"Cette production peut mettre un clou dans son cercueil" : avec "Assasin's Creed Shadows", Ubisoft joue à quitte ou double

Best-seller du géant français du jeu vidéo Ubisoft, ce nouvel opus de la licence "Assassin's Creed" sort jeudi et doit pouvoir relancer un groupe qui se porte mal, au sein d'un secteur particulièrement compétitif.

Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Visuel du jeu Assassin’s Creed Shadows sorti ce jeudi 20 mars, avec les deux personnages du jeu : Yasuké à gauche et Naoé à droite. (UBISOFT / ASSASSINS'S CREED SHADOWS)
Visuel du jeu Assassin’s Creed Shadows sorti ce jeudi 20 mars, avec les deux personnages du jeu : Yasuké à gauche et Naoé à droite. (UBISOFT / ASSASSINS'S CREED SHADOWS)

C'est une silhouette connue de tous. Encapuchonné, agile, il se faufile pour assassiner les tyrans et faire justice dans l'ombre. On l'a par ailleurs aperçu sur les toits de Paris à été 2024 pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, sauter de toit en toit : Assassin's Creed, principale licence du géant français des jeux vidéo : Ubisoft. Shadows, son 14e épisode, sort jeudi 20 mars, après avoir été conçu dans les studios canadiens du groupe. En 2025, l'éditeur joue gros.

"Partout, sur tous les bus, il y a des spots TV en images de synthèse. C'est vraiment des éléments qui prennent beaucoup de sous", remarque Mohammed Aigoin, journaliste chez Jeux Video Magazine,  commantant l'ampleur de la campagne de communication pour la sortie du jeu. Impossible en effet de passer à côté. Comme pour une grosse production américaine, les bandes-annonces et les affiches rouges d'Assassin's Creed Shadows sont partout, et nous plongent dans l'univers du Japon féodal.

Pour le journaliste, Shadows est un "Triple A", c'est un investissement colossal de la part d'Ubisoft. "Il y a énormément de personnes qui y travaillent, et beaucoup de moyens techniques qui sont mis en place. On a de la motion capture notamment, c'est-à-dire des éléments qui coûtent de l'argent. C'est sûr qu'on peut monter assez vite dans les 300, voire même les 400 millions d'euros", ajoute Mohammed Aigoin. Un opus qui s'annonce donc comme un blockbuster, et qui a mis plus de cinq ans pour être produit.

Un besoin de réussite vital

Ubisoft attend toutefois le retour sur investissement, et avec inquiétude. Le groupe français qui emploie plus de 18 000 personnes dans le monde ne se porte pas vraiment bien depuis quelques années. Ses derniers jeux n'ont pas fonctionné, et son cours en bourse a dévissé, perdant près de 40% de sa valeur en un an. La sortie de Shadows, c'est donc quitte ou double pour le groupe. "C'est une production qui peut soit mettre un clou dans le cercueil d'Ubisoft, soit les sauver, ou du moins leur apporter un peu de répit, un peu d'air", analyse ce spécialiste.

Le groupe souffre par ailleurs d'une tendance générale dans le secteur du jeu vidéo. Mohammed Aigoin note une augmentation exponentielle des budgets alloués pour sortir un jeu dans tout le secteur du jeu vidéo. Contacté par franceinfo, le groupe n’a pas souhaité communiquer ses objectifs. On sait toutefois qu'en moyenne un jeu Assassin's Creed réussi se vend autour des 10 millions d’exemplaires à travers le monde, au prix de 65 euros environ l'unité.

Un public toujours fidèle

Fort d'une communauté de fans fidèles depuis des années à la franchise, le groupe peut s'appuyer sur une poignée de gamers et d'influenceurs qui ont participé à la campagne de communication en testant en avant-première le jeu. Comme Guillaume, 39 ans, que l'on retrouve chez lui en région parisienne, manettes en main : "On progresse du coup dans un open world qui représente le Japon féodal" explique le fondateur du blog "Startandplay.fr", qui y joue tous les soirs depuis trois semaines en rentrant du travail. "En 28 heures, j'ai terminé l'histoire principale et on va dire que j'ai fait entre 50 à 75% des histoires secondaires, donc j'ai encore de quoi m'amuser", s'enthousiasme le joueur, convaincu.

Guillaume et tous les gamers et fans du jeu ont dû attendre cinq ans pour replonger dans l'univers Assassin's Creed. Reportée à deux reprises, la sortie s'était faite attendre, laissant plus de temps aux développeurs canadiens pour gommer les défauts.

"Le jeu fonctionne parfaitement bien en l'état, et on sent vraiment qu'ils se sont appliqués. Ils ont écouté les retours des joueurs, et ça c'est bien. Notamment sur des bugs, notamment sur un manque de soin dans l'écriture".

Guillaume, joueur de 39 ans

franceinfo

"Mieux qu'un cours d'histoire au lycée"

La force de la licence, c'est d'arriver à immerger le joueur dans un univers particulier avec un sens du détail et une sensibilité fine. À travers ses différents opus, Assassins's Creed a su faire voyager les joueurs dans différentes époques historiques comme les Croisades ou la Révolution française. Cette fois-ci, c'est donc le Japon féodal, avec deux personnages principaux : Naoé, une ninja, combattante, cachée sous une cape et silhouette fidèle à Assassin's Creed, et Yasuké, un samouraï africain.

"J'ai appris plein de choses, moi qui ne connaissais rien à la culture féodale et à la culture japonaise, c'est top. En plus de jouer, on apprend. C'est vraiment ce que j'apprécie dans la saga".

Guillaume, joueur de 39 ans

franceinfo

Un "cours d'histoire" selon Guillaume, qui n'a pas plu à tout le monde, et notamment à certains membres de l'extrême droite américaine, qui ont attaqué le jeu sur les réseaux sociaux pour le choix du personnage de Yasuké. Le choix d'un samouraï africain, une décision jugée "wokiste" de la part d'Ubisoft, selon eux. Pourtant Yasuké a bel et bien existé lors de cette période féodale japonaise.

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