Fruits et légumes : face à la concurrence étrangère, les producteurs français arrivent à résister en misant sur la qualité
Depuis 2009, des fraises peuvent bénéficier d'un Label Rouge à condition de respecter un cahier des charges très précis. Cette montée de gamme permet aux producteurs français de mieux faire face à la concurrence étrangère, mais ils font figure d'exception dans le monde des fruits et légumes.
La fraise française résiste bien aux concurrents étrangers. Les premières arrivent sur les étals des maraîchers et des supermarchés. Les Français en consomment 120 000 tonnes chaque année. La moitié est importée, majoritairement d’Espagne. Pourtant, les producteurs français reprennent des parts de marché en misant sur la qualité, comme dans le Lot-et-Garonne, premier département producteur, notamment grâce à la fraise Label Rouge.
Près de Damazan, à l'ouest d'Agen, la température tourne autour de 20 degrés sous une vaste serre de trois hectares. C'est la température idéale pour faire rougir les fraises par milliers, neuf mois de l'année. "L'horticulture est protégée des aléas climatiques, il n'y a pas de limaces, donc la serre correspond tout à fait à une protection et une pérennisation de la culture de la fraise", indique la productrice Sylvie Delaurier-Zanuttigh.
Elle est fière de cueillir les premières gariguettes. D'un côté, il y a les fraises standards, et de l'autre, il y a les Label Rouge qui sont des fraises soigneusement sélectionnées. "Le Label Rouge, c'est vraiment de la haute couture, la fraise est à son top de maturation, elle est vraiment belle".
"Avec la fraise standard, on est plus dans du prêt-à-porter".
Sylvie Delaurier-Zanuttigh, productrice dans le Lot-et-Garonneà franceinfo
Cette qualité de la fraise Label Rouge est le résultat d'un cahier des charges exigeant imposé par l’Institut national de l’origine et de la qualité. Il comporte 40 critères comme celui de la fraîcheur. Les barquettes doivent être expédiées en 36 heures entre la cueillette et l’arrivée sur les étals car la fraise est composée à 90% d’eau. Plus on est proche de la récolte, meilleur est le fruit, explique la cheffe patissière Noëmie Honiat désignée amabassadrice de la fraise Label Rouge cette année.
"Ce qu'elle a de plus, c'est sa sucrosité, souligne-t-elle. Je la compare beaucoup à un petit bonbon. Et surtout la texture, on a une belle fermeté. C'est rangé soigneusement, c'est respecté, ce n'est pas juste déposé comme ci, comme ça dans une barquette, ce qui fait qu'elle va mieux se tenir. Et quand elle arrive chez nous, on a donc un produit de haute qualité".
Les importations de fraises espagnoles en baisse
En 2024, 550 tonnes de fraises Label Rouge ont été produites, c'est 50 fois plus qu’en 2009, première année du label. Toute la filière en bénéficie, ce qui permet de faire baisser les importations de fraises espagnoles. Elles ont baissé de 40% depuis dix ans, selon FranceAgriMer.
Pour Félix Pizon, directeur de l’association des fruits et légumes du Lot-et-Garonne, l'objectif est rempli : "À la fin des années 1990, dans le département, on faisait 25 000 tonnes de fraises et c'est à ce moment-là que les fraises espagnoles sont arrivées sur le marché. Les prix n'étaient plus du tout au rendez-vous pour nos producteurs, ils n'arrivaient plus du tout à vivre de leur métier. Et c'est en se démarquant par la qualité qu'on a réussi à aller chercher cette valeur ajoutée pour le producteur qui arrive à vivre de son métier". Aujourd’hui, les 300 producteurs du Lot-et-Garonne génèrent chaque année 75 millions d’euros de chiffre d’affaires, toutes fraises confondues, ce qui fait vivre 3 500 personnes.
La tendance est à la hausse pour les importations de fruits
Malgré tout, la fraise ne doit pas cacher la réalité. La France importe beaucoup de fruits. Les importations ont augmenté de 25% en 20 ans alors que les exportations françaises de fruits ont diminué de moitié. Le solde est donc négatif et le déficit se creuse pour les fruits frais tempérés qu'on peut produire en métropole, notamment dans le sud, selon les données de FranceAgriMer.
On importe de plus en plus d'abricots et de pêches d'Espagne, de melons, de framboises et de myrtilles du Maroc, ce qui fait perdre des parts de marché aux producteurs français. C'est vrai aussi pour les pommes dont les exportations ont chuté de 60% depuis 2003. Quant aux fruits tropicaux et agrumes, notre climat ne permet pas leur production et cela nous contraint à les importer. C'est le cas du fruit plus consommé en France : la banane. La production antillaise est insuffisante, on se fournit en Côte d'Ivoire, en Colombie ou en Equateur.
Légumes : les néonicotinoïdes au cœur du problème selon des producteurs français
Pour les légumes, c'est moins marqué. En 20 ans, les importations de légumes frais ont augmenté de 30% mais les exportations sont aussi en hausse de 26%. Le solde est donc légérement négatif. Depuis l'Espagne, on importe des laitues mais aussi des légumes d'été comme les poivrons, les aubergines. Quant aux tomates, elles viennent à 76% du Maroc. Le Nord prend également des parts de marché à nos producteurs français puisqu'on importe des carottes, des navets et des oignons depuis les Pays-Bas et la Belgique.
Les coûts du travail moins élevés au Maroc et en Espagne expliquent en partie cette situation. Mais en général, les agriculteurs français se plaignent de ne pas pouvoir se battre avec les mêmes armes. Et ils pensent particulièrement aux néonicotinoïdes, ces pesticides dits "tueurs d'abeilles".
Tous sont interdits en France depuis la loi biodiversité de 2016 mais l'Europe en autorise encore un : l'acétamipride, qui permet donc aux producteurs européens, qu'ils soient espagnols, italiens ou allemands, de mieux lutter contre des insectes ravageurs qui font beaucoup de dégâts sur les productions en France. C'est pourquoi les filières de fruits et légumes soutiennent une proposition de loi qui réautorise, sous conditions, cette molécule. Le texte a été adopté au Sénat et il est en attente à l'Assemblée nationale.
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