles à la menthe, des nouilles instantanées. Il y a également le carbonate de calcium ou E170, souvent utilisé comme colorant blanc, que l’on trouve dans des chewing-gums ou des boissons végétales.
Les laits infantiles peuvent aussi contenir plusieurs de ces additifs, tel le carbonate de calcium (E170) qui sert accessoirement de complément d’apport en calcium, les phosphates de calcium (E341), le carbonate de magnésium (E504), ainsi que l’anti-agglomérant E551.
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