En Pologne, en Irlande et au Chili, le droit à l'avortement reste fragile et très encadré
Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, le droit à l'avortement en Pologne, en Irlande et au Chili.
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La Pologne connaît depuis six jours des manifestations sans précédent contre le verdict du Tribunal constitutionnel qui a proscrit l'IVG en cas de malformation grave du fœtus, car elle serait, selon les juges, "incompatible" avec la Constitution polonaise. Ailleurs, comme en Irlande et au Chili, le droit à l'IVG, fragile, fait aussi l'objet de revendications de la part des femmes.
En Pologne, la mobilisation grandit pour défendre le droit à l'IVG
En Pologne, une nouvelle grande manifestation est prévue vendredi 30 octobre dans les rues de Varsovie en faveur du droit à l’avortement et contre le parti ultra conservateur au pouvoir. Cela fait une semaine que le Tribunal constitutionnel a décidé d’interdire l’avortement en cas de grave malformation du fœtus dans le pays, entraînant une contestation à l'ampleur inédite. Déjà la semaine dernière, 10 000 personnes étaient descendues dans les rues de Varsovie. Depuis sept jours, la mobilisation grandit : blocages de la circulation, grève générale mercredi qui a été extrêmement suivie. Le chef de la police a estimé que 430 000 personnes avaient manifesté ce jour-la en Pologne. Les revendications dépassent largement la question du droit à l’avortement : le collectif La Grève des femmes, à l’initiative de la contestation, réclame ainsi le départ du gouvernement, un tribunal constitutionnel indépendant mais aussi la séparation nette entre l’Église catholique et l’État.
Et les récentes déclarations du gouvernement sont loin d’avoir apaisé les tensions : Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti ultra conservateur au pouvoir, est sorti du silence cette semaine et a appelé par exemple ses partisans à défendre à n’importe quel prix les Églises polonaises face aux militantes pro-IVG qui, selon lui, veulent par leurs actes détruire la Pologne. Jaroslaw Kaczynski a aussi déclaré que les autorités n'avaient pas seulement le droit mais le devoir de s'opposer à ces manifestations, en pleine pandémie de Covid-19. Des propos qui ont bien sûr suscité la colère des manifestants, bien déterminés à descendre dans la rue.
Tout n'est pas gagné pour les femmes en Irlande
En Irlande, l’interruption volontaire de grossesse est légale depuis moins de deux ans, jusqu’à douze semaines. Légalisée par référendum, elle est cependant un droit fragile et difficile à exercer en pratique puisque seuls 15% des généralistes se sont inscrits auprès du ministère de la Santé pour être habilités à délivrer la pilule abortive. Dans certains comtés ruraux, ces praticiens se comptent sur les doigts d’une main. Erin Darcy vient de publier Women of the 8th, un livre sur la campagne autour du référendum sur l’avortement. Pour elle, le combat est loin d’être terminé : ''On nous impose un délai de réflexion de trois jours, pour éviter les 'décisions à chaud', explique-t-elle. Déjà, c’est infantilisant pour nous. Ensuite, ce n’est pas toujours possible : quand vous avez des enfants, si vous n’avez pas vos propres moyens de transports, si vous vivez à la campagne ou que vous êtes dans une relation abusive.'' L’année dernière, première année de la décriminalisation, 375 femmes ont dû se rendre à l’étranger pour avorter, faute de pouvoir le faire ici.
L’interdiction d’avorter a été retirée de la Constitution en 2018, par référendum approuvé à 66%. De manière générale, il semble que ce soit acté, mais l’année prochaine, en 2021, la loi doit être soumise à révision. Et les activistes craignent évidemment un recul du droit à l’IVG.
De lents progrès au Chili
Au Chili, l'avortement était complètement interdit jusqu'en 2017. Et il n'est actuellement autorisé que dans trois cas aujourd'hui : un danger pour la vie de la mère, une malformation grave du fœtus, ou un viol. Mais la donne pourrait changer : les Chiliens ont dit oui dimanche à l'idée de rédiger une nouvelle Constitution lors d'un référendum qui fait suite à une grande contestation sociale lancée en octobre dernier contre les inégalités. Les féministes chiliennes sont en effet devenues incontournables ces derniers mois dans le pays. Elles se sont par exemple illustrées lors de la performance Un violeur sur ton chemin, lors de laquelle des femmes aux yeux bandés disent : ''La coupable ce n'est pas moi, ni mes fringues, ni l'endroit : le violeur c'est toi.'' Cette performance, qui a fait le tour du monde, a donné un nouveau souffle au mouvement social après plusieurs semaines de manifestations.
C'est sans compter que le 8 mars dernier, plus d'un million de personnes ont manifesté pour les droits des femmes à Santiago pour protester notamment pour un meilleur accès à l'avortement. On compte en effet peu d'avortements légaux au Chili : deux ans après la dépénalisation partielle de l'avortement, seulement 1 000 avortements légaux avaient eu lieu. Certaines cliniques privées refusent totalement de pratiquer des avortements, ralentissant la prise en charge des femmes. Ces dernières continuent donc de pratiquer des avortements clandestins, en achetant des médicaments sur internet. Ce qui est plus cher et plus dangereux depuis le début de la pandémie.
L'avortement fera probablement partie des débats lors de la rédaction de la nouvelle Constitution au Chili : l'assemblée constituante qui sera élue en avril sera la première constituante paritaire au monde, avec plus de 45% de femmes. On voit ainsi un peu partout dans les manifestations des femmes avec un foulard vert, pour l'avortement libre et gratuit. Et, assurément, ce mouvement féministe fera pression pour que la nouvelle Constitution protège les droits des femmes et établisse une définition du droit à la vie qui soit compatible avec la légalisation de l'IVG.
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