Covid-19 : comment la France arrive encore à emprunter, malgré une dette publique qui s'est envolée
Avec la crise sanitaire, la dette publique s’envole et tutoie les 120% du produit intérieur brut. Qui remboursera ? Est-ce si grave ? Non, répondent les grands argentiers de Bercy où franceinfo s’est rendu. Du moins pour le moment.
La dette publique française s'envole pour atteindre aujourd'hui 120% du produit intérieur brut. La faute à la crise sanitaire du Covid-19 : il faut bien financer l’économie, sous perfusion depuis des mois. Est-ce bien grave, cependant ?
Poussons la porte d’un lieu ultra-secret, au 9e étage du bâtiment Colbert à Bercy, au ministère de l'Économie et des Finances. C’est là que se trouve la salle des marchés de l’Agence France Trésor, qui emprunte de l’argent pour l’État français. Un homme et une femme sont installés devant six écrans d’ordinateurs chacun.
En dix minutes, 5,6 milliards d'euros changent de main
"Nous avons 22 270 millions d’euros dans la grille et nous allons sélectionner les meilleures offres pour pouvoir satisfaire nos besoins qui se montent au maximum à 5,6 milliards d'euros", explique l’opérateur.
De grandes banques françaises et étrangères vont faire leurs offres, de manière anonyme, pour acheter cette dette. L’opération dure dix minutes au total, pas une de plus. Dix minutes pour adjuger 5,6 milliards d'euros de titres d'État français à court terme, sans aucune difficulté. L’État français n'a aucun mal à trouver des investisseurs qui veuillent bien lui prêter de l’argent. Les bons du trésor s'arrachent, parce qu'ils sont considérés comme sûrs, faciles à échanger. Au point que la France emprunte à des taux d’intérêt négatifs à court terme : -0,64%. Cela signifie que pour 100 euros prêtés aujourd’hui, ne seront à rembourser que 99,36 euros.
"Quand vous êtes un particulier et que vous avez des valeurs, vous les mettez dans un coffre-fort à la banque en sécurité, explique le directeur général de l'Agence France Trésor, Anthony Requin. Mais le coffre-fort, ça se loue ! C'est un peu la même chose ici…"
Pour pouvoir disposer de leurs actifs et être prêts à le réinvestir ailleurs et le cas échéant, dans un an, on a des gens qui sont prêts à payer un petit loyer qui est le coût de la sécurité et du coffre-fort.
Anthony Requinà franceinfo
La dette publique française atteint 2 600 milliards d’euros. Ces chiffres sont vertigineux : la dette publique française est passé en 20 ans de 60% de la richesse nationale produite, le fameux PIB, à plus de 120% aujourd'hui. En somme, pour un euro financé par l'impôt, un euro est emprunté sur les marchés. Du jamais vu.
Mais ce n'est pas grave. Dans l'immédiat, en tout cas, assurent l'ensemble des économistes, parce que tous les pays adoptent la même stratégie en ce moment, crise oblige. Ce n'est donc pas un problème, à condition que cela ne dure pas trop longtemps, met en garde Agnès Bénassy-Queré, chef économiste au Trésor, qui conseille le gouvernement.
Attention à la sortie de crise
"Il est normal dans une crise historique d'emprunter pour soutenir les revenus des entreprises, des ménages et ainsi limiter les dégâts de la crise, indique-t-elle. Cet argent, d'une certaine manière, est bien placé comme une entreprise qui emprunterait pour investir. Là, elle investit dans la préservation du tissu productif, qui est probablement en pleine crise, le meilleur investissement qu'il est possible de faire maintenant." "En sortie de crise, il va bien falloir que le niveau de dette se stabilise, prévient l’économiste. Les taux d'intérêt sont déterminés par les marchés en fonction de la confiance qu'ils font. Si on commence à affoler les marchés, les marchés vont demander un taux d'intérêt plus élevé pour compenser le risque qu'ils prendront. À ce moment-là, la dette deviendra véritablement insoutenable..."
Et pour ne pas en arriver là, le pari du gouvernement c'est de miser sur la croissance, espérer que cette dette permettra de relancer l'économie et donc de créer à nouveau de la richesse qui permettra de rembourser la dette avant qu'elle ne retombe sur nos enfants. C'est avant tout une question de confiance, selon l'exécutif. Alors pour maintenir ces taux historiquement bas, pas question de laisser s'installer l'idée qu'on pourrait, comme le demandent certains, ne pas rembourser cette dette ou la laisser filer.
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