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Reportage
"Ça leur permet d'avoir le courage de dire non" : au cœur d'un "cours d'empathie" dans une école parisienne pour prévenir le harcèlement scolaire
Pour prévenir les phénomènes de harcèlement scolaire dès le plus jeune âge, quelques écoles françaises expérimentent une méthode venue du Danemark qui consiste à apprendre à faire attention à l'autre pour oser dire non.
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La Première ministre Élisabeth Borne doit présenter ce mercredi 27 septembre le plan interministériel contre le harcèlement scolaire. L'enjeu est notamment d'améliorer la prévention et la gestion des cas de harcèlement. Et pour le faire, certaines mesures s'inspirent du Danemark, ou le ministre de l'Éducation Gabriel Attal s'est rendu il y a quelques jours. Le pays fait figure de modèle dans ce domaine.
>> "Brigades" dans les rectorats, confiscation du portable, cours d'empathie... Les grandes lignes du plan du gouvernement contre le harcèlement scolaire
En France, ces "cours d'empathie", expérimentés pour le moment dans quelques villes, s'inspirent justement d'un dispositif utilisé dans les écoles danoises. Les 14 écoles maternelles du 18e arrondissement de Paris le testent justement.
Éduquer des petits qui pourront anticiper des phénomènes de violence
"Bonjour les enfants, est-ce que vous connaissez la boîte de l'ami ours ?" Dans l'une de ces écoles, le cours d'empathie vient de débuter. La formatrice a placé les enfants, âgés de quatre et cinq ans, en cercle. Elle utilise donc une mallette avec une peluche que chacun peut prendre dans ses bras, et des grandes fiches, avec des visages : les élèves doivent alors identifier les différentes émotions. L'idée, c'est d'"apprendre à reconnaître les émotions sur soi-même, mais aussi sur les autres", explique Chahra Joubrel-Merahi.
Ça n'a l'air de rien, mais c'est lié à la prévention du harcèlement : "Le rapport [entre les deux], il est d'aller lire dans une histoire ou sur un visage le ressenti de l'autre enfant, pour après, peut-être avoir le courage de dire non, de stopper la scène. Et ça se travaille très jeune", explique-t-elle.
Ce type d'ateliers est organisé plusieurs fois par semaine dans l'école. Il s'agit d'un dispositif parmi d'autres avec une même idée centrale : si on éduque les plus petits, les mêmes enfants, devenus adolescents, seront capables de stopper des phénomènes de violence. "Il est là le courage aussi, c'est de venir s'interposer. Pour qu'à 15 ans, à 18 ans, ce soit aussi la communauté qui prenne aussi en charge."
"Les adultes ne peuvent pas tout faire et ne voient pas tout. Il n'y a pas de harcèlement s'il n'y a pas de témoins."
Chahra Joubrel-Merahià franceinfo
L'objectif, c'est de favoriser la solidarité entre jeunes, de "vraiment créer une communauté d'enfants qui va réagir à la moindre frustration, intimidation, qui va apprendre à réagir en bloc". Sans avoir à "stigmatiser l'agresseur, mais au contraire de l'inclure, dire 'on n'est pas d'accord', avoir cette collégialité où ils vont [les jeunes], ensemble, dire non", précise-t-elle.
Tous les adultes de l'école ont été formés
Les Danois appellent leur méthode "Fri For Mobberi", soit "libéré du harcèlement", et s'appuie donc sur l'empathie, mais aussi sur la cohésion de groupe, avec beaucoup de jeux de coopération. Et bien sûr, le bien-être à l'école.
>> Au Danemark, des cours d’empathie pour lutter contre le harcèlement scolaire
Dans cette école parisienne, c'est la deuxième année qu'on travaille avec ce dispositif. C'est encore difficile d'en quantifier l'efficacité puisqu'il repose sur la prévention, mais l'enseignante, Elise Tapsoba, constate des changements. "Je sens qu'il y a une différence dans les façons d'aborder les problèmes entre eux. Évidemment, ça dépend des jours, ça reste des enfants, mais ils vont essayer de se calmer et de faire des messages clairs."
"Ils vont essayer de dire 'j'aimerais que', ou 'je n'ai pas aimé'. Ça leur permet d'avoir le courage de dire non, et de dire 'si c'est trop difficile pour toi de dire non, viens nous voir."
Elise Tapsobaà franceinfo
Ce qui est important, c'est que tous les adultes de l'école ont été formés. Les enseignants bien sûr, mais aussi les animateurs du périscolaire, les personnels de la cantine et les parents sont également impliqués. D'ailleurs, la méthode "Fri For Mobberi" doit être élargie l'an prochain aux crèches de ce secteur. Elle fait partie des dispositifs que le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal souhaiterait voir élargi, pour la partie prévention.
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Sur la gestion des cas de harcèlement, quand ils arrivent, des procédés alternatifs à la sanction se développent également. Avec notamment la "méthode de préoccupation partagée", pour gérer les conflits à l'école primaire. Elle fait partie du programme Phare, déployé progressivement depuis deux ans par le gouvernement dans les établissements scolaires.
Là, l'objectif n'est pas de sanctionner les auteurs, explique Brigitte Cervoni, inspectrice de l'Éducation nationale : "On va mener des entretiens très courts, mais très réguliers et très rapprochés, avec l'intimidateur et les témoins. On va lui dire, je suis préoccupé par la situation de tel enfant, est-ce que tu as remarqué quelque chose." Souvent, l'enfant dit qu'il n'a rien fait, les enseignants lui demandent alors d'essayer de voir s'il remarque quelque chose avant un prochain entretien. "Dans 80% des cas, cette démarche permet de régler des situations de harcèlement", conclut-elle.
Comme dans la méthode danoise, pour que ça fonctionne, il faut que toute la communauté éducative soit impliquée, en lien avec les parents.
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