"Ils n’auront jamais notre pays" : en Ukraine, le nombre de résistants augmente dans les territoires occupés par les Russes
Ils échangent des renseignements, sabotent des véhicules militaires, cachent des armes... Depuis l'invasion en Ukraine, les réseaux sont plus structurés et même formés.
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En Crimée annexée par la Russie, l’Ukraine se félicite du nombre de résistants qui augmente ses dernières semaines, depuis que Kiev a intensifié ses frappes contre la péninsule. Ces mouvements de résistance ont aussi été observés dans les grandes villes, prises par les Russes au début de la guerre et libérées depuis. C'est le cas notamment à Kherson, dans le sud du pays. La ville de 280 000 habitants a vécu sous occupation pendant sept mois avant d’être libérée il y a un an, jour pour jour.
Parmi ces résistants qui ont risqué leur vie pour libérer leur ville, se trouvent Mykhaylo et Slavik. Les deux camarades sont patriotes et entre eux, c’est une histoire d’amitié et de résistance."C’est notre terre ! Ils peuvent prendre nos vies, mais ils n’auront jamais notre pays", lance le premier. Et Slavik d'ajouter : "C’est dans notre sang. Nous sommes des Cosaques."
Livrer des renseignements, cacher des armes
Pendant l’occupation russe les deux cosaques, âgés d'une soixantaine d'années, ont fait partie d’un réseau de résistants à Kherson. Leur mission : livrer des renseignements aux services ukrainiens, cacher des armes, et même organiser des attentats.
"C’est ici qu’était garée la Chevrolet bourrée d’explosifs", explique Mykhaylo depuis un petit parking, juste derrière sa maison. "On m’appelait d’un numéro inconnu, je devais l’amener à l’adresse indiquée. Il ne fallait surtout pas ouvrir le capot. C’est tout ce que j’avais à savoir." Avant la guerre, Mykhaylo et Slavik appartenaient à des organisations patriotiques ukrainiennes. Ils sont donc rapidement suspectés par les Russes. Et le 10 juin 2022, Slavik est arrêté par les occupants et envoyé en prison pour être interrogé.
"Chaque heure comptait double là-bas, chaque heure."
Slavikà franceinfo
"Des interrogatoires incessants, les premières semaines. Ils m’accrochaient des pinces électriques sur les petits doigts de la main et du pied. Et ils envoyaient le courant ! Quand je perdais conscience, il me jetait de l’eau. Une fois le corps mouillé, le courant était encore plus fort." Bien-sûr, Slavik sait que son ami Mykhaylo cache des armes. Mais il ne doit pas craquer. "Je n’étais pas sûr qu’il allait tenir, parce que les Russes savent torturer", confie-t-il.
Au même moment, Mykhaylo se cache "pendant un mois. J’ai dit à ma femme qu’elle pouvait s’enfuir, elle m’a dit 'non je vais rester avec toi jusqu’au bout'. Alors j’ai dit : 'voilà une grenade pour toi. Moi, je ne me rendrai pas vivant aux Russes'. J’étais prêt à mourir." Slavik ne parle pas, alors les Russes se lassent et le libèrent au bout d’un mois. "Quand ils l’ont relâché, il est tout de suite venu chez moi. Je pleurais, je riais", se souvient Mykhaylo. "Aujourd’hui, c’est un frère pour moi. Il a sauvé la vie de ma femme et la mienne". Sur les 3 000 résistants que comptait le réseau à Kherson, plusieurs dizaines ont été arrêtées. Certains ne sont jamais revenus.
D'autres réseaux dans les territoires occupés
À Kherson, les résistants ne sont plus actifs puisque la ville a été libérée. Mais un peu plus de 15% du territoire ukrainien est toujours occupé par la Russie. Et dans ces zones, d'autres réseaux de résistance opèrent en ce moment. De nombreux petits groupes qui, pour certains, existent depuis 2014 et le conflit dans le Donbass.
Mais ce qui a changé avec l’invasion de l’Ukraine par la Russe il y a un an et demi, c’est bien sûr l’ampleur du mouvement de résistance. Voilà pourquoi le gouvernement ukrainien a voulu le structurer. L’armée a même créé un Centre de résistance nationale. Parmi ses missions : former et aider les résistants à recueillir des informations en zone occupée, centraliser ces données, protéger les informateurs.
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Dans leur lutte contre l’occupant russe, les services de renseignements s’appuient sur de petits réseaux locaux mais également sur de puissantes organisations de résistance qui comptent des milliers de partisans.
Parmi eux, le réseau Srok – qui veut dire compte à rebours -, ou encore le réseau Atesh, (le feu, en langue tatar). Srok et Atesh rendent compte régulièrement de leurs activités sur des messageries cryptées avec, par exemple, la publication des données GPS d’emplacements stratégiques en zone occupée, comme des dépôts de munitions ou des bâtiments administratifs, mais aussi l'enlèvement de soldats russes, la révélation de l’identité de collaborateurs ou encore le sabotage de véhicules militaires. "On a des yeux et des oreilles partout", voilà comment le réseau Srok signe ses messages.
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