:
Reportage
"Une évolution incroyable" : comment expliquer l'appétit des Français pour le poulet, la viande désormais la plus consommée
La consommation de poulet, viande consensuelle, a augmenté de 10% entre 2023 et 2024. Elle détrône désormais le porc dans nos assiettes. Mais les agriculteurs français sont loin d'arriver à répondre à la demande.
/2025/05/04/img-8278-68174d06ee576228461959.jpg)
Au pays du jambon-beurre, le poulet est roi. C'est la viande la plus consommée en France, détrônant ainsi le porc. En 2024, chaque Français a mangé 32 kg de volaille dont 25 kg de poulet, selon le service de statistique du ministère de l'Agriculture, un chiffre en augmentation de 10% sur un an. Franceinfo s'est penché sur ce phénomène.
Pour comprendre cet engouement, rendez-vous tout d'abord dans un restaurant, où quatre poulets sur dix sont consommés. Le dernier fast-food à la mode, le Chik'Chill, est situé dans le centre commercial Créteil Soleil, dans le Val-de-Marne, au sud de Paris, incarne parfaitement cette tendance.
Le succès des restaurants spécialisés
Les recettes de ce KFC à la sauce française sont signées Mohamed Cheikh, vainqueur de l'émission Top Chef il y a quatre ans. Il mise tout sur cette viande, qui s'adresse à toutes les générations et à toutes les religions. "Contrairement à une viande de porc ou de bœuf, tout le monde mange de la volaille, c'est sain", assure le chef.
/2025/05/05/img-8289-68184ef1b6d3e523342096.jpg)
Et ça marche : en deux mois, 100 000 clients sont venus tester ses burgers de poulet, comme Jennifer, qui est "très poulet", tout comme son compagnon et ses enfants. Cette mère de famille "mange beaucoup de poulet", car "ce n'est pas cher par rapport aux autres viandes" et que "ça peut être préparé sous forme d'escalope, des aiguillettes, des nuggets".
Un autre client du restaurant, Richard, ne consomme que du poulet de manière générale, pour des raisons médicales. Un nutritionniste qu'il a consulté après une crise de goutte lui a en effet expliqué qu'il "vaut mieux manger du poulet que de la viande rouge".
La France importe la moitié des poulets qu'elle consomme
À Chik'Chill, le poulet est d’origine française, ce qui est loin d'être le cas ailleurs. La production tricolore est largement insuffisante pour couvrir la demande. La France importe près d'un poulet sur deux alors que dans les années 2000, elle était exportatrice. Pour comprendre ce qu’il s’est passé, direction le célèbre marché de Rungis, dans le Val-de-Marne, où 90 000 tonnes de volailles transitent chaque année.
"On n'a pas suffisamment de volailles produites en France", explique Gino Catena, le président du syndicat de la volaille et du gibier du plus grand marché de produits frais au monde. "Comme il faut que tout le monde mange", la France exporte de "Belgique, de Pologne, ces coins-là", avance-t-il, assurant qu'"à Rungis, on n'a pas" de poulet ukrainien.
Avec 200 000 tonnes chaque année, l’Ukraine est pourtant le deuxième pays fournisseur de poulet de l’Union européenne, derrière le Brésil. Les volaillers français dénoncent la concurrence déloyale de cette viande produite selon des normes sanitaires moins exigeantes. Ce poulet arrive par bateau aux Pays-Bas, où il devient hollandais et donc européen après sa découpe ou sa transformation.
Pas assez de poulets d'entrée de gamme
La tendance est au poulet vendu en morceaux, selon Gino Catena, qui explique qu'"en volaille entière, on vend environ 15-20% de nos volumes, et pour le reste, c'est vendu en découpe et en produit transformé". "Les cordons-bleus et les nuggets" connaissent "une évolution incroyable" car ils séduisent "tous types de clientèle, notamment les enfants".
/2025/05/05/img-8280-68184ef1a82e5844694854.jpg)
Et c’est pourquoi la France se fait dépasser. La production haut de gamme, c’est-à-dire les poulets "Label rouge", ou d'appellations d'origine protégée, comme le poulet de Bresse, ne permet pas de répondre à cette demande pour les produits transformés. Les industriels de l'agroalimentaire ont en effet besoin de poulet standard, d’entrée de gamme.
La France aurait besoin de 400 poulaillers de plus d'ici à cinq ans, d'après l'estimation de l'Association nationale de la volaille de chair. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard dit en avoir conscience et promet que le sujet sera sur la table des conférences de la souveraineté alimentaire, qui doivent se tenir d'ici à deux mois.
À regarder
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Chine : la folie des centres commerciaux XXL
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter