Narcissime, anxiété, harcèlement : ils ont quitté les réseaux sociaux et ils racontent pourquoi
Pour de nombreux Français, les réseaux sociaux permettent de partager, de s'informer, de garder le lien avec leurs proches. Mais pour certains internautes, ils sont aussi générateurs de stress, de violence et de dépression.
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Près de 60% des Français sont actifs sur Facebook, Twitter, Instagram ou encore YouTube. Au fil des années, les réseaux sociaux ont pris une place de plus en plus grande dans nos vies, et encore plus avec l'épidémie de Covid et ses mois de confinement. Échanger des messages avec ses proches, s'informer, se divertir : les internautes y voient de nombreux avantages. Mais certains ont fait le choix de s'en éloigner. Ils racontent pourquoi.
>> Snapchat, Instagram... Comment les réseaux sociaux sont-ils contrôlés et modérés ?
"J'avais un compte Instagram avec des photos narcissiques, surmaquillées, surexposées, ces photos auxquelles on ne ressemble jamais, raconte Lyudmila, 20 ans. On construit un mythe, une personnalité, un physique qu’on n’a pas dans la vraie vie. Je sentais bien que ce n’était pas une relation saine." Etudiante à Paris, elle a eu un déclic lorsqu'elle était en terminale. "On a eu un cours assez bref sur Jean-Paul Sartre, se souvient-elle. Je me rappellerai toute ma vie de ces quelques phrases : 'On est regardés par les autres à travers un trou de serrure'. J'ai commencé à appliquer cette réflexion aux réseaux sociaux. J’ai tout arrêté du jour au lendemain. Il a suffit de deux jours pour me dire que ça faisait du bien".
Je me suis rendue compte que les réseaux sociaux, c’était comme aller voir quelqu'un dans la rue et lui demander : 'Est-ce que tu peux me juger s’il te plait ?'
Lyudmilaà franceinfo
Se libérer du regard des autres, de la tyrannie de l'apparence, c'est ce qu'a également ressenti William quand il a fermé tous ses comptes sur les réseaux sociaux. Du jour au lendemain, il a dit adieu à ses 40 000 abonnés sur Instagram. "Pendant le deuxième confinement, je ressentais un peu d'anxiété, parfois de la dépression, raconte-t-il, soulagé de ne plus être coincé pendant des heures derrière ses écrans. Je passais mes journées sur Instagram à essayer de discuter avec des gens, à publier des photos et des stories. Il faut alimenter son compte pour que les gens viennent commenter, donc on met sans arrêt les mêmes stories de son chien, du paysage, etc.. On alimente, on alimente, mais avec des conneries".
Des stratégies pour éviter le cyberharcèlement
Pour certains, quitter définitivement les réseaux sociaux est une décision trop compliquée. "L'enrichissement sur certaines thématiques, notamment grâce aux scientifiques qui font de la vulgarisation magistralement sur Twitter, c’est quelque chose qui pourrait me manquer", explique Cécile Duflot. L'ancienne ministre du Logement a été violemment harcelée sur Internet.
Chers gens que j’aime bien sur Twitter et cher•e•s inconnu•e•s qui m’aimez bien, ce message pour vous dire que je vais m’en aller pour un temps. Depuis 3 ans un homme me harcèle par différents moyens. Il y a eu 3 procès, il est allé en prison. Il vient de rerererecommencer pic.twitter.com/D6VCmJFxVF
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) December 1, 2020
Elle avait alors décidé de quitter momentanément les réseaux sociaux. Mais celle qui est désormais présidente d'Oxfam France est depuis revenue sur Twitter, où elle est suivie par plus de 400 000 abonnés. Elle refuse de se priver de l'émulation intellectuelle de cette plateforme. "Je ne veux pas leur laisser cette victoire, alors j’ai développé tout un tas de stratégies. J’ai une liste de comptes bloqués avec plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de noms. J’essaie d’assainir mon environnement de réseau social."
Je n’ai pas envie de céder au terrorisme et à la violence de quelques uns
Cécile Duflotà franceinfo
Au-delà des témoignages personnels, de plus en plus de voix s'élèvent pour questionner la place prise par les réseaux sociaux dans nos démocraties. Ce fut le cas récemment avec la censure du compte Twitter de Donald Trump.
Certains s'interrogent alors sur l'omnipotence des plateformes. "Il y a deux façons de voir les choses, estime Romain Badouard, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université Paris 2. Soit on considère que les réseaux sociaux sont des espaces privés, des entreprises privées, qui fournissent des services à des consommateurs. Cela veut donc dire qu’elles ont le pouvoir de décider de comment on utilise leurs services et ce qu’on a le droit de dire ou pas. Mais on peut aussi considérer que ces plateformes ont pris une telle place aujourd’hui dans le débat public qu’on peut aussi exiger d’elles une forme de controle démocratique de leurs actions, notamment de leurs activités de modération et de régulation des contenus." De nombreux responsables politiques, de tous bords, militent d'ailleurs pour que les États légifèrent.
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