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Reportage
"Réduire l'évitement des situations sociales", "réduire la peur" : quand les jeux de société ont le pouvoir de soigner
Les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux pouvoirs des jeux de société pour soigner. Des médecins, des psychologues sont venus présenter leurs travaux au Festival International des jeux qui se tient à Cannes jusqu’à dimanche.
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Dans le labyrinthe des stands où déambulent les 85 000 visiteurs au Festival International des jeux à Cannes, des enfants d'une dizaine d'années sont regroupés devant une animatrice déguisée en pirate. "Bonjour et bienvenue dans cet escape game qui s'appelle ‘En quête du réel. Cap sur l'île du temps perdu'", présente l’animatrice.
Ces enfants participent à un escape game mis au point par des chercheurs de l'Université de Lausanne en Suisse. Le but du jeu, c'est de délivrer un ami emprisonné derrière un écran. "Est-ce que vous êtes prêtes et prêts à relever tous les défis qui vont vous être lancés ?", demande-t-elle. "Oui", répondent en chœur les enfants.
Parmi les défis, les enfants apprennent à utiliser les photos. "J'ai envie que cette photo disparaisse complètement d'internet. Du coup, je la supprime de mon compte. Est-ce que ça a disparu d'Internet ?", questionne l’animatrice. "Non", dit l’assistance. Elle poursuit : "Pourquoi ça ne disparaît pas ? Il se passe quoi ?" "Il y a des gens qui auront peut-être fait une capture d'écran et ils l'auront mis sur d'autres réseaux sociaux", répond une petite fille.
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Cet escape game est testé depuis près d'un an en Suisse, sous la houlette de la psychologue Mélina Andronicos, psychologue au Centre du Jeu Excessif des Hôpitaux Universitaires de Lausanne (CHUV). "On peut faire beaucoup de choses derrière les écrans, on peut apprendre des langues, on peut apprendre plein de choses, on peut communiquer, on peut faire des trucs. C'est super. Mais par contre, il y a des risques", explique la psychologue.
"Il faut s'armer et se préparer à faire appel à de l'aide et ne pas rester seul."
Mélina Andronicos, psychologue au Centre du Jeu Excessif des Hôpitaux Universitaires de Lausanne (CHUV)à franceinfo
Les premiers résultats de cette étude montrent que les enfants arrivent plus facilement à demander de l'aide en cas de danger face aux écrans après avoir participé à cet escape game.
Le jeu peut aider des enfants très perturbés
Au C.H.U. de Vichy, dans le service de pédopsychiatrie où sont suivis des enfants qui ont des troubles du comportement, des séances de jeu permettent d'apaiser l'enfant, mais aussi sa famille. Laetitia Martin, psychologue clinicienne dans cet hôpital, a vu un garçon se transformer après des séances de jeux de société.
"J'ai en tête deux garçons qui, pour le coup, étaient très très en tension entre eux, pouvant à peine rentrer dans la chambre de l'un de l'autre. Et puis finalement, le frère a accepté de venir à un accueil multifamilial. Je les ai vus récemment et ça s'est quand même beaucoup apaisé entre eux", raconte-t-elle. Grâce au jeu, la relation est apaisée au sein de la famille et ça facilite le travail des soignants.
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Le jeu peut permettre à certains de décrocher des écrans
Une étude sur l'impact du jeu de rôle sur table Donjons et Dragons a été menée par le C.H.U. de Lausanne, pour un public qui va beaucoup sur les écrans et qui a du mal à nouer des liens. Résultat : pour deux tiers des participants, le jeu a diminué l'anxiété sociale et l'addiction aux écrans. Ce jeu a plein de vertus pour le professeur Joël Billieux, psychologue à l'Université de Lausanne.
"L'hypothèse qu'on peut faire, c'est que notre programme, finalement, mobilise des ingrédients de la thérapie cognitive et comportementale, de l'anxiété sociale, comme entraîner l'affirmation de soi ou faire des expositions progressives à des situations de plus en plus 'challenging'. C'est quelque chose qui permet de réduire l'évitement des situations sociales, de réduire la peur liée à ces situations sociales", détaille Joel Billieux.
"On se base sur des connaissances établies dans la littérature scientifique du trouble de l'anxiété sociale et on les intègre dans nos parties de 'Donjons et dragons'."
Joël Billieux, psychologue à l'université de Lausanneà franceinfo
Cette version thérapeutique du jeu sera en accès libre une fois que l'étude sera validée.
Les éditeurs de jeux se mettent à faire de la recherche en neurosciences cognitives
Le plus gros éditeur et distributeur de jeux français, Asmodée, a carrément mis en place un laboratoire en interne qui travaille avec une vingtaine de professionnels, médecins, orthophonistes, psychologues, sous la houlette de Sarah Favaron. Leur objectif, c'est de rendre accessible des jeux à ceux qui vivent avec des troubles cognitifs comme la dyslexie.
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"On analyse ce qui va mettre nos publics en difficulté et on va proposer des adaptations de manière à conserver l'essence du jeu et le 'fun' du jeu. C'est vraiment ça qui est important. On offre un vrai jeu, on n'est pas sur un outil quelconque. C'est vraiment un jeu. On propose des adaptations et ensuite, on fait des tests avec l'ensemble de nos publics. Et puis c'est un système de va-et-vient : ce qui ne marche pas, on le corrige, ce qui marche bien, on le garde. Et à la fin, quand tout fonctionne et que tout le monde s'y retrouve, ça nous fait un jeu prêt à être commercialisé", explique Sarah Favaron.
Toute cette recherche a débouché sur quatre versions améliorées dans le catalogue de cet éditeur de jeux de société des jeux inclusifs.
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