Quitter X, et après ? Pour certains utilisateurs, "sur Bluesky, il y a moins le buzz et ce n'est peut-être pas plus mal"
Les utilisateurs déserteurs du réseau X veulent signer leur désaccord avec la politique d'Elon Musk, impliquant des fake news et propos haineux sans restriction et sans modération. Comment les anciens addicts et les institutions font-ils pour décrocher ? Et où vont-ils ?
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Si beaucoup accusent la plateforme X (anciennement Twitter) d'être devenue une caisse de résonance des fausses informations et des contenus haineux, la question se pose pour tous les inscrits de rester et combattre, ou partir et reconstruire ailleurs.
Or depuis l'investiture du nouveau président américain Donald Trump, le mouvement de quitter X prend de l'ampleur. De nombreux utilisateurs avaient déjà fermé leur compte pour protester contre ce qu'est devenu le réseau depuis qu'Elon Musk en a pris la tête. Mais en ce moment, les "déserteurs" se multiplient depuis que le patron milliardaire est devenu le nouveau grand allié du sulfureux président.
Twitter est depuis longtemps une institution, et il est difficile de "décrocher" lorsqu'on y a creusé son trou depuis des années, qu'on y a construit patiemment son éventail de followers, une activité qui demande souvent une vraie astreinte au quotidien. "Moi je devais avoir presque un millier de followers, ça peut prendre une heure par jour, raconte David, un quadragénaire parisien.
Il a quitté X à la mi-janvier, après y avoir réduit sa présence, petit à petit. Pour lui, ça "a basculé avec l'arrivée d'Elon Musk, raconte-t-il. D'un seul coup j'avais dans mon fil des choses que je n'avais pas demandées. J'avais l'impression qu'on m'imposait des choses qui ne me plaisaient pas, et qui correspondent à une politisation de Twitter", affirme-t-il.
"Retrouver le plaisir d'échanger de façon intelligente"
Après avoir quitté le réseau d'Elon Musk, il a fait le choix de s’inscrire sur la nouvelle plateforme Bluesky, créée en 2019 par les anciens propriétaires de X, et devenue depuis une société indépendante. "Sur Bluesky, ce qui est bien, c'est qu'on n'est pas perdu, décrit David. On retrouve toutes les fonctionnalités de base de Twitter. C'est très rassurant et j'ai retrouvé avec bonheur le plaisir d'échanger avec des gens de façon intelligente sur un réseau."
Depuis l'élection de Donald Trump, Bluesky a triplé sa voilure, passant de 10 millions à 30 millions d'utilisateurs. Des nouveaux adeptes qui veulent changer d'air, comme Yves : "Je suis sur Twitter depuis 2012. Je me détache complètement intellectuellement de cette drogue", explique ce retraité de 68 ans. Il a quitté la plateforme X il y a un an et demi parce que : "C'est violent, c'est raciste", dénonce-t-il. "Bluesky a un côté peut-être plus chiant, mais c'est plus sérieux, raconte-t-il. C'est le début, il y a plein de gens qui arrivent donc on commence à discuter en direct un petit peu plus."
" C'est moins divertissant, il y a moins le buzz... C'est peut-être pas plus mal"
Yves, retraité, utilisateur de Blueskyà franceinfo
Moins de buzz, mais aussi moins de monde, ce qui a ses défauts, reconnaît Caroline, chercheuse en archéologie au CNRS à Toulouse : "Sur X, le climat était assez anxiogène, par contre j'ai un peu peur pour l'instant que sur Bluesky, je ne me retrouve qu'avec des gens choisis, et de moins pouvoir toucher des personnes que je ne connaîtrais pas. J'ai l'impression d'un repli, témoigne-t-elle, en regrettant ne plus pouvoir "partager ses informations sur ses résultats de recherche que dans une communauté restreinte".
La question de la diffusion des savoirs
Difficile pour l'heure, d'estimer le nombre de départs de X, même si on sait que le réseau social comptait 335 millions d'utilisateurs en 2024, soit 30 millions de moins qu'en 2022. Un total qui pourrait encore diminuer avec les récentes migrations vers Bluesky, par exemple.
Les anciens twittos ne sont pas les seuls à tourner le dos à X. Beaucoup de médias de premier plan ont aussi fait le choix de quitter le réseau social. Ouest-France, premier groupe français de presse quotidienne régionale, a par exemple quitté le réseau il y a deux mois, en disant "ne plus être en accord avec ses valeurs". Avec le recul, le journaliste François-Xavier Lefranc n'a aucun regret : "J'ai été très frappé par les réactions extrêmement nombreuses de retours positifs. Notamment de nos abonnés, avec qui visiblement on est en phase. Ça nous a encouragés et je pense qu'on a gagné en confiance", assure-t-il.
La perte de visibilité est extrêmement limitée et le gain de temps considérable, selon le président du directoire du journal. "On diffusait des articles qui généraient ensuite des messages d'insultes qui n'avaient strictement aucun intérêt, raconte-t-il. Quand on fait ça sur Facebook, on modère toutes les réactions", précise-t-il, là où sur Twitter le travail de modération était devenu impossible, selon lui, parce que le réseau était devenu hors de contrôle. "On s'est débarrassé de ça et ça libère du temps pour autre chose", résume-t-il.
Du temps libéré pour investir, notamment d'autres réseaux sociaux
Aujourd'hui, toutes ces jeunes pousses, comme Bluesky, Mastodon, ou encore Threads, le concurrent de X de la galaxie Meta et Facebook, aspirent à gagner du terrain. Mais pour leurs nouveaux utilisateurs, il reste beaucoup d'interrogations.
Yasmine Belkaid, la directrice générale de l'Institut Pasteur a fait le choix de définitivement quitter X il y a deux semaines, à l'image d'autres institutions comme l'APHP ou l'école Polytechnique. "Nous nous devons d'utiliser des plateformes de communication dans lesquelles nous avons confiance, explique-t-elle. Il faut absolument que nous soyons là, vigilants pour protéger la science. Donc il faut quand même qu'on reste très visible, même si d'autres plateformes ne sont pas tout à fait alignées avec nos valeurs, on va rester présent jusqu'au moment de non-retour parce qu'il faut qu'on maintienne une voix."
Une équation difficile à résoudre, à l'heure où Mark Zuckerberg a également décidé de supprimer son service de vérification de l'information sur Facebook et Instagram.
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