: Reportage

"La table ouverte, j'ai toujours vu ça à la maison" : le restaurant de l'influenceur culinaire "Chez Erwan" attire les amateurs au cœur de la Bretagne

Un parcours atypique. Celui d'un restaurateur, star des réseaux sociaux, qui a fermé son établissement renommé en région parisienne, à Bourdonné, dans les Yvelines, pour retourner chez lui dans le centre Bretagne, à Rostrenen, dans les Côtes-d'Armor. Le quinquagénaire a gardé le nom de son précédent restaurant : "Chez Erwan", qui est aussi son prénom et son pseudo sur les réseaux sociaux. Pour rencontrer ce personnage haut en couleur, certains font des centaines de kilomètres.

Le Breton aux 276 000 abonnés sur Facebook laisse ses clients s'installer eux-mêmes. "Bonjour ! Il devrait y avoir votre nom sur le cahier. Et avec votre nom, il doit y avoir un numéro de table à côté", leur lance-t-il. Erwan Botrel est, lui, en train de cuisiner.

Des gens "riches de cœur"

Dans ses vidéos, le restaurateur-caviste fait découvrir les producteurs, les éleveurs de France. Désormais, il cuisine "en plein cœur du Centre Bretagne" dans un endroit "complètement perdu. Mais, ici, les gens sont riches de cœur" sourit-il, en cuisine.

Erwan chante en découpant ou cuisinant sa viande au four à pizza, devant ses clients. Ses plats sont comme lui : très généreux. "Je ne veux pas que les gens puissent dire qu'ils ont eu faim en venant chez moi. Ça, ce n'est pas possible. On fait de la cuisine de ferme. Les gens, avant, travaillaient beaucoup physiquement et donc, il fallait qu'ils mangent. Moi, je suis resté dans cette tradition-là", explique-t-il. En témoigne le menu : entrecôte de 400 grammes, magret de canard ou andouillette pour le plat principal, par exemple.

"Je ne sais pas si les gens travaillent autant, en revanche ils mangent toujours autant."

Erwan Botrel, restaurateur

à franceinfo

Des clients prêts à traverser le pays

Parmi les convives autour de la table ce jour-là, deux frères venus de Suisse, Ils ont "même calqué [leurs] vacances pour venir ici" explique l'un d'eux. La raison ? Le restaurant "correspond vraiment à [leurs] valeurs. La cuisine, la vraie cuisine, l'amitié, l'échange, la discussion et puis le personnage ! On voulait le rencontrer, ça c'est sûr aussi". Autre argument, ils ont "vu sa cave."

En effet, la cave contient plus de 1 000 références et les clients doivent se lever pour aller chercher le vin. Une habitude qu'Erwan tient de son précédent établissement. "Quand j'ai ouvert mon premier resto, raconte-t-il, j'étais tout seul à bosser sur trente places assises. Et donc tout a été fait pour que je puisse travailler tout seul. La cave est en libre-service, le pain est en libre-service. Le fromage est en libre-service."

Que certains clients traversent la France pour venir découvrir sa table surprend beaucoup Erwan. "C'est un truc de fou, c'est incompréhensible pour moi. On n’a pas d'étoile Michelin, on fait une bouffe normale. Je suis très content mais ce n’est pas simple à comprendre" témoigne le cuisinier.

Ceux qui en parlent le mieux ce sont les clients, qui tentent de décrire ce lieu "atypique, on avait envie de rencontrer les gens. C'est la bonne ambiance" décrit l'un d'eux quand son voisin venu "de l'Indre" explique qu'il est "venu exprès. On a fait six heures de route pour venir manger". Une autre trouve le cadre "improbable. Huit convives, huit personnes qui ne se connaissent pas et on a fait des connaissances. On se parle comme si on était de la même famille. On s'est partagé la viande. T'en as trop, je t'en donne ! Je te partage un peu de mon vin. C'est un concept que j'adore. Je n'ai jamais vu ça ailleurs", se réjouit cette cliente, ravie. 

Comme à la maison

À l'image du parcours et des valeurs de ce chef, le restaurant se veut être comme à la maison. "Chez mes grands-parents" pas très loin de Rostrenen, "les gens pouvaient venir manger à n'importe quelle heure. Chez mon père, il y avait toujours table ouverte aussi. J'ai toujours vu ça à la maison" se souvient Erwan.

Né en Seine-Saint-Denis, Erwan Botrel a grandi à Plouray, dans le Morbihan. Il a fait sa scolarité à Rostrenen avant d'entamer des études de mathématiques à la faculté de Brest et de devenir commercial à France Télécom en 1996. En 2007, il réalise son rêve d'enfant, faire le métier de son père et ouvrir son restaurant. D'après ICI Breizh-Izel (ex France-Bleu), c'est en 2019, après une vidéo virale de la blogueuse culinaire de "C’est meilleur quand c’est bon" Emmanuelle Jary, tournée en cuisine en 2019, vue 39 millions de fois sur Facebook et qui attire chez lui depuis des clients de toute l'Europe.