Reportage
"J'ai l'impression d'être Hercule" : l'utilisation d'un exosquelette pour manipuler les patients suscite l'enthousiasme des soignants

De plus en plus de travailleurs sont équipés d'un exosquelette pour les aider dans leurs manipulations quotidiennes. Ces harnais du futur sont aussi utilisés à l'hôpital, pour soulager les soignants. Illustration à l'hôpital de Forcilles, en Seine et Marne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le kinésithérapeute Thomas Escriou s'est équipé d'un exosquelette pour une séance de kiné respiratoire avec le patient Jean. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIO FRANCE)
Le kinésithérapeute Thomas Escriou s'est équipé d'un exosquelette pour une séance de kiné respiratoire avec le patient Jean. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIO FRANCE)

Dans les couloirs de l'hôpital Forcilles, en Seine et Marne, déambule un étrange Robocop. Au-dessus de sa blouse, le kinésithérapeute, Thomas Escriou, porte un harnais sur tout le torse et des vérins sur les côtés qui font pas mal de bruit. Il a rendez-vous avec Jean, un patient de 82 ans hospitalisé pour une pneumonie. C'est parti pour une séance de kiné respiratoire.

Thomas est penché sur son patient. "On est un peu plié au-dessus du lit, une position qui n'est pas très agréable. Depuis que j'ai découvert l'exosquelette, je peux me consacrer juste à mes mains et j'ai beaucoup plus de force car toute la région lombaire est soutenue", explique-t-il. L'exosquelette fait parfois du bruit et on dirait que le kiné porte un gilet pare-balles mais ça n'impressionne pas du tout Jean, le patient. "C'est génial, pour moi oui et pour lui, parce qu'il se concentre sur le geste à accomplir et non plus sur une recherche de position efficace, parce qu'une fois déterminée, il bloque l'exosquelette et il a les bras totalement libres", décrit Jean.

Un investissement de 14 000 euros pour deux exosquelettes

"Je le dis à mes collègues, il faut l'essayer, c'est impressionnant", approuve Thomas. Pour lui effectivement, ça change tout. Après sa séance, il se redresse comme par magie. "On n'a l'impression d'avoir un copain qui nous tire en arrière. J'ai l'impression d'être Hercule qui soulève les barrières", s'amuse le soignant. L'exosquelette ne donne pas de la force mais accompagne le mouvement.

"C'est comme un vélo électrique. On lance le mouvement et ça nous accompagne."

Thomas Escriou, kinésithérapeute

à franceinfo

Il y a deux exosquelettes pour tout le service de rééducation post-réanimation respiratoire et les soignants les utilisent à tour de rôle. Ça aide le personnel à réaliser les soins et évite aussi les blessures. C'est d'ailleurs l'un des indicateurs que la DRH va regarder.

Un outil de travail comme un autre

L'hôpital a investi 14 000 euros dans ces deux exosquelettes et Aurélie Lauriot, la responsable RH, attend des résultats : "Il y a des indicateurs quantitatifs sur la réduction de la longueur des arrêts de travail, des accidents de travail aussi puisqu'une manutention de patient, ça rentre dans les accidents de travail. Et ensuite des indicateurs qualitatifs qu'on va proposer aux soignants qui vont les utiliser et aussi aux patients, détaille la responsable. Ça peut faire peur au début. Il suffit de l'accompagner. Quand on l'a testé au tout début du projet, il y a trois ans, on l'a mis en situation avec des patients de différents services. Au début, il y a un petit réflexe de dire 'ouh là, je ne veux pas'". Finalement, l'expérience a été concluante, Aurélie Lauriot, qui souligne la bienveillance des soignants dans l'accompagnement.  

À l'origine, les deux exosquelettes de l'hôpital Forcilles étaient destinés aux aide-soignants, ceux qui manipulent le plus les patients. Ce sont maintenant les kinés qui s'en emparent. Stéphane Henriot a été le premier masseur-kinésithérapeute à l'utiliser. Il traîne une lombalgie depuis qu'il a 16 ans et il ne se voit plus travailler sans cette aide de l'exosquelette.

"J'ai quand même 58 ans, et je compte continuer jusqu'à 68 ans. J'ai encore 10 ans à travailler. L'utilisation d'un exosquelette comme celui-ci va pouvoir me permettre de continuer à faire tous mes gestes au quotidien sans risquer de me faire mal."

Stéphane Henriot , kinésithérapeute

à franceinfo

On voit de plus en plus d'exosquelettes sur les chaînes de production, dans les ateliers de maintenance, à la RATP, par exemple, qui en acheté 140, et maintenant dans les hôpitaux. L'exosquelette s'impose. Cet assistant devient un outil de travail comme un autre.

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