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Témoignages
"Ça me saoule de tous les voir se tirer dans les pattes" : dans l'Yonne, ces jeunes se désintéressent des législatives
À une semaine du premier tour des élections législatives et au cœur du tumulte politique, franceinfo a décidé de prendre le temps d'écouter certains Français pour comprendre leur vote.
À moins d'une semaine du premier tour des élections législatives, franceinfo s'intéresse à l'abstention des jeunes. Selon l'institut Ipsos, 60% des 18-25 ans se sont abstenus lors des élections européennes. Nous avons rencontré certains de ces jeunes hommes et femmes de moins de 25 ans, au bord d'un terrain de foot dans l'Yonne.
"Là où j'habite, c'est un petit village. Il n'y a pas grand monde, il y a des vaches. On est à la campagne, on est en plein dedans", explique Mathis, 19 ans. Baptiste, qui entraîne bénévolement les plus petits, vit dans le même cadre de vie, loin des centres-villes. Le jeune de 24 ans loue une maison avec sa compagne dans un village plutôt isolé. "Mon médecin a pris sa retraite et il n'a pas été remplacé. Les dentistes, n'en parlons pas. J'ai mis plus d'un an et demi à trouver", déplore l'entraîneur.
"Ils disent que je suis une campagnarde, que j'ai un sacré accent..."
Océane, 20 ans, est sur le bord du terrain pour accompagner son petit frère de 8 ans. Elle fait ses études à Dijon où elle a bien constaté certaines différences avec les étudiants originaires de cette ville de 155 000 habitants. "Déjà, on n'a pas le même langage. Ils disent que je suis une campagnarde, que j'ai un sacré accent, que je viens de la campagne", dit-elle en souriant.
Ces trois jeunes apprécient cette "campagne". Ils sont heureux ici, revendiquent-ils. Un autre de leurs points communs : ils ne s'intéressent pas à la politique. Océane connaît "Macron", mais ne se rappelle pas du nom du Premier ministre. "J'en ai déjà dit un, c'est déjà pas mal", relativise la jeune femme, qui ne ne parle jamais de politique, ni avec ses parents, ni avec ses amis. Le peu d'informations qu'elle reçoit vient des réseaux sociaux.
"Sur Instagram, je suis abonnée à 'Gossip' et ça nous informe sur les stars ou même sur la politique. Mais ça, je n'ai pas trop regardé encore..."
Océane, une jeune habitante de l'Yonneà franceinfo
De son côté, Baptiste qui est un peu plus âgé, suit davantage. "Cela me saoule de tous les voir se tirer dans les pattes. Tout ça pour avoir la gagne au bout", regrette Baptiste. Ces jeunes estiment que la politique a très peu d'impact dans leur vie.
"Il faudrait que j'aille voter quand même"
Mathis est étudiant en première année de BTS communication à Troyes et n'a "pas eu le temps" de voter aux européennes. Pour ces élections législatives, il devrait donc voter pour la première fois. "Il faudrait que j'aille voter quand même. Faire mon premier vote, ça serait bien. C'est quelque chose dans une vie quand même, c'est symbolique", raconte-t-il.
"Il faudrait que je m'informe avant de voter, pour ne pas voter pour n'importe qui. Si j'ai bien compris, c'est le Rassemblement national qui est plus de droite. Le Rassemblement national, c'est le truc qui monte le plus en ce moment et par lequel j'ai été le plus informé sur les réseaux sociaux", poursuit le jeune homme.
Ces trois jeunes ne sont pas blasés, sont sérieux dans leur travail ou dans leurs études. La politique est à des années-lumière de leurs préoccupations, même s’ils y sont sensibilisés par deux thèmes de campagne : l'immigration et les salaires.
Un smic à 1 600 euros ? "Ce n'est pas de trop"
Baptiste est couvreur zingueur et estime que son travail n'est pas assez valorisé. Il est donc séduit par la proposition du Nouveau Front populaire d'un smic à 1 600 euros. "Ça serait bien, parce que vu ce que nous coûte un caddie de course tous les mois, 1 600 euros ce n'est pas de trop" espère Mathis.
"Quand on voit des personnes qui peuvent gagner des salaires affolants et puis nous au final, on voit qu'on s'embête tous les jours... Ce qu'on gagne, ce n'est pas fou."
Mathis, un jeune habitant de l'Yonneà franceinfo
Baptiste comme Océane sont plutôt de gauche, mais ils n'iront pas voter. Avec leurs amis il n'y a pas vraiment de clivage ni de débats à ce sujet. Océane, en alternance dans un Cada, un centre pour demandeurs d'asile, comprend par exemple certains de ses amis qui fustigent les immigrés et tiennent des propos racistes. "Bien sûr que j'ai entendu de la part des copains : les 'bougnoules', les trucs comme ça. Mais ce n'est pas trop méchant, c'est leur opinion et puis moi, j'ai la mienne. Vu que moi, je suis dans un Cada et que je connais leur histoire, je comprends pourquoi ils sont venus ici. Moi, j'aime bien les aider", raconte Océane. La politique ne structure pas leur vie, mais plutôt la famille, les études et les éducateurs sportifs.
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